Les propos de François Hollande sur les footballeurs (parus dans son livre d'entretien) «sans cerveau», des «gosses mal éduqués devenus des vedettes richissimes» ou «des gars des cités sans références», continuent d'entretenir la polémique en France. Il n'en demeure pas moins que c'est sans doute l'expression d'un ras-le-bol qui a été exprimé d'une manière bien maladroite, car ces «gosses», tant qu'ils sont sur le terrain, sont, qu'on le veuille ou non, des personnages qui forcent les portes de la légende avant bien des dirigeants de quelque niveau que ce soit. On est les premiers à aller les applaudir et encourager pour qu'ils ramènent une coupe ou un titre qui nous font chavirer de bonheur. Donc des «gosses» qui donnent autant de bonheur est un... bonheur de les avoir. Surtout quand ils marquent des buts et nous saoulent de victoires et de conquêtes. Mais le problème se pose lorsque ces joueurs ne sont plus sur le terrain et il concerne sans doute un bon nombre d'entre eux. Ceux qui se comportent bien mal et qui de par leurs agissements et réactions, laissent libre cours à toutes les suppositions et interprétations. Voilà un joueur choyé, apprécié pour sa droiture et son professionnalisme, loués à bout de champ, qui se transforme du jour au lendemain en malade imaginaire et qui fait tout pour qu'on évite de le solliciter. Il veut démonter qu'il est incontournable et que sans lui tous les malheurs peuvent arriver. En toile de fond à ce comportement brusque et inattendu, la renégociation de son contrat. Est-ce une attitude qui découle d'un défaut caché que dirigeants et public ont mis du temps à découvrir ou sont-ce des outils de travail qu'on lui conseille d'utiliser pour relever la barre ? Dans tous les cas de figure, cette attitude vaut largement les campagnes qui se déclenchent de façon concomitante et qui font état de « contacts » avec des clubs supposés vouloir négocier tout en avançant des sommes faramineuses. Voilà l'ambiance que l'on est habitué de vivre et de subir à la veille de tous ces pseudo-mercatos qui ne font qu'envenimer l'atmosphère et dresser les clubs les uns contre les autres, parce que mal conçus et mal expliqués. Une intersaison qui nourrira d'incompréhensibles rancunes et enclenchera la descente vers l'enfer de ceux qui sont bien obligés de se dessaisir de leurs meilleurs éléments pour survivre. C'est la loi du marché, dira-t-on, mais c'est aussi la loi de la jungle, car ces opérations se font souvent avec des promesses et des dettes futures, que bon nombre de clubs ne sauraient payer. Le plafonnement des dépenses réservées aux salaires (au fait l'application se fera-t-elle à partir de ce mercato ?) ne manquera pas de remettre bien des choses en question. Les conséquences de cette décision prise en premier par notre voisin algérien ont poussé un bon nombre parmi les meilleurs à se tourner vers le marché tunisien ou directement vers la France. C'est ce qui explique la présence de nombre de leurs joueurs parmi nous, et étant donné les nouvelles dispositions, on ne manquera pas d'enregistrer la migration de ces éléments vers le Golfe où les clubs sont encore en mesure de servir de gros salaires. Les agents, toujours attirés par l'appât du gain, ne sont motivés que par les contrats juteux, desquels ils s'assurent de confortables commissions. Ceux qui ont précédé ce repli vers des comportements plus logiques, et qui avaient décidé depuis quelques années déjà d'opter vers cette destination, aux dépens d'une véritable carrière de footballeurs de talent, ont sans doute saisi l'importance de leur décision. Ils avaient prouvé qu'ils avaient un cerveau et un sixième sens qui les ont largement servis. Ils ont réussi à mettre de côté un joli magot, mais regretteront, un jour, le fait qu'ils aient négligé l'aspect sportif qui a quand même son importance. D'ailleurs, au vu des changements financiers et économiques que connaissent ces pays jadis nantis et qui se retrouvent dans l'obligation d'être plus regardants côté dépenses, des bouleversements ne manqueront pas de tout remettre en question.