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Diabète et Ramadan
Santé : Education du diabétique (2e partie)
Publié dans La Presse de Tunisie le 29 - 08 - 2011


Par Dr Ridha Jemmali*
Ce mois saint consacré au jeûne, du moment d'avant le lever du soleil (El fajr) jusqu'à son coucher (El Maghreb), touche maintenant à sa fin. Rien que quelques jours nous séparent encore des festivités de l'Aïd. Beaucoup de nos concitoyens en bonne santé et malades l'ont strictement observé malgré les contraintes diverses déjà citées.
Parmi eux figurent beaucoup de diabétiques, toutes formes de diabète confondues, à part ceux, on l'espère du moins, qui sont assignés à une insulinothérapie de besoin. Ces diabétiques, dits insulinodépendants, parce que tout simplement dépendants pour survivre des injections d'insuline administrées à travers la peau (en sous-cutané) en moyenne deux fois par jour, sont en majorité des enfants ou des adolescents. On voit de plus en plus, ces dernières années, des jeunes et même des adultes attraper ce type de diabète appelé «diabète juvénile ou type I», et cela est dû essentiellement au mode de vie plutôt « malsain » adopté par eux et rencontré plutôt en milieu urbain que rural.
Bien sûr que beaucoup de ces malades vivent bien plus longtemps qu'autrefois : leur espérance de vie a presque doublé et frôle chez certains la normale, d'après ce qu'il est possible d'observer, surtout à l'étranger. Rappelons qu'un mode de vie sain chez ces malades, comme chez tous les autres malades d'ailleurs ou même la population en général, se base sur certaines règles générales de conduite que l'on peut résumer à travers les points suivants :
• Une alimentation saine et équilibrée répondant aux besoins du malade
• Une activité physique modérée et régulière
• Une abstention totale par rapport aux addictions ; en particulier un grand Non au tabagisme, à l'alcoolisme, et à toutes formes de drogues, aussi «douces» soient-elles !
• S'ajoute à cela pour le diabétique une observance parfaite de son traitement et un suivi régulier de sa maladie par les professionnels de la santé, mais également par le biais de l'autocontrôle et l'observation de soi et de l'évolution de son état de santé.
Les diabétiques non contraints à l'injection par l'insuline sont, eux, beaucoup plus nombreux. Même si l'insulinothérapie est devenue depuis un certain temps d'une indication d'un cran plus large qu'autrefois et l'on observe un grand nombre de malades diabétiques dits non insulinodépendants (DNID ou de type II) se faire administrer l'insuline, ceux-là sont dits insulino requérants ou encore nécessiteux.
La plus grande partie d'entre eux resteront indépendants de l'insuline et leur traitement consistera à suivre un régime diabétique et à observer un traitement par voie orale. Les médicaments qui leur sont administrés sont nommés/dits «antidiabétiques oraux, ADO» : ils n'étaient que deux spécialités il y a une trentaine d'années; maintenant, la gamme s'est élargie et le nombre de spécialités est devenu énorme, très divers et varié. Ces malades appartiennent dans leur majorité à l'âge adulte, fluctuant généralement entre la trentaine et la soixantaine, avec des extrêmes se situant dans les tranches d'âges extrêmes, toutefois beaucoup moins nombreux ici, répondant ainsi à la fameuse courbe de Gauss (courbe en cloche).
Beaucoup de ces malades observent le jeûne du mois de Ramadan qui peut leur être très utile, dans la mesure où ils présentent une obésité ou même un excès de poids important, à condition que ce jeûne soit tout à fait discipliné et conforme aux préceptes de la foi musulmane et aux règles d'hygiène de vie les plus saines.
De nos jours, le diabétique de type II non astreint à l'injection par l'insuline n'a plus besoin d'observer le régime hypoglycémique (contenant moins de glucose et de sucre) et hypocalorique (contenant moins de calories) recommandé autrefois par les médecins, à moins qu'il ne soit atteint d'obésité ou de complications diverses. Même les enfants diabétiques sous insuline peuvent observer un régime normo glycémique et normo calorique normal afin de ne pas développer les problèmes de croissance souvent constatés chez eux. Le diabète gras, par contre, nécessite ce genre de régime (surtout hypocalorique) couplé à une activité physique modérée régulière et une bonne hygiène de vie, avec les règles déjà citées plus haut. Le jeûne du mois de Ramadan leur est, d'après la majorité de nos spécialistes, permis et même conseillé : il leur permet de perdre du poids en un temps record s'ils se conforment aux règles évidentes de «bonne conduite». Il leur est également vivement conseillé d'accroître la proportion de protéines animales (volailles, poissons, œufs et viandes rouges) dans leur alimentation aux dépens des matières grasses (surtout d'origine animale et même végétale émanant des huiles de maïs et de tournesol et celles contenues dans la margarine et dits tous omégas 6 : Stop fritures ! ).
Ces protéines, constituants essentiels de nos muscles (masse maigre), prendront la place de la graisse (masse grasse) et la «chasseraient», donc, complètement de l'organisme, ce qui aura pour conséquence une perte de poids lente, progressive et certaine. Un des régimes les plus observés actuellement en Europe et qui commence à gagner du terrain et à se répandre dans notre pays est celui appelé «diète protéinée». Il souligne le principe sus-évoqué et appelle à un arrêt total d'une durée minimum de quinze à vingt jours de l'alimentation classique (0 sucres) et son remplacement les quelques jours du début de la cure par une alimentation basée essentiellement sur les protéines animales (sous forme de sachets), les sels minéraux, les vitamines et l'eau; ces derniers étant contenus dans des salades variées.
Ce régime drastique, très efficace sur le court terme, l'est moins sur le moyen et le long terme et trouve ses origines dans une forme de jeûne à l'ancienne pratiqué par les populations hindoues. Il a comme principe un jeûne absolu atteignant un état appelé «acétonémique», caractérisé à son tour par l'apparition de corps cétoniques (acétones) dans le sang. L'apparition de ces derniers est primordiale dans le principe de ce jeûne et permet à celui qui l'observe de se «soustraire» finalement à la sensation difficile de la faim et, donc, de continuer à observer son jeûne sans grande peine. Les médecins en charge de leurs clients, astreints à un régime similaire adapté à l'air du temps, leur font subir des tests de contrôle successifs, à un rythme presque quotidien les premiers jours, afin de vérifier s'ils persévèrent dans «l'acétonémie» ou non. Ceux-ci doivent développer l'odeur de l'acétone (une odeur semblable à celle de pommes pourries !). Ces médecins seront obligés d'arrêter la cure si cet état n'est pas atteint; ce qui témoignerait d'ailleurs d'une non observance sérieuse et rigoureuse du régime et ferait allonger la période de la prise en charge ou l'annulerait carrément.
Ce genre de jeûne, apparenté au nôtre, mais beaucoup plus contraignant et agressif, est de plus en plus accepté et pratiqué aux Etats-Unis et en Europe occidentale parce que très efficace (sur le court terme !). Il reste cependant relativement coûteux compte tenu de son prix élevé, voire exorbitant, des sachets protéinés et des frais de la consultation médicale répétée.
Cet exemple est cité ici pour dire que si ce genre de régime aussi sévère est suivi de plus en plus fréquemment par les malades, surtout les obèses, nos malades diabétiques obèses peuvent toujours s'essayer au jeûne du mois de Ramadan, à condition bien sûr qu'ils soient autorisés et suivis régulièrement par leurs médecins (de famille de préférence) ou leurs diabétologues s'ils en disposent. Le grand argument apporté contre le jeûne pour tout le reste des malades (non obèses, non compliqués) reste celui en rapport avec la nécessité d'un fractionnement des repas (3 repas essentiels et 2 à 3 collations) ayant l'avantage de ne pas les laisser basculer dans les situations extrêmes d'hyperglycémies (montées du sucre dans le sang) ou d'hypoglycémies (chutes du sucre dans le sang) en plus de la nécessité de prendre les médicaments (ADO) souvent plusieurs fois par jour. Ce dernier problème commence à être résolu de fait, car les nouvelles spécialités d'ADO sont prises généralement à un rythme moins fréquent (1 fois par jour). Le jeûne permet à beaucoup de diabétiques fumeurs de se déconnecter plus aisément de la cigarette s'ils le veulent, à condition qu'ils s'y mettent et prennent la chose au sérieux. S'abstenir tout au long de la journée d'une quinzaine d'heures revient à s'en débarrasser sans grande peine si l'on persévère. Le médecin traitant, disposant d'une formation à la consultation d'aide au sevrage ou d'un diplôme de tabaccologie, peut naturellement parvevenir à les soutenir et à les déconditionner.
Pour conclure et d'un point de vue médical pratique, le diabétique de type II ne peut jeûner qu'après consultation et avis de son médecin traitant. A lui seul revient la décision d'autoriser ou non à son patient de jeûner, dans la mesure où il est le plus renseigné sur son état de santé, en principe encore davantage que ce malade lui-même. Un accompagnement et un suivi par le médecin (traitant/ de famille) s'imposent à tout malade diabétique, qu'il soit docile ou récalcitrant, car l'expérience montre que malgré une interdiction franche et catégorique du jeûne par le médecin, celui-ci se refuse souvent à se soumettre et risque de rompre avec son médecin ou l'institution hospitalière ou sanitaire où il se fait soigner, ce qui peut lui causer bien des déboires. La nécessité d'éduquer les malades convenablement, de les renseigner comme il se doit sur leur maladie dès son installation, voire avant (la période de latence du diabète pouvant s'étaler sur quelques années, voir ci-haut) appartient en premier au médecin traitant et à toute l'équipe de soin (infirmiers, nutritionnistes, etc.), mais aussi à sa famille et à la société (médias : radio, télévision, presse écrite, multimédia !).
Je me rappelle avoir pris place sur les bancs d'une salle d'enseignement côte-à-côte avec les malades pour apprendre ce que, eux, devaient savoir sur leur maladie, alors que j'étais médecin en stage de diabétologie dans un grand centre spécialisé en Allemagne. Cela a duré à ma surprise plus d'une semaine et j'avoue que j'ai beaucoup appris, des malades également ! Le principe de la formation était et reste : Diabète = Education !
R.J.
* Médecin Major de la santé publique; Chef de service; Membre de l'EASD
(Association européenne pour l'étude du diabète).


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