Les cigarettes provenant de marques contrefaites et de la contrebande sont commercialisées au vu et au su de tout le monde malgré l'opération coup de poing lancée le mois dernier Une vaste opération coup de poing a été lancée, le mois d'octobre dernier, à la rue des Salines pour déboulonner les marchands ambulants qui ont pignon sur rue et qui vendent des variétés de cigarettes d'origine étrangère provenant de la contrebande. Un mois après cette descente musclée qui a permis la saisie de grosses quantités de cigarettes — la rue a été vidée de la majorité des étals qui s'y trouvent —, ces commerçants sont de retour et ont de nouveau installé leurs présentoirs le long de cette rue vendant au vu et au su de tout le monde leurs cigarettes provenant de la contrebande! En parcourant un bout de cette ruelle, on décompte déjà pas moins de huit vendeurs à la sauvette proposant sur de petites baraques en bois à qui veut bien du «York made in England», du «Rosso italien», de «Ashford d'Allemagne» et toutes les marques insolites pratiquement méconnues hormis les traditionnels paquets de Marlboro Gold d'Algérie vendus pourtant à 4 dinars juste; «à cause d'un manque de disponibilité, la cartouche de 10 se vend même à 38 dinars», nous avouera l'un d'eux. Les prix au rabais oscillent aux alentours de 4 dinars sauf ceux vraiment moins chers qui se vendent à 1.5 ou 2.5 dinars l'unité. La marque Vogue, qui est vendue à 4 dinars, et qui cible les femmes fumeuses, se décline sous trois arômes! Une cartouche de la marque originale qui contient dix paquets est disponible chez les grossistes à 32 dinars! Ces vendeurs à la sauvette proposent également au noir, pour ceux qui ne veulent pas acheter un paquet entier, une ou deux cigarettes et plus de la marque grecque Karelia, ainsi que des cigarettes «slims» très appréciées par les femmes. Des fumeurs, habitués à se ravitailler et à acheter leurs cigarettes auprès de ces vendeurs à la sauvette à cause de leur prix très attractif par rapport aux marques originales, ont fini par remarquer à la longue l'impact néfaste de ces cigarettes de piètre qualité sur leur santé. «Je ne fume pas le dziri car il est très nocif et me contente du tounsi», a observé Nabil, un jeune homme travaillant dans une société publique. «Le dziri est de piètre qualité et de mauvais goût, je m'en passe volontiers!», a également relevé Mohamed qui a fini par opter pour les marques originales plus chères mais moins dangereuses pour la santé, après avoir fumé pendant de nombreuses années des cigarettes provenant de la contrebande. Bizarrement, des marques réputées telles les Royal, Merit, Marlboro suisses ne sont vendues que chez les débits de tabac agrées du coin... Y a-t-il une réelle compromission entre eux? En tout cas, le tenancier dudit débit ne pipe pas au sujet des vendeurs d'en face. La descente policière il y a à peine un mois des brigades de contrôle économique afin de démanteler les réseaux et saisir l'équivalent d'un million de dinars en cigarettes de contrebande n'a pas réussi à anéantir ce fléau. C'est qu'en questionnant çà et là, on obtient difficilement un éclaircissement sur les circonstances de leur réapparition soudaine. Un commerçant de meubles de la place interrogé n'arrivera pas à nous guider : «Tant qu'ils sont tous là, le phénomène du commerce parallèle survivra! Pourquoi le tabac devrait-il spécialement y déroger?» C'est que les contrebandiers ont la peau dure! Au bout de la rue des Salines, des échoppes commercialisent tranquillement devant leurs devantures toutes sortes de tabac par cartouches entières ou cartons de moassel pour chicha. Comment y sont-ils parvenus? Leur totale discrétion nous empêchera d'y répondre pour l'instant. Un véritable jeu «du chat et de la souris» entre les brigadiers et les contrebandiers traque désormais la rue des Salines. Il est fort probable qu'on assiste à de nouvelles descentes de ces brigades car il est impératif de restaurer définitivement l'autorité de l'Etat qui aura somme toute le dernier mot.