Par M'hamed JAIBI Après la rue des Salines, c'est la rue Sidi-Boumendil qui a droit à une visite musclée de nos forces de l'ordre, et c'est tant mieux. En attendant bien d'autres opérations «coup de poing» aptes à mater la pieuvre jusqu'à cerner la tête. Car le tout petit milliard de millimes de cigarettes de contrebande saisi lors de la première descente ne représente qu'une somme dérisoire par rapport à l'étendue du trafic «souterrain» au vu et au su de tout un chacun, auquel succombe la cigarette sous nos cieux. Au vu et au su de vraiment tout le monde ! Dans la mesure où très très rares sont les débits de tabac qui se paient le luxe de refuser de vendre les cigarettes de contrebande, celles qu'exigent les clients. Il ne s'agit donc pas de la vente de petits lots de cigarettes échappant à la douane, mais d'un vaste marché invasif impliquant tous les rouages, avec l'appui du lobby des fumeurs à la recherche de cigarettes de «bonne qualité» ou meilleur marché. Tout est donc sens dessus-dessous sur le marché tunisien de la cigarette où l'essentiel de la marchandise est de contrebande, où vous voyez défiler les fumeurs invétérés exiger les «algériennes» ou des «free shop», en concurrence avec les «tickets bleus», sans que cela ne mette mal à l'aise le moins du monde le boutiquier, pourtant clairement passible de «recel» au regard de la loi. Une loi qu'il s'agit de réformer, à l'heure où la contrebande s'est transformée en commerce parallèle invasif menaçant la viabilité du pays, jetant son dévolu sur la drogue, les armes et les explosifs et donnant la main au terrorisme jihadiste. Le recel est le fait de tirer profit, en toute connaissance de cause, d'un objet ou d'un produit provenant d'un crime ou d'un délit. Le débit de tabac (ou le «vendeur à la sauvette»), qui distribue aux citoyens les cigarettes de contrebande jusque-là stockées à la rue Sidi-Boumendil, est un receleur de contrebande. Et il est urgent qu'il paie sévèrement son délit. L'adage populaire dit que «les gros poissons mangent les petits». En matière de contrebande, l'Etat veut mettre la main sur les gros poissons, mais si l'on arrive à mettre au pas les petits poissons, les gros n'auront plus de clients et la contrebande de cigarettes perdra beaucoup de son intérêt. En attendant que l'approche soit étendue à d'autres trafics.