Une cérémonie de recueillement sera ainsi organisée en sa mémoire devant sa tombe par l'Association des résistants tunisiens et des membres de la famille du défunt aujourd'hui au cimetière du Jellaz à Tunis Le peuple tunisien commémore aujourd'hui le 46e anniversaire du décès du grand leader Mahmoud El Materi, qui nous a quittés le 13 décembre 1972 à l'âge de 75 ans. Une cérémonie de recueillement sera ainsi organisée, en sa mémoire devant sa tombe par l'Association des résistants tunisiens et des membres de la famille de ce grand médecin humaniste devenu depuis le début des années trente du siècle dernier l'un des plus illustres dirigeants du mouvement national. La rencontre aura lieu aujourd'hui à partir de 11h30 au carré de la famille au cimetière du Jellaz à Tunis. Elle offrira l'occasion à tous ceux qui l'on connu de près ou de loin ou même à travers ses écrits et les faits historiques auxquels il était lié, de se rappeler de ses hautes qualités morales, son patriotisme et son dévouement total pour son pays et son peuple. Né à Tunis en 1897, le Dr Materi s'est très tôt engagé pour la cause tunisienne. Marqué par la perte de sa mère au moment où elle lui donnait naissance puis par celle de son père dix mois plus tard, il restera toute sa vie le médecin humaniste, celui qui se bat pour préserver la vie des autres et lutter contre leurs souffrances. Bachelier en 1919 (Tunis), docteur en médecine en 1926 (Paris-France), il entame sa carrière professionnelle à Tunis la même année après avoir milité en France en faveur des droits de l'homme et des peuples opprimés au sein de diverses associations et de formations politiques progressistes. A Tunis, il entreprend avec son compagnon de lutte en France Habib Bourguiba (1903-2000) ainsi que d'autre camarades le lancement du journal «L'Action tunisienne» qui s'est distingué par une ligne éditoriale «agressive». Ce qui leur permet d'intégrer le comité exécutif du parti du Destour, qui dirigeait à l'époque le mouvement national encore balbutiant. Toujours avec ses jeunes camarades il participe à la mobilisation du peuple. Le groupe se retrouve ainsi en confrontation avec les vieux dirigeants du Destour. Le 2 mars 1934, le divorce est consommé entre les deux tendances à Ksar Hellal, dans le cadre d'un congrès extraordinaire du parti qui a vu l'élection dudit groupe de jeunes. Ainsi est né le parti du Néo-Destour et sa présidence fut confiée au Dr Materi alors que le secrétariat général sera assuré par le leader Bourguiba. Pleins d'entrain, fougeux et révolutionnaires, Materi et ses équipiers entreront rapidement en confrontation avec les autorités coloniales. Ils seront déportés le 3 septembre 1934 dans le sud tunisien à Borj Lebœuf, devenu après l'indépendance Borj Bourguiba. Ils y resteront coupés du monde deux bonnes années pour enfin être libérés. Face à un Bourguiba qui se souciait peu de la gestion collégiale du parti, le Dr Materi finira par démissionner, début 1938, de son poste de président sans jamais abandonner la cause nationale. Il jouera un rôle crucial dans les événements qui auront lieu quelques semaines plus tard, en épargnant, grâce à sa sagesse et sa capacité de persuasion, un bain de sang aux manifestants tunisiens. Une sagesse sans égale C'était le 8 avril de ladite année à l'occasion d'un mouvement d'ébullition provoqué par l'arrogance et la brutalité de l'occupant et qui a vu l'arrestation de bon nombre de leaders du mouvement national. Le lendemain et suite à l'arrestation du jeune leader Ali Belahouane, un grand nombre de Tunisiens se rassemblera devant le palais de justice à Tunis et des dizaines de nos compatriotes tomberons ce jour-là en martyrs sous le feu du colonisateur. Engagé également pour le social, le Dr Materi se dévouait pour ses patients qu'il recevait dans son cabinet à Bab Menara et consacrait une journée par semaine aux plus démunis à qui il offrait des consultations gratuites. Médecin particulier de Moncef Pacha Bey, le roi martyr (1942-1943), il sera nommé ministre de l'Intérieur dans le gouvernement nationaliste de Mohamed Chenik en 1943. Gouvernement qui sera dissous suite à la destitution de Moncef Bey. Notre leader dirigera une seconde fois, en 1950, le ministère de l'Intérieur au sein du second gouvernement Chenik. Formation qui aura la charge de négocier avec l'occupant les accords préalables en vue de l'obtention par la Tunisie de son autonomie interne. Face à la brutalité des autorités coloniales et la répression générale dont sera victime le peuple tunisien en 1952, il sera déporté encore une fois dans le sud du pays. Il sera libéré un peu plus tard. Le Dr Materi sera le premier à assurer le poste de ministre de la Santé au sein du gouvernement Bourguiba juste après l'indépendance (20 mars 1956), qu'il intégra en tant qu'indépendant. Encore une fois, il se retrouve obligé de quitter l'équipe dominée par Bourguiba et ce après avoir représenté la Tunisie aux assises de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Il démissionna du gouvernement mais restera actif en tant que député. Peu avant son décès, le Dr Materi adressera au président Bourguiba une éloquente lettre en réponse à des réflexions quelque peu réductrices émises par ce denier envers la personne de l'expéditeur. Notre grand leader quittera ce monde le 13 décembre 1972 après avoir vécu pour la cause de notre pays avec une honnêteté exemplaire, une probité et un désintéressement devenus légendaires. Altier, altruiste, le Dr Materi avait un caractère conciliateur et des attitudes très courtoises auxquels se sont ajoutés des dons d'orateur et de rassembleur. Il restera pour toujours l'un des pères de la Tunisie moderne et de ses grands hommes.