De Bab El Khadhra à Bab Souika en passant par Bab Saâdoun... «Farfat», ça ne vous dit rien ? Bien sûr que si... Sachant que ce créateur exceptionnel des années 70 n'avait pas son égal au milieu de terrain de l'Espérance de Tunis. De l'Union Maghrébine au doyen des clubs tunisiens, Taoufik Laâbidi cumulait les rôles: porteur d'eau, milieu relayeur et rampe de lancement des amorces offensives. Il nous en parle comme si c'était hier: «On m'a surnommé Farfat, vu que j'étais assez vif et friand de ballons. Tel un feu follet, quoi. J'aimais partir dans des slaloms déroutants et des dribbles chaloupés. C'est ça le football et ça doit toujours l'être. Les enchaînements contrôle-passe, trop peu pour moi, merci. Mes débuts du côté de Bab Saâdoun furent une sorte de révélation pour moi. Je suis devenu féru, mordu jusqu'à la moelle de foot-passion. Je comptais des coéquipiers valeureux tels que Abdelmajid Ben Mrad, Ali Rtima, Abdelmajid Jelassi, et j'en oublie sûrement. Vous savez, je jouais au football en catimini car mon père estimait que mon éducation scolaire passait en premier. Nous habitions Bab El Khadhra, et, d'ailleurs, mes géniteurs n'ont pris connaissance de mon intérêt pour le football qu'après avoir opté pour l'Espérance dans les années 1970. Aussi insolite que cela puisse paraître, j'étais aussi signataire au profit de l'USMA. Grâce à ce club, j'ai fait partie de toutes les sections des jeunes de l'équipe nationale. Puis en 1970, alors que nous nous trouvions en Italie pour un tournoi d'envergure, Abderrahmane Ben Ezzeddine, sélectionneur junior, m'a pris sous son aile et j'ai consacré le reste de ma carrière au club de Bab Souika. J'ai bénéficié d'un cursus de qualité, encadré par les Mokhtar Ben Nacef, Rado, Hmida Dhib, Ben Ezzeddine, Nachi, Belfoul, Bobek, Hammi, etc.» L'empereur du football, Temime, l'inimitable Tahar Boy et l'inégalable Diwa «Le fait marquant le plus important de ma carrière aura été ce match d'adieu lors de la finale de la Coupe de Tunisie 1976. Vu que j'ai perdu trois apothéoses en 1969, 1971 et cette fameuse année 1976, j'étais inconsolable car nous avions été lésés par l'arbitre autrichien du match. Je me rappelle l'action comme si c'était hier. Je décoche une frappe piquée qui surprend Attouga. Lobé, ce dernier, malin et avec à ses côtés Ghommidh qui fait écran, sort le ballon de derrière les fagots, derrière la ligne de but. L' arbitre n'y voit que du feu. Nous méritions ce but qui nous a privés d'un doublé historique. J'ai par la suite mis fin à ma carrière à l'âge de 28 ans. Le football est cruel et on l'aime aussi pour ça. Un autre souvenir m'est aussi resté en travers de la gorge. L'élimination de la Tunisie aux portes du Mondial 1970. Face au Maroc, au stade Vélodrome à Marseille, nous perdons le match d'appui au tirage au sort après deux matchs antérieurement sanctionnés par des parités. Bref, c'est la dure loi du football. Encore heureux qu'il y ait eu des souvenirs impérissables; comme le derby remporté 3-0. Le CA jouait le titre et nous l'avons battu. J'ai signé un doublé et Abdelmajid Ben Mrad s'est occupé du reste. Vous savez, j'ai joué avec des éléments talentueux tels que Temime, Gobantini, Zoubeïr, Abdeljabbar Machouche... Les côtoyer sur le terrain est un pur plaisir. Aussi, l'un de mes meilleurs souvenirs aura été un but marqué en Allemagne face au club de Berlin. C'était dans le cadre de la préparation d'avant-saison du champion en titre «sang et or». Je signe un but que je n'oublierai pas de si tôt. Lancé par Temime, je déboule, faisant semblant de centrer, mais je décoche un tir puissant vers les buts. Le gardien allemand n'y a vu que du feu. Temime, pour moi, c'est l'empereur du football tunisien, aux côtés, bien sûr, de de l'inimitable Tahar Boy et de l'inégalable Noureddine Diwa. Vous savez, outre l'USMA et l'EST, j'ai aussi été courtisé par l'Etoile où Abdelmajid Chetali me voulait. Alors que j'étais en stage en Allemagne, il a fait le voyage de Cologne pour me convaincre d'opter pour l'ESS. Voilà pour le côté historique que je me remémore avec nostalgie. J'ai quelque temps plus tard opté pour une carrière d'entraîneur, sollicité par Slim Chiboub, président de l'Espérance de Tunis. J'ai, en passant, encadré les Hamdi Harbaoui, Samti, Mejri...Maintenant, et depuis des années, Majdi Traoui, Haïtham Abid et moi-même dirigeons la cellule des recrutements et veillons à la bonne marche de l'académie grâce au soutien inconditionnel de Hamdi Meddeb».