Tunisair annonce des modifications sur certains vols    Foot – Espérance de Tunis : le contrat de Tougai renouvelé    Vent fort et mer agitée annoncés pour cette nuit    Irrégularités et menaces : les jeunes médecins sonnent l'alarme    Eté 2025 : Un épisode chaud et sec attendu sur toute la Tunisie, alerte l'INM    La France élargit les zones sans tabac pour protéger les enfants et l'environnement    Construction de l'un des plus grands ponts de Tunisie sur l'oued Medjerda : tous les détails du chantier    TEC Eau : Le recours obligé aux technologies innovantes pour sécuriser l'or bleu    Tunisie : création de cinq centres spécialisés dans l'industrie intelligente    Rafale de flagornerie    Iran : Funérailles nationales pour les martyrs de la guerre    Séisme de magnitude 6,1 au large du sud des Philippines    Réforme du transport terrestre : l'UGTT rejette un projet sans concertation    L'EST tourne la page du Mondial et rentre à Tunis : Ambitions renouvelées...    Chawki Tabib affirme être poursuivi pour une "erreur matérielle" dans un rapport de l'INLUCC    Memoires : Anis Ben Haddada – Rafika née Koraïchi    Yasser Gourari : un consensus existe autour de l'amendement du décret 54    Importations : les réserves en devises assurent 100 jours de couverture    La Tunisie accueille des médecins palestiniens pour une formation spécialisée dans les hôpitaux tunisiens    Resto d'Amour remballe les influenceurs : pas de repas gratuit contre du contenu !    Le chef de l'Etat trace une ligne rouge : Ni ingérence ni déviation    Droits d'auteur au cinéma : une journée d'étude pour moderniser le cadre légal en Tunisie    En photos - L'opération anti-terrasse à El Manar 2    Décès de Kaoutar Boudarraja, figure emblématique des médias maghrébins    Le « Grand Remplacement » dans l'administration ?    Ali Khamenei avertit Washington : jamais nous ne nous rendrons !    Cour suprême : limitation du pouvoir des juges, victoire pour Trump    Alerte sur les plages tunisiennes : les méduses se rapprochent... de vous !    Commerce international : Chine et Etats-Unis annoncent un allègement mutuel des restrictions    Wimbledon 2025 : Ons Jabeur affrontera Viktoriya Tomova au premier tour    L'ARP se penche sur la révision du décret 54 dès le 2 juillet    Wimbledon 2025 : Ons Jabeur face à Viktoriya Tomova au premier tour    Comptes bancaires inactifs : 400 mille comptes concernés par un transfert au Trésor public    Fathi Ben Khalifa : le ministère des Finances est l'organe bloquant dans le secteur des volailles    Bassem Ennaifer : la Tunisie a remboursé d'importants prêts depuis le début de l'année    Hussein et Rajwa de Jordanie figurent parmi les prestigieux invités du mariage de Jeff Bezos    L'Avenue de Tunis sans voitures ce Weekend en marge du Festival Au Pays des Enfants    Festival arabe de la radio et de la télévision : La Tunisie distinguée par quatre prix    Nabil Ammar, Ambassadeur de Tunisie à New York : Un monde sans l'ONU, ou sans une meilleure alternative, serait une jungle (Vidéo)    Les généraux de brigade Saleh Ben Abd'Essalem et Al'Amjed Al'Hamemi promus par le président Kaïs Saïed, généraux de division (Vidéo)    Réduction de peine pour Wadie Jary dans l'affaire du contrat d'Essghaier Zouita    Officiel : Neymar prolonge son aventure à Santos jusqu'en décembre 2025    Coupe du Monde des Clubs 2025 : l'Espérance de Tunis quitte la compétition la tête haute malgré l'élimination    Le Tunisien Kouki débarque à Al Masry    Diplomatie tunisienne : 36 % des postes occupés par des femmes    Programme Culture Moves Europe : des rencontres à Tunis, Sousse et Le Kef    Walid Tlili, figure de la radio tunisienne, s'est éteint    FIFAK 2025 : une 38e édition sous le signe de la liberté et de la solidarité avec la Palestine à Kélibia    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Réforme du chèque : 62 % de baisse des transactions en trois mois
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 06 - 2025

Le Conseil Scientifique de la CONECT, en partenariat avec l'ASECTU, a organisé une table ronde intitulée « La nouvelle réglementation des chèques en Tunisie : impacts et perspectives ». Cette rencontre a rassemblé économistes, chefs d'entreprise, représentants du secteur financier et acteurs de la fintech autour d'un sujet crucial pour l'avenir du système de paiement tunisien.
Entrée en vigueur en février 2025, la réforme vise à rétablir la vocation du chèque comme moyen de paiement immédiat, mettant fin à son usage comme outil de crédit ou de garantie. Dès les premiers mois, les effets de cette mesure se sont fait sentir : au premier trimestre 2025, le nombre de chèques traités a chuté de 62 % par rapport à la même période de 2024, tandis que leur valeur globale diminuait de 48,3 %. En parallèle, les pièces et billets en circulation ont progressé de 1,2 milliard de dinars entre décembre 2024 et mai 2025.
Dans ce contexte, les données macroéconomiques du premier trimestre 2025 font apparaître un léger fléchissement de l'activité par rapport au quatrième trimestre 2024. Cette baisse invite à s'interroger sur l'éventualité d'un effet de ralentissement lié, au moins partiellement, à l'ajustement induit par la réforme.
Toutefois, cette hypothèse doit être abordée avec prudence. Bien qu'une modélisation fondée sur la poursuite des tendances antérieures suggère un rythme de croissance légèrement plus soutenu (entre 1,8 et 2,4 %), la conjoncture économique étant façonnée par une combinaison complexe de facteurs internes et externes, les données actuellement disponibles offrent des premiers éléments d'analyse, mais ne permettent pas encore d'en distinguer les effets spécifiques ni d'en apprécier pleinement les implications à moyen terme.
L'usage détourné du chèque en Tunisie — comme moyen de paiement différé, garantie ou crédit implicite — était devenu une réponse pragmatique aux difficultés d'accès au financement formel. Ce phénomène reflète des fragilités institutionnelles persistantes : complexité des procédures, exigences de garanties excessives, lenteurs administratives, et faible diffusion des outils modernes d'évaluation du risque.
Dans ce contexte, les banques appliquent des exigences de couverture atteignant jusqu'à 90 % des crédits accordés, ce qui limite l'inclusion financière et pousse nombre d'agents économiques vers des solutions informelles, peu traçables, voire risquées.
La réforme actuelle, si elle n'est pas accompagnée, risque de renforcer ces mécanismes d'exclusion.
Pour mieux cerner les premiers effets de la réforme, une enquête exploratoire a été menée par la CONECT auprès de 60 entreprises de tailles, secteurs et modèles d'activité variés. Si cet échantillon n'a pas vocation à être représentatif de l'ensemble du tissu économique, il permet néanmoins de dégager quelques tendances initiales. La majorité des répondants déclare avoir ressenti un impact négatif à court terme sur leur chiffre d'affaires, leur trésorerie et leurs projets d'investissement.
Les très petites entreprises, ainsi que les structures en B2C ou en modèle mixte, apparaissent comme les plus vulnérables. Toutefois, ces effets sont loin d'être homogènes : certaines entreprises, mieux outillées ou déjà engagées dans des pratiques plus formelles, s'adaptent plus rapidement.
L'enquête révèle aussi une diversification progressive des modes de paiement, avec une montée en puissance des traites, des virements bancaires et, dans certains cas, des paiements en espèces. Une enquête plus complète, élargie et statistiquement représentative sera menée d'ici la fin de l'année afin d'approfondir ces constats avec plus de recul.
La table ronde a mis en lumière une dynamique d'adaptation réelle, mais aussi une inquiétude largement partagée par les chefs d'entreprise. Tous ont exprimé leurs préoccupations quant aux effets immédiats de la réforme : baisse du chiffre d'affaires, perte de clientèle, tensions accrues sur la trésorerie, et prise de risque supplémentaire dans l'acceptation ou le refus de certaines ventes.
À cela s'ajoute un sentiment d'incertitude face à l'absence, à ce stade, d'alternatives viables, fiables et largement accessibles. Malgré ces contraintes, plusieurs témoignages ont également fait état d'efforts concrets pour revoir les modes de facturation, formaliser les délais de paiement, investir dans des outils de gestion ou rechercher des mécanismes de sécurisation auprès de leurs partenaires bancaires.
Du côté des institutions financières, des signaux d'évolution commencent à émerger : volonté de simplifier certains processus, intérêt pour les solutions digitales, et ouverture progressive à des modèles de scoring alternatifs. Les fintechs, quant à elles, pourraient jouer un rôle moteur dans cette transition, à condition de lever les blocages actuels : absence de cadre juridique clair pour certaines innovations (comme le « Buy Now Pay Later »), accès restreint aux données de crédit, et contraintes réglementaires jugées peu favorables à l'expérimentation.
La réussite de cette transformation dépendra donc de la capacité collective à bâtir un cadre légal plus agile, à améliorer la transparence des transactions, et à favoriser l'interopérabilité des données économiques. La réforme du chèque peut devenir un levier de transformation positive, à condition d'être accompagnée de manière cohérente et inclusive. Elle offre l'opportunité de repenser les mécanismes de financement dans leur ensemble, de favoriser l'émergence de pratiques plus transparentes et responsables, et de stimuler l'innovation dans les moyens de paiement.
Au-delà de l'enjeu technique, cette réforme ouvre également un espace pour un dialogue structuré entre entreprises, institutions financières et pouvoirs publics, afin de construire ensemble des solutions concrètes pour lever les barrières persistantes à l'accès au financement — un enjeu central pour l'amélioration du climat des affaires. La réussite de cette transition dépendra largement de la capacité à mettre en place un accompagnement renforcé, ainsi que des solutions numériques simples, fiables et accessibles à tous les acteurs économiques.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.