Le CA ne sait que défendre ou attaquer. Or, s'il progresse dans la possession-circulation, dans la temporisation, alors tous les espoirs lui sont permis. En partant d'un a priori positif eu égard aux récents résultats, quoiqu'il ne faille pas s'emballer outre mesure, l'optimisme pourrait s'ancrer durablement au Parc A, pour peu que les indicateurs restent au vert. En clair, tant que les victoires suivront, tout ira bien. Un exécutif flambant neuf, une réussite salutaire avec deux précieux succès de rang alignés. Et un plateau technique qui commence à mieux maîtriser son entourage et son sujet. C'est de bon augure. Cependant, on sait aussi que le groupe en question est perfectible mais pas embryonnaire. D'où la nécessité de gérer tout en ménageant ce qui doit l'être, sans offusquer, sans broyer, ni même «achever» certains talents caractériels, parfois susceptibles et pas souvent en phase avec le discours tenu. Il n'est bien entendu pas question de «brûler un cierge» en espérant une adhésion totale aux consignes et aux choix. Mais de doser et interagir sans donner l'impression de mettre en quarantaine tel ou tel, voire carrément écarter un élément sans l'impliquer réellement (le garder sur le qui-vive et compter sur lui à l'avenir). Tout est question de communication et de relationnel. A ce titre, Kaïs Yaâkoubi s'active à doter l'équipe d'une griffe et d'un cachet sans pour autant lasser, peser, ni encore user. Il soumet quotidiennement les siens à ce régime particulier depuis sa prise de fonction. Le CA a même été l'un des premiers cette saison à reprendre le collier des préparatifs. Et force est de constater que ça commence vraisemblablement à payer. Cela semble anecdotique. Une dimension essentielle En cas de mauvaise passe, on demandera à voir et à comprendre. Car dans le jeu, il manque toujours au CA une dimension essentielle de la maîtrise collective: la possession-circulation lors des temps faibles. Celle qui fait la force des grandes équipes. Le CA a fait récemment des progrès intéressants, mais pourtant passés inaperçus dans ce secteur de jeu crucial. C'était contre la Zliza en deuxième partie de seconde mi-temps : après son début de match hésitant, le CA a tenté de gérer un gros temps faible en faisant tourner au milieu, ce qu'il ne savait pas trop faire auparavant. Avant, il ne faisait que défendre ou attaquer... Or, si le club de Bab Jedid continue de progresser dans la possession-circulation, dans la temporisation avec le ballon, alors tous les espoirs lui sont permis. Pour être bien concret sur le sujet, rappelez-vous le CA du match de Coupe (demi-finale) face à l'ASM. Ce onze-là a su tout au long des prolongations neutraliser un adversaire qui lui était auparavant supérieur (jusqu'au temps réglementaire) grâce à une possession intelligente. C'est dire combien l'équipe de la saison sortante ne possédait pas encore cette faculté à garder le ballon au milieu afin d'éviter de défendre trop bas, mais aussi de préparer les temps forts à venir. Un chantier défensif Autre point noir : le Club Africain défend mal. Ou du moins ne défend pas très bien. On objectera qu'inspiré de la «doctrine Krol», l'essentiel est de marquer un but de plus que l'adversaire et que les buts encaissés sur contre-attaques sont la conséquence logique de grosses prises de risque offensives. Pas faux... Mais il se trouve que le CA a encaissé le même but contre l'ASG et l'Espérance en finale de la Coupe de Tunisie, soit une attaque placée et non pas un contre ! Si on ajoute quelques actions dangereuses subies à domicile la saison passée, on constate que l'arrière-garde, mal disposée et avec des rôles au marquage mal définis, se fait souvent perturber à 4 ou 5 défenseurs contre 2 ou 3 attaquants adverses ! Récemment et même depuis quelque temps (sur les quatre dernières sorties officielles en Coupe et en Ligue 1), un bon Farouk Ben Mustapha a sauvé la mise plus souvent qu'on ne le pense ! A ce titre, les différentes expérimentations ont retardé le chantier défensif. Parfois c'est Khlil qui est dans l'axe. Puis on revient au tandem Tka-Ifa en passant par l'association Ifa-Fakhri Jaziri (blessure musculaire pour ce dernier actuellement). Certes, le flanc droit semble avoir trouvé preneur avec Belkhiter. Mais ce n'est pas encore le cas dans l'axe. Pas de places d'accessit sans une bonne défense. C'est le fondamental pour se projeter vers l'avant. Si l'on joue plus le rôle du chasseur plutôt que celui du chassé, on s'expose en retour. D'où l'impératif de réussir à faire la soudure entre les blocs défensif et offensif. Car cette équipe-là était parfois comme coupée en deux avec un grand vide créatif au milieu du fait du positionnement trop haut de Chenihi (ce que Yaâkoubi lui a ouvertement reproché lors du derby) et du fait que Ben Yahia limite son champ d'action au niveau du rond central, en se projetant moins dans les 30 mètres adverses et en ne recherchant pas automatiquement la profondeur (toujours face à l'Espérance). Des chantiers en instance auxquels devra forcément s'attaquer le staff technique séance tenante.