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Là-haut, sur la colline, les rêveries d'un peintre solitaire
«Rêver rousseau»
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 01 - 2017

Un ouvrage qui a fait rapprocher Bernex, père et fils, et aussi l'artiste du philosophe.
Je viens de recevoir le dernier ouvrage Olivier Bernex - Rêver Rousseau (*), une énième parmi les monographies d'artiste qui ont toujours jalonné son parcours et dont, celle-ci, fait pendant à une grande exposition au musée Granet d'Aix-en-Provence, actuellement. Le Musée Granet c'est le musée fétiche de Paul Cézanne, dont Olivier Bernex se revendique comme «un figlio delarte». L'artiste y présente sur plusieurs polyptiques de grand format, les «Rêveries» de Jean-Jacques Rousseau en peinture : neuf rêveries plus une dixième «Rêverie inachevée», qui fut découverte par le père de l'artiste Raymond Bernex, célèbre grammairien, décédé il y a une quarantaine d'années. Le peintre nous dira comment il avait découvert, dans sa maison familiale, à Paris, le Classique Bordas de son père «tout à fait par hasard !». Raymond fit donc paraître cet ouvrage consacré à ces promenades en analysant méthodiquement avec des notices très riches en informations sur le vécu du philosophe livré à lui-même et en proie à des vindictes de la part des encyclopédistes. C'est cet ouvrage-là qui,non seulement va rapprocher le fils du père «car il s'est passé beaucoup de drames chez les Bernex», mais aussi l'artiste du philosophe Rousseau. Olivier vit justement en pleine nature à Allauch, à quelques lieues de Marseille, dans le Garlaban d'où l'on aperçoit de loin la montagne Sainte-Victoire, chère à Cézanne. C'est au cœur de cette nature encore «sauvage» que vit et travaille le peintre. Alors, rattrapé par son passé, lui qui, depuis longtemps avait fui les vieux quais de la scène, alors qu'il avait, tout jeune encore, beaucoup de succès dans les galeries durant le Mai Soixante-huit. Hasard et nécessité du hasard. Ou comme le disait si bien Paul Eluard : «Les rencontres ne sont pas des hasards, ce sont des rendez-vous».
Et c'est ainsi, d'ailleurs, aussi, que j'ai rencontré, il y a plus de vingt ans, cet artiste et que nous ne nous sommes plus quittés, naviguant entre les deux rives de la Méditerranée. Après le festival de Mahrès et beaucoup de découvertes et de travaux entrepris sur la Tunisie jusque durant cette révolution, ce qu'il appelle la Révolution du «Coquelicot», plutôt que du «Jasmin».
Olivier a été le premier artiste à peindre les barques des harragas noyées dans les flots tumultueux de la Méditerranée. J'ai toujours été fasciné par ce peintre pleinairiste et, grand théoricien de l'art. Chez lui, il y a toujours un ensemble qui va de soi entre les idées, les sentiments et les images qui s'accordent en tous points. Un état psychologique complexe qui le pousse à s'évader sans cesse de son milieu vers un dépaysement total. Il en parle beaucoup, à propos des Rêveries et il y a aussi des lectures croisées dans cette monographie comme celle de Bruno Ely, qui dirige le musée Granet, de Yves Michaud qu'il avait rencontré au festival de Mahrès, de Patrick Moquet, de Michel Guérin, d'Alain Avila des éditions Area, des analystes qui, chacun à sa manière, nous dévoile les pans de sa personnalité et de son art en plus près de la Nature...
Les «rêveries» en peinture : un travail de cristallisation
Ces «Promenades du Peintre», à travers les «Dix Rêveries» de Jean-Jacques Rousseau sonnent comme un dernier rappel vers le retour à la nature. C'est une sorte de dépaysement total ou à ses promenades sur la colline, s'ajoutent les fameux carnets de croquis, par centaines, que l'artiste n'a cessé d'accumuler avant de les reproduire, d'une «Rêverie» à l'autre sur ses toiles, y prédomine bien sûr la flore «rousseauiste» dans toute sa splendeur, mais donnée à voir, à l'emporte-pièce, les coquelicots bien sûr, mais aussi d'autres fleurs sauvages, ainsi que des éléments de la faune : bouquetins, sangliers, papillons...
Ce que l'artiste appelle des «Modulations de séquences» pour «rendre visible des formes dans des degrés divers de la perception à établir, des cheminements dans le voir, le sentir». Et faire jaillir des lumières afin d'imposer les formes désirées.
Dans les toiles de cet artiste un «classique-moderne», la composition se trouve toujours décentrée. D'où le rôle des polyptyques afin d'échapper à la seule notion classique.
Nous sommes là en face d'une œuvre propice à toutes les conditions de «cristallisation» qui se sont produites chez l'artiste, durant ces rêveries du promeneur et puis celles du peintre en atelier.
Nous touchons ici à ces régions sub-conscientes de l'être humain qu'est Olivier Bernex et qui se refuse à ce que l'on écrive sur lui, sans qu'il puisse donner son avis, sur telle ou telle idée, concernant sa personnalité. Il est «rousseauiste» déjà de par son itinéaire d'artiste plus ou moins marginalisé dans les milieux artistiques de la capitale où le marketing a fini par détruire l'art. Il avait déjà écrit un livre en ce sens L'exécution de la peinture. Son œuvre est autobiographique. Il est lui-même l'«auto-interprète» de son développement intérieur, tout comme Paul Klee en Tunisie, lorsqu'il se découvre peintre!
Et à propos de cette mostra au Musée Granet, pour ceux qui connaissent Olivier Bernex de plus près, on peut dire que Rousseau est venu à la rescousse, via le père Raymond Bernex, après un si long silence ! Via le décor planté, celui des collines sur les hauteurs de Marseille; via la Tunisie révolutionnaire aussi ! Comme le disait son ami Léo Ferré : «Il a du talent, Olivier Bernex»!
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(*) Editions Erea (Paris)


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