Il y a de cela onze siècles, pour la première fois dans le monde musulman, sous le règne des Fatimides Cela fait plus de mille ans que le monde musulman fête le Mouled, la naissance du Prophète Mohamed bénédiction et salut de Dieu sur lui. Cela a commencé, d'abord d'une manière un tant soit peu limitée, il y a de cela onze siècles à Kairouan, en Tunisie, sous le règne des Fatimides. Soit un peu plus de quatre siècles après l'heureux événement qui eu lieu, un certain 22 avril 570, ou le 12 rabii al awal, le 3e mois du calendrier lunaire arabe, à La Mecque. Les festivités étaient cependant limitées à la cour des califes fatimides appartenant à la secte des chiites ismaéliens et chez certains notables liés à la cour, alors que le peuple est resté profondément sunnite. Il faut rappeler ici qu'avant les Fatimides, qui ont directement gouverné la Tunisie entre 909 et 973, les musulmans partout dans le monde ne fêtaient pas le Mouled. Après leur départ pour l'Egypte et la fondation du Caire (971), les Fatimides devenus maîtres d'un vaste empire donnèrent aux festivités du Mouled un aspect populaire et grandiose. Une occasion pour eux de se rapprocher de la population restée majoritairement sunnite en montrant leur vénération du Prophète (saWs) et aussi en distribuant à tous des cadeaux et des aides. Leur dynastie pris fin en 1171 grâce Salah Eddine (Saladin) fondateur de la dynastie des Ayyoubites, au nom du Calife Abbasside. Dans le monde sunnite, c'est le prince kurde d'Erbil au nord de l'Irak, Abou Saïd Gökburi dit « Moudhaffar Eddine » qui, le premier, en 1207, institua cette noble tradition et lui donna un aspect aussi bien officiel que populaire. Beau-frère du sultan Salah Eddine, ledit prince avait pris soin d'avoir l'accord des oulémas pour cette initiative, car craignant de devenir l'auteur d'une innovation illicite. Avant cela, le savant et juge Abou al Fadhl Iyadh, plus connu sous le nom de Al Cadhi Iyadh (1083-1149 à Marrakech) publiait « Achifa » son fameux livre devenu la référence mondiale sur les qualités du Prophète (Saws) et sur ses droits auprès des musulmans. Un ouvrage qui a eu un impact décisif sur la motivation de ceux-ci à vénérer le Prophète d'une façon générale. Al Imam Al Boussayri (1213-1295 à Alexandrie), un Egyptien d'origine tunisienne participa, lui aussi, à cet élan en publiant deux longs poèmes panégyrique en l'honneur du Prophète « Al Bourda » et « Al Hamziyya » dont la récitation est devenue, depuis, incontournable à chaque fête du Mouled. En 1235,l'un des princes azfiyyines qui gouvernaient, à l'époque, le Maroc écrit un poème apologique en l'honneur du Prophète(SAWS) puis pris l'initiative en 1249 de fêter officiellement le Mouled. C'est ainsi que la noble tradition s'est, petit à petit, ancrée au Maroc, en Andalousie, puis revenue en Tunisie, en force sous les Hafsides (à partir du XIVe Siècle). Le Mouled retourne en Tunisie A la fois populaire et officielle, la fête du Mouled s'est donc bien ancrée dans la société tunisienne. En 1439, le célèbre imam kairouanais, Al Borzoli, publia, lui aussi, un long poème élogieux en l'honneur du Prophète (SAW) « Mawlaya salli wa sallam » devenu l'un des moments forts des festivités. Avec l'avènement de la présence turque en Tunisie, à partir de 1574, officiels et peuple continuèrent à fêter le Mouled. Sous les beys mouradites(1613-1704, les historiens rapportent que ces derniers faisaient preuve de beaucoup de générosité en faveur de la population, surtout pour les écoliers (dans les kouttebs (écoles pour la mémorisation du coran) et leurs maîtres (les meddebs). C'est en 1840 que le prince husseïnite, Ahmed Pacha Bey 1er, qui pris l'initiative d'instituer les festivités du Mouled en tant que fête officielle avec tout ce que cela suppose comme protocole à la cour. Il décréta alors que celle-ci débutera, chaque année, la veille du Mouled d'abord à Kairouan, où il dépêchait l'un de ses représentants, puis à Tunis, où il présidait lui-même les festivités à la Grande mosquée de la Zitouna. Le souverain arrivait en grande pompe à Tunis. Il était accueilli par les notables des souks, s'enquérait de la situation de ses sujets et après un petit détour du côté du souk des bijoutiers (Al Berka), il se dirigeait directement à la Zitouna. Quelques décennies plus tard, soit en 1876 et sur initiative du premier ministre Khereiddine, Mohamed Es Sadok Pacha Bey décréta la célébration officielle du Mouled dans toutes les grandes villes du pays. Les festivités duraient alors plusieurs jours et les canons tonnaient à un moment solennel de la journée pendant au moins quatre jours. Dans les petites villes, les villages et même dans les hameaux les plus isolés, c'est-à-dire là où il y a une mosquée ou le mausolée d'un marabout, les Tunisiens ne manquaient pas à ce devoir envers le Prophète (SAWS). Mouled Mabrouk !