La région ouest du gouvernorat de Bizerte a reçu un coup dur lors des dernières intempéries. Côté officiel, la vigilance est à saluer. Un train de mesures ont été prises par le gouverneur pour prémunir certaines zones contre la colère de la nature. La société civile, pour sa part, s'est distinguée par un bel élan de solidarité agissante avec les sinistrés. La récente vague de froid exceptionnelle n'a pas épargné le gouvernorat de Bizerte où la vitesse du vent a souvent battu tous les records. La situation n'a pas été certes comparable à celle ayant prévalu dans d'autres régions, comme à Jendouba et Aïn Draham. Mais elle a fort bousculé des familles au sein de la paysannerie bizertine qui souffre le calvaire de la chaleur en été (à cause du déficit quasi chronique d'eau potable) et, en hiver, dans presque tous les «rifs» de Bizerte. A commencer par Joumine, le fief de la misère et des miséreux, où le manteau blanc éclatant a habillé et revêtu le bled et ses contours, plongeant cette zone dans un froid exceptionnel, à geler le sang dans les veines et à paralyser les membres... En quête de refuges de survie Parmi les zones les plus endommagées par les intempéries et les rigueurs climatiques, on cite notamment le rif de Mateur, Ghézala et Sejnane. Là de nombreux foyers de fortune ont été inondés et submergés par les eaux pluviales en folie. Ce qui a contraint leurs occupants de les quitter, les pieds nus, cherchant refuge chez les leurs, installés sur les hauteurs. Beaucoup d'entre eux ont été hébergés dans des centres d'accueil aussitôt réservés à cette fin par les autorités régionales et locales. Au cœur battant de Bizerte Même la ville de Bizerte n'a pas été épargnée par la «rage» de la nature. Là, faute de canalisations d'évacuation adaptées, le cœur battant de la capitale de l'Evacuation a presque cessé de battre sous la pression des flux d'allure torrentielle ayant ainsi submergé et dévasté tous les grands et petits commerces se trouvant sur leur passage. Au grand dam de leurs propriétaires, qui ont vu impuissants leurs biens balayés par le déferlement des eaux et, du coup, mis hors d'usage. Les plus grands sinistrés sont les marchands d'appareils électroniques et électro-ménagers qui ont subi des coups irréparables malgré leurs efforts et leurs agitations dans tous les sens, pour tenter de limiter les dégâts... In extremis ! Le fait le plus saillant à signaler à Bizerte, c'est qu'une vieille dame a failli mourir à cause du froid et surtout de l'absence de moyens de s'en prémunir. L'infortunée, à ramasser à la petite cuillère, a été conduite dare-dare à l'hôpital de la région où on a pu lui sauver la vie in extremis, grâce aux soins intensifs qui lui ont été prodigués. Le feu aux trousses... Cela dit, l'on ne saurait passer sous silence les efforts officiels déployés pour activer les secours et l'assistance des sinistrés au double niveau régional et local. Les comités d'urgence et d'affrontement des catastrophes, mis en place tant dans les chefs-lieux du gouvernorat que dans l'ensemble des délégations, ont pris les mesures nécessaires, orchestrées selon certains témoignages par le gouverneur de Bizerte, et ses lieutenants. L'on va... l'on court... l'on vole ! Tout a été fait pour atténuer le malheur et la déconvenue des familles sinistrées. Des aides en nature et en espèces ont été distribuées aux infortunés dans les meilleurs délais dans les diverses délégations de la région. A Tinja, 33 logements sociaux ont été cédés à des familles nécessiteuses et très mal installées. A Joumine, Ghézala, Mateur et Sejnane, il a été fourni aux sinistrés 900 couvertures et pas moins de 6 tonnes de produits alimentaires divers et de première nécessité. A Ras Jebel et précisément à Chatt Mami, le délégué est intervenu sur terrain pour superviser le sauvetage d'une dizaine de familles, dont les logis avaient été engloutis par les eaux. Les opérations de pompage et de déblayage des espaces environnants ont tôt fait de mettre les intéressés hors danger. Ceux-ci devant être relogés dans des lieux plus sûrs. Toujours à Ras Jebel, une famille nombreuse comptant pas moins de 8 enfants, installée dans des locaux menaçant ruine, s'est vu accorder la possibilité de faire restaurer sa demeure dans les jours à venir grâce aux fonds promis au délégué de la localité par un homme d'affaires. Le gouverneur prend le devant Par ailleurs et à titre préventif, le gouverneur de Bizerte a déclaré qu'une enveloppe du 100.000 dinars vient d'être allouée pour le financement du projet de réhabilitation de la cité El Intilaka à Zarzouna. Ce qui prémunira cette cité contre de sérieux risques d'inondation. Le gouverneur a fait savoir aussi que ce projet a déjà démarré. Le même responsable annonce également l'entame du curage de certains oueds bloquant souvent le passage normal des eaux pluviales, notamment Oued Chabbouhia. Un bel élan de solidarité Ce qui mérite d'être souligné et met du baume au cœur, c'est que cet intense effort officiel est consolidé par celui de la société civile qui, particulièrement dans la région de Bizerte, se montre de plus en plus responsable, vigilante et impliquée dans la chose publique. Dans un élan de solidarité agissante, nombre d'hommes d'affaires et autochtones aisés ont mis la main à la pâte pour organiser des collectes en nature et en espèces en faveur des familles mises à mal par cette terrible vague de froid, surtout celles issues de Joumine, Sejnane, Ghézala, Bazina et autres localités de la région ouest de Bizerte où nos concitoyens sont nombreux à pleurer la misère à la fois par mauvais temps et par beau temps. Au final, il y a lieu de souligner qu'il est grand temps d'imposer un minimum de justice sociale dans ces bleds éternellement laissés pour compte, dans le cadre d'un rééquilibrage interégional qui tarde à pointer à l'horizon... La région de Bizerte a grandement besoin de trouver un épanouissement légitime et mérité...