A l'approche des élections municipales, la municipalité de Raoued cherche à améliorer son image auprès des contribuables. Monsieur Rafik Halouani, coordinateur général de l'ONG Mourakiboun, annonce la couleur d'emblée au cours de la conférence qui a été organisée pour présenter les résultats de l'étude sur l'évaluation citoyenne des services municipaux de la délégation de Raoued. «On parle désormais d'une nouvelle municipalité pour Raoued. Depuis près de deux ans on s'attelle à la tâche pour promouvoir l'image de cette région qui compte plus de 100.000 habitants !». Pilotée par le réseau citoyen Mourakiboun, connu pour être le plus important en matière d'observation électorale en Tunisie, en partenariat avec la fondation allemande Henrich Böll Stiftung pour l'Afrique du Nord et l'organisme tchèque D21 spécialisé dans l'observation électorale, l'étude s'est basée sur le sondage d'un échantillon comportant 1.000 habitants de la municipalité de Raoued. Réalisé au cours des dix derniers jours du mois de novembre dernier, il a notamment permis de tirer de nombreux enseignements. «Le choix s'est porté sur la municipalité de Raoued vu sa particularité démographique et géographique mixte. Elle couvre, en effet, des zones urbaines et d'autres rurales comptant plus de 100.000 habitants», lit-on dans le rapport qui a été remis aux participants. Structure de l'échantillon Un questionnaire comportant dix-neuf questions a été distribué aux personnes sondées. L'échantillon choisi a comporté autant de femmes que d'hommes dont plus de la moitié, qui ont entre 25 et 49 ans, exercent dans le secteur indépendant ou privé. Le parcellement géographique a été réalisé suite à un découpage en sept quartiers dont celui de Raoued même qui représente 22% des citoyens interrogés. 50% des citoyens interrogés insatisfaits de la qualité de la vie Les principaux résultats traduisent un mécontentement généralisé des citadins qui sont insatisfaits (50%) de la qualité de la vie dans leur région ce qui démontre l'ampleur des attentes. M. Halouani remarque : «Le citoyen fait clairement la distinction entre la qualité des services et celle des réseaux!». Ainsi, le secteur des services a la cote auprès des résidents dont les pharmacies, l'accès à internet, les cafés, les salons de thé et restaurants. Le sentiment de sécurité et la sécurité sont confirmés. Là où le bât blesse ce sont les aspects environnementaux, du transport public et routiers qui déplaisent fortement. A ce titre, les habitants semblent exiger davantage de structures culturelles, éducatives, sportives voire sanitaires avec une faible considération pour des prestations jugées secondaires telles les parkings, et les restaurants. Interventions houleuses Le ras-le-bol est réel de la part de quelques habitants venus témoigner de l'état des lieux. Les gens semblent lassés de payer des taxes sans résultats concrets. «On ne sait plus si c'est le citoyen qui ne sait pas transmettre ses doléances à la municipalité ou si cette dernière est incapable de bien communiquer l'information!», entendra-t-on de la part d'un intervenant. Le malaise est réellement descriptible dans l'assistance : «60% des constructions sont anarchiques!», «Absence totale de place pour la culture et le sport!», «Aucune ronde des responsables municipaux pour visiter nos maisons», «Aucun manège pour les enfants hormis une balançoire», «Des enfants dans la boue lors de fortes pluies!», s'indigne-t-on dans l'assistance. «Pourtant, les responsables municipaux travaillent d'arrache-pied du lundi au samedi alors qu'ils réservent la journée du dimanche pour leur engagement partisan», a souligné une politicienne présente dans l'assistance. Une dame habitante de la cité, indignée et révoltée, ne mâchera pas ses mots : «On se trouve à 5 km de Tunis et l'on dirait qu'on est au fin fond de la Tunisie. La qualité de la vie ici fait vraiment défaut!». La relation entre la municipalité et les habitants ne semble pas toujours être au beau fixe. Et pour cause : ces derniers ne se sentent pas suffisamment impliqués dans la vie municipale. Le budget participatif prévoyant des fonds pour le financement de projets municipaux décidés sur la base des besoins et des attentes formulés par les citoyens ne semble pas, en effet, à l'ordre du jour ce qui est loin de contribuer au réchauffement des liens entre contribuables et agents municipaux. Enfin une meilleure gestion des déchets, l'impératif du paiement des taxes municipales par tous et les nouvelles prérogatives du conseil municipal, qui sera bientôt élu, ont figuré parmi les points soulevés par les participants.