Par Bady Ben Naceur Je n'ai pas pu assister —à cause de petits problèmes de santé—, à la table ronde du Club Tahar-Haddad, du 19 mai dernier, intitulée «L'art contemporain en Tunisie». Cette manifestation, dont le thème n'est pas nouveau dans nos murs (nous en avons fait des centaines depuis Si Chedly Klibi et consorts), était initiée par le Salon d'automne international (SAI) et, plus précisément, le «SAI-Tunisie 2014». Il s'agissait d'un clin d'œil du Salon d'automne parisien qui s'intéresse, maintenant, et de plus près, à l'art pictural tunisien et de la manière de l'«internationaliser». Internationaliser «comme traînée de poudre», aussi bien dans les pays du Proche-Orient, que dans les pays du Maghreb occidental. Le «Salon d'automne international, Tunisie 2014» vient donc de naître et il a été ainsi encouragé et applaudi par les ministères de la Culture et du Tourisme (tunisiens) qui, maintenant, travaillent main dans la main, pour sauver —ou sauvegarder les meubles— après tant de gabegies «faussement identitiaires» provoquées par la gent nahdhaouie, depuis son règne infastueux et macabre. Qu'on se le dise!... En amont, le Salon d'automne parisien, comme dans la fable du «Corbeau et du Renard», a perdu —selon les dires de mon ami, le peintre, Olivier Bernex(*)—, de sa verve et de sa dimension, à l'époque, un siècle plus tôt, des Picasso et des Matisse. Et c'est le cas des salons et des «salonards» —terme plutôt péjoratif—, en général, non seulement en France, mais aussi partout ailleurs, et qui ne peuvent plus tenir le coup face aux retombées de plus en plus cruelles, de la mondialisation. Ils sont donc bien obligés de s'ouvrir pour se régénérer et, régénérer avec eux, l'imaginaire des artistes qu'ils avaient cultivé depuis Cezanne et Zola, les incontournables de la modernité et du scandale de l'affaire Dreyfus. André Gide, et quelques années après le passage de Paul Klee, Mack et Moillet, dont nous venons de «rater» le centenaire avec le décès de Hammadi Chérif, ne disait-il pas que «l'avenir est aux bâtards»! Un écrivain comme tant d'autres, amoureux de la Tunisie, qui était en avance sur son temps, puisque, pour lui, comme pour Paul Valéry, la Méditerranée est toujours porteuse d'énergies nouvelles et bonne à réconcilier et à enrichir les peuples riverains. Même le Musée national d'art moderne (Mnam) de Paris vient de mettre le cap sur la «mondialisation» en nommant Madame Catherine David — une grande Dame, vraiment — en charge de cette fonction. «Une globe-trotteuse insoumise» et très respectée du milieu des arts à Paris (selon le magazine «Beaux-Arts» du mois de mars dernier) et qui se fiche bien de faux-monnayeurs en art des Emirats et de leurs pétro-dollars. Qui a parcouru l'Amérique latine et qui a été fascinée par le Cubain Wifredo Lam, puis par l'imaginaire des bâtisseurs irakiens. Elle serait bien avisée si elle pouvait répondre à nos vœux, de nous rendre visite dans notre «altiplano» maghrébin pour découvrir les multiples facettes de nos patrimoines aux richesses inespérées, insoupçonnées. Ainsi donc, ce salon d'automne, qui a rassemblé tant d'artistes des deux rives de la Méditerranée, devrait être encouragé à plus d'un titre, pour sa nouvelle et future édition. Cette dernière n'ayant pas eu le succès, ni l'affluence tant attendus. On va donc dire aux responsables de cette manifestation : «Bon vent et à la prochaine!», en leur rappelant qu'en Tunisie, et à partir de 1921, nous eûmes notre premier salon tunisien tel que conçu par le sieur Alexandre Fichet qui était, —qu'on se le dise, un socialo-communiste—, c'est-à-dire un farouche opposant de la colonisation. Je vais, de ce pas, chercher dans «la Tunisie illustrée» de ce temps-là, s'il y avait quelques échanges entre le Salon d'automne parisien et le Salon tunisien. Va-t-on savoir? —————————— (*) Olivier Bernex «L'exécution de la peinture». Editions AREA. «Exécution» dans le sens de «la mort» de la peinture.