Bloc défensif complémentaire, présence athlétique conjuguée à la valeur technique, c'est pas évident à mettre en place, à harmoniser sans la présence de véritables sentinelles de métier. Une question récurrente revient avec insistance ces derniers temps en rapport avec l'animation du jeu clubiste. Au cœur du projet, le losange serait le système choisi, que ce soit en situation de domination ou de retour au charbon. Sur ce, s'il est présumé facile sur un tableau de disposer des pions, sur le terrain une logique d'articulation doit s'opérer, sans quoi votre axe sera facile à transpercer (le cas du CA). Dans cette optique, le rôle des sentinelles est primordial. Le n°6 constitue la soupape de transmission, l'agent de liaison, à l'instar de Khlil et Ouedhrefi. O.K. Mais c'est quoi un bon 6 ? Traditionnellement, le teneur de l'axe défensif avait une tâche simple, rendre les 90 minutes du n°10 adverse compliquées à base de tirage de maillot, marquages stricts et autres duels aériens. Au CA, depuis le départ de Belkaroui, le rôle en question et les tâches ont évolué, transformant totalement (par ricochet) la palette technique dévolue au milieu défensif. Car ce sont les qualités des joueurs qui dictent la configuration du jeu et non le système qui fait l'animation. Les mouvements quelque peu prévisibles du tandem Ifa-Tka sont là pour confirmer cette tendance. D'où une certaine évolution du pivot, garant d'une certaine sécurité axiale. Il est désormais le garant du jeu, de l'animation, puisque premier joueur à orienter et à donner le tempo. Depuis quelque temps, le milieu défensif n'est plus seul, souvent doublé, parfois triplé avec ses copains relayeurs (Ghazi Ayadi, Chenihi et même Ghandri). Ce faisant, ce qui nous intéresse aujourd'hui, c'est cette option avec deux défensifs comme dans un 4-4-2 ou un 4-5-1, pourvu d'un ou de deux relayeurs et une ligne de quatre plate, figée ou avancée en défense. Outre le choix des joueurs et des associations, dans une action défensive, la clef résidera dans le positionnement des deux pivots et leur coordination de mouvement. Dans le positionnement en question, l'idéal est bien entendu de garder une distance particulière qui permette de quadriller au maximum la zone à couvrir. Sauf que dans les faits, c'est bien plus compliqué et cela tiendra du fait de jeu et à la bonne communication entre les joueurs (point de repère). Mettre des intelligences en mouvement Toujours volet dispositif à deux sentinelles, plus haut, ce plan exige d'avoir des joueurs offensifs footballistiquement intelligents et affûtés. Affûtés car ce sont eux qui vont sans aucun doute le plus courir car impliqués sur chaque action, notamment sur chaque pressing (Khelifa, Chenihi et Srarfi). Intelligents dans les phases offensives, car la prise d'information sera primordiale. C'est l'abc du football. Et, en seniors, le staff technique n'est pas là pour revenir à la formation de base mais pour mettre des intelligences en mouvement. Les joueurs de champ doivent en permanence savoir avant de recevoir où se trouvent les solutions, comment vont se déplacer leurs coéquipiers, où se situe leur adversaire direct, et comment ils vont quadriller les zones de jeu. En clair, le choix qu'ils vont faire une fois le ballon reçu prédisposera du reste de l'action et du tempo de celle-ci. Qu'ils soient de face ou de dos, ils devront s'organiser pour trouver un appui (arrière) pour se dégager de face ou de profil, ou bien encore latéralement avec l'autre pivot de service. Face au jeu, le milieu défensif devra choisir de l'orientation qu'il veut donner. L'idéal étant de toucher des joueurs en mouvement dans les pieds et bien entendu dans les interlignes, comme tente de le faire tant bien que mal le jeune Khlil. L'idéal est de pouvoir jouer de sorte que la logique défensive adverse ne tienne plus. Bien entendu, la qualité technique de contrôle et de passe des joueurs doit être importante. C'est ce qui déterminera la vitesse de lancement des actions et donc la qualité à déstabiliser l'adversaire. Plus la première passe sera retardée et plus l'adversaire aura le temps de se replacer (noté face à l'ASM en demi-finale de la Coupe de Tunisie). Conséquence de ce retard à l'allumage, l'adversaire se replace et vous ne pouvez plus proposer de solution libre. Le poste de milieu défensif a grandement évolué au point de révolutionner les schémas de jeu, les animations défensives et offensives. Quand on voit la débauche d'un certain Châalali à l'EST ou Franck Kom à l'Etoile, voire Fabrice Onana au Stade Gabésien, on apprécie le fait que le porteur d'eau est devenu le véritable homme d'animation. Sa principale qualité sera sa vision du jeu et sa capacité à prendre les informations en avance et à correctement les traiter. Sans deux bons milieux défensifs, le CA demeure sans animation et s'exposera de facto aux assauts adverses.