Un petit conte de fées est en train de s'écrire au Bassin minier. C'est l'histoire de l'ascension fulgurante de l'Etoile Sportive de Métlaoui qui se traînait il y a encore cinq ans dans l'anonymat de la Ligue 3. Très vite, elle monta en grade pour escalader une à une les marches de la gloire : accession en L2, une neuvième place pour sa première saison parmi l'élite, une seconde saison plus difficile quand elle dut assurer l'essentiel, soit le maintien, terminant à la 12e place, le 4e rang en juin dernier au nez et à la barbe de deux ténors, le CAB et le CA, qu'elle relégua derrière. Et, pour boucler la boucle, une qualification plus facile que prévu au play-off, deux journées avant la conclusion de la première phase. Deux entraîneurs se trouvent à la base de cette progression spectaculaire : Chokri Khatoui et Mohamed Kouki, deux techniciens de la jeune génération qui ont marqué de leur empreinte la vie des «Sang et Or» du Sud-Ouest durant les cinq dernières saisons. «Pourtant, le saut de qualité n'a pas été évident, nuance le coach Mohamed Kouki, qui en est à sa troisième saison à la tête de la barre technique. D'un modeste club jouant pour le maintien à un ensemble redouté par tous et figurant désormais dans la cour des grands, la métamorphose n'a pourtant pas été facile. Loin s'en faut, d'autant que nous avons dû composer avec une pelouse catastrophique, soit un tartan source d'un tas de blessures dont, justement, celle de notre défenseur central, Aymen Ayari, un pilier à l'expérience incomparable, capable d'apporter énormément au rayon de la stabilité défensive. Nous avons également dû faire sans le playmaker Khaled Gharsellaoui, doté d'un solide bagage technique, resté lui aussi longtemps blessé. Mais nous avons su dépasser toutes ces difficultés, sortant par exemple notre meilleur match à Gabès devant le SG, malgré la défaite. L'effectif ne comprend pas de grands noms certes, mais il démontre un sérieux, une application et une maturité exemplaires. Au play-off, nous serons animés de grosses ambitions sans que nous soyons écrasés par le poids de la pression». «Une œuvre collective» L'investissement de Kouki dans la vie du club est aujourd'hui à ce point marquant qu'il se sent, point de vue technique et même financier, presque seul maître à bord quand il s'agit de fixer les recrutements : «Je choisis le profil qui sied le mieux à un club particulier comme le nôtre, assure-t-il. Ici, il n'y a pas de loisirs. Par conséquent, il faut savoir mettre la main sur les joueurs qui savent s'adapter à un contexte aussi inhabituel et qui peut paraître invivable pour une certaine catégorie de footballeurs. Bref, mon rapport à l'ESM n'est pas celui d'un simple entraîneur». Le staff technique, composé de Ziad Jemouï comme adjoint, Rafik Boukemcha en tant que préparateur physique et Anis Ben Mokdad pour entraîner les gardiens de but est impliqué à cent pour cent dans le projet mis en place : «J'ai carte blanche au rayon des nouvelles recrues, rappelle Kouki. Les deux présidents avec lequels j'ai travaillé, Boussaïri Boujelel et Boujelel Boujelel, savent que je ne ramène pas des joueurs qui coûtent cher, mais plutôt ceux qui ont faim et veulent réussir. Le succès est une œuvre collective. Et c'est dans cet esprit-là que nous avons su rejoindre le palier qui est maintenant le nôtre». Point de vue moyens, ce n'est pas le Pérou, le club ne roule pas sur l'or. Toutefois, le soutien de la compagnie des phosphates de Gafsa est vital, et cela permet au club de s'acquitter de ses obligations financières. Quand bien même le versement des salaires et primes pourrait accuser parfois de gros retards. Le cas actuellement avec quatre mensualités non encore versées. Toutefois, les joueurs savent patienter parce qu'ils savent que, tôt ou tard, l'argent va arriver.