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Un si beau parcours
FATMA BEN BECHER
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 09 - 2016

Fatma Ben Becher est de ces personnages incontournables du monde des arts, connaissant tous ses protagonistes, les ayant tous soutenus à un moment ou un autre, n'hésitant jamais à s'engager et toujours au cœur de l'actualité.
Elle sait déplacer des montagnes avec l'élégance de la discrétion qui la caractérise. Longtemps au cœur de la vie culturelle sous différentes casquettes, elle continue d'entretenir ses réseaux, ou plutôt ce sont ses réseaux qui l'entretiennent : c'est à elle que l'on demande un conseil, une information, une recommandation, une intervention. Toujours sur la brèche, elle répond présent à tous, pourvu que ce soit pour la bonne cause de la culture. Fatma Ben Becher est de ces personnages incontournables du monde des arts, connaissant tous ses protagonistes, les ayant tous soutenus à un moment ou un autre, n'hésitant jamais à s'engager et toujours au cœur de l'actualité
Rien, pourtant, ne semblait disposer cette jeune fille de bonne famille, à une époque encore très conservatrice, à mener carrière. Issue d'une famille de lettrés, elle avait tout de même rêvé de faire Sciences Po à Paris une fois son baccalauréat en poche. Et elle commença en fait à en suivre les cours, soutenue par un père progressiste et convaincu que les filles aussi bien que les garçons devaient poursuivre leurs études. Pour nous replonger dans le contexte, nous étions tout de même dans les années précédant l'Indépendance, et c'était tout à fait révolutionnaire. Aussi ne fut-il pas étonnant de voir Fatma Ben Becher revenir à Tunis, et, comme toutes les jeunes filles de son entourage à ce moment-là, se marier.
«Mon époux était un propriétaire terrien avec qui j'ai mené une vie très heureuse. Mais j'aimais sortir, aller au cinéma, au théâtre, tout cela me manquait. La dernière chose que j'avais envisagée dans mes projets d'avenir était de vivre à la campagne, une campagne fort belle au demeurant, mais fort calme aussi. Nous recevions beaucoup, mais cela ne me suffisait pas. J'ai donc proposé à mon époux de reprendre mes études. Il trouva l'idée excellente, et après quatorze ans d'interruption, je m'inscrivis en licence de sociologie. J'ai eu les meilleurs professeurs, Paul Sebbag, Jean Duvignaud, Abdelwahab Bouhdiba. La faculté des lettres recevait également des professeurs invités comme Jacques Berque. Nous avons eu la chance d'avoir pour maîtres l'élite de la sociologie de l'époque».
Parce qu'elle vivait à la campagne, elle travailla beaucoup sur la femme rurale, ses rituels domestiques et festifs, ses traditions culinaires et artisanales, ses comptines, son habitat, son costume. Toutes ces recherches qu'elle n'a jamais publiées le seront prochainement, préservant une mémoire en perdition.
Puis ce fut le temps des collectivisations, et il fallut quitter les terres de la famille. Et, pour Fatma Ben Becher, envisager de travailler, ce qui était, à cette époque et dans son environnement, totalement incongru.
«Un ami qui dirigeait alors la télévision me demanda de monter une émission féminine. Je n'avais aucune idée de ce qu'il fallait faire, et par quel bout commencer, mais cela se passa très bien, et grâce au soutien d'une équipe formidable, nous avons fait de très bonnes émissions dont je me demande souvent si on a gardé trace dans les archives».
Après s'être un temps consacré à l'enseignement, on lui proposa de l'inscrire sur une liste électorale pour les élections municipales. Elle accepta, sans vraiment savoir ce à quoi elle s'engageait. Elle fut élue conseillère municipale, et dix ans durant, cooptée par ses pairs, prit en charge l'action culturelle de la municipalité de Tunis. «Cela a été passionnant. J'ai travaillé durant trois mandats, et tous les gens avec qui j'ai collaboré continuent de m'écrire ou de venir me voir. Ce dont je suis le plus fière aujourd'hui, c'est d'avoir instauré un statut pour les acteurs de la Troupe de la Ville de Tunis qui étaient dans la précarité.
C'est également d'avoir établi des échanges réguliers et continus entre la ville de Tunis et celle de Paris à travers une association : cela nous a permis d'instaurer la tradition d'exposition des artistes de Montmartre, d'envoyer nos artistes à la Cité des Arts de Paris, de faire participer nos troupes théâtrales au Festival d'Avignon.
C'est également d'avoir organisé un cycle régulier des galas Karsenty Herbert, mais surtout d'avoir fait travailler nos décorateurs sur ces pièces importées qui avaient pour coutume, fort coûteuse pour nous, d'amener leurs propres décors.
C'est encore d'avoir réussi à travailler avec l'Egypte, quand bien même nos relations politiques n'étaient pas au beau fixe, et d'avoir introduit dans nos programmes plusieurs pièces égyptiennes».
Fatma Ben Becher ne dit pas qu'elle était également au cœur de la petite équipe, passionnée et convaincue, qui monta le festival de la médina. Sous l'impulsion de Mokhtar Rassaâ, dont elle fut le vis-à-vis au sein de la municipalité, on monta ce festival qui avait pour vocation de faire condnaître les hauts lieux de la médina en les ouvrant au public le temps d'un concert, d'un spectacle, d'une rencontre. Très vite, le festival connut un grand succès, dépassant toutes les prévisions, et, depuis, ne cesse de se développer, annexant de nouveaux lieux.
Elle ne raconte pas non plus, si on ne la pousse pas dans ses retranchements, l'aventure d'Ecume, association d'échanges culturels en méditerranée, née à son initiative :
«Un ami qui dirigeait à l'époque le conservatoire de Marseille m'a demandé de collaborer à un événement qu'il organisait. J'ai demandé à un jeune et brillant étudiant en musicologie à Paris, un certain Mohamed Zinelabidine, de venir faire une communication. Il devait parler un quart d'heure des différences entre le luth oriental et le luth occidental. Cela a duré une heure et demie. Nous avons alors décidé de pérenniser ces formes d'échanges entre cités de la méditerranée, mais pas seulement puisque, outre Essaouira, Thessalonique, Séville, Gênes, Marseille, nous avons inclus le Portugal et la Jordanie. Il s'agissait de monter des spectacles, des concerts ou des masterclass entre artistes tunisiens et autres, en Tunisie ou ailleurs. Des artistes comme Sonia Mbarek y ont souvent participé. Depuis la révolution, certains pays ne sont plus aussi disponibles, et nous travaillons surtout avec la Méditerranée nord».
Fatma Ben Becher ne s'est pas contenté de s'impliquer aussi activement dans la vie culturelle, elle a voulu également recueillir une mémoire, laisser trace. C'est ainsi qu'on lui doit plusieurs ouvrages sur les traditions tunisoises, sur l'histoire du costume masculin, sur la ville de Tunis puisqu'elle a signé un livre sur le Théâtre, et un autre sur l'avenue Bourguiba.
Aujourd'hui, elle poursuit un nouveau rêve : voir la maison familiale, le superbe palais Djellouli de la rue du Riche aux magnifiques collections de selles, de montres, de décorations, à la fabuleuse bibliothèque, transformée en musée, et ouverte au public. Un rêve que nous lui souhaitons voir réalisé.


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