Une pièce qui se veut expérimentale et contemporaine et qui prétend rompre avec l'œuvre classique de Shakespeare. Mais c'est râpé. Dans le cadre de la 18e édition des Journées Théâtrales de Carthage qui se déroule du 18 au 26 novembre, a lieu la commémoration du 400e anniversaire de la mort du célèbre dramaturge William Shakespeare, décédé le 23 avril 1616 à l'âge de 52 ans, laissant, derrière lui, une quarantaine de pièces, de Roméo et Juliette à Macbeth, en passant par Hamlet, inscrites dans le patrimoine mondial. La plus longue de ces pièces «La Tragique Histoire d'Hamlet, prince de Danemark», plus couramment désignée sous le titre abrégé «Hamlet», a été donnée lundi dernier à la salle Le Mondial par une compagnie mexicaine sous la direction de Alberto Santiago. Ce dernier l'a revisitée à sa manière, avec musique, danse, chants, vidéo, marionnettes géantes et échasses. Un mélange qui aurait pu être séduisant, si au moins il avait un sens. D'autant plus que les extraits du texte projetés sur l'écran et ceux lus au micro ou dits par les comédiens sont en anglais. Mais nous avons quand même compris que le metteur en scène a réservé un moment pour chaque personnage de la pièce. De Claudius, le frère du père d'Hamlet, Gertrude la veuve du roi, à Ophélie fille du conseiller du roi dont Hamlet tomba amoureux. Rappelons d'abord l'histoire. Le roi du Danemark, père d'Hamlet, meurt. Claudius le remplace comme roi et, moins de deux mois après, épouse Gertrude. Le spectre du roi apparaît alors et révèle à son fils qu'il a été assassiné par Claudius. Hamlet doit venger son père et, pour mener son projet à bien, simule la folie. Mais il semble incapable d'agir, et, devant l'étrangeté de son comportement, l'on en vient à se demander dans quelle mesure il a conservé sa raison. On met cette folie passagère sur le compte de l'amour qu'il porterait à Ophélie, fille de Polonius, conseiller du roi. L'étrangeté de son comportement plonge la cour dans la perplexité. Mis en cause à mots couverts par Hamlet, Claudius perçoit le danger et décide de se débarrasser de son fantasque neveu. Dans cette pièce aux couleurs mexicaines, on a du mal à suivre l'histoire jusqu'au bout. Les comédiens chantent leurs rôles en espagnol, et dansent le flamenco en amateurs. Cette forfanterie semble évidente pour le metteur en scène qui essaye de tisser avec bonheur tous ces destins qui s'entrecroisent. On a même eu droit à «La bamba», cette chanson traditionnelle mexicaine qui a fait l'objet de nombreuses reprises, notamment celle de 1958 par Richie Valens. Mais les spectateurs n'ont pas marché dans la combine. Au bout d'une demi-heure, un bon nombre a quitté la salle. En vérité, on ne comprend pas bien pourquoi a-t-on choisi de programmer cette pièce. Si c'est pour la commémoration, que les nostalgiques de Shakespeare se contentent du texte original.