Une grande affluence motivante qui doit être prise en considération dans l'organisation de la deuxième édition. Une queue à n'en pas finir hier devant les locaux de l'Institut français de Tunis. Le public s'est déplacé en grand nombre (près de 4.000) pour assister à la première édition tunisienne de «La nuit des idées». L'événement, qui se déroule sur les cinq continents : de Dakar à Los Angeles en passant par Bruxelles, Buenos Aires, Katmandou, Marseille, Paris... Tunis, Sfax, et Sousse avec pour thème «Un monde commun», vise à rassembler des personnes d'univers différents atour de débats d'idées variés et d'actualité. La nuit des idées s'est ouverte dès midi (heure locale), avec une «Nuit des océans» à Tokyo pour s'achever à Los Angeles avec une conférence sur les utopies, réunissant des représentants de la Nasa, des spécialistes de l'intelligence artificielle, des artistes et des chercheurs. Entre-temps, chez nous, c'est sous l'intitulé «Alors on pense» que l'on a choisi de baptiser cette première édition. Une excellente initiative de l'IFT qui a drainé un grand public, venu assister aux différentes interventions, d'intellectuels, artistes, musiciens, journalistes, humoristes, écrivains, sociologues et activistes. Une grande affluence motivante qui doit être prise en considération dans l'organisation de la deuxième édition (prévoir plus d'espace pour éviter les encombrements et permettre à plus de personnes d'assister aux interventions). Echanges au bout de la nuit Trois espaces offerts au public, abritant chacun différents panels. La médiathèque qui accueille dans les 100 places a ouvert les débats sur des questions liées à l'urbanisme, l'histoire et les sciences sociales et politiques. L'on a échangé des idées avec Shiran Ben Abderrazek, Habib Kazdaghli et Karima Direche sur la fabrique de l'histoire, avec les journalistes Olfa Belhassine et Hedia Baraket sur l'émergence des mots dans un contexte particulier et l'on a parlé de la réinvention des utopies... Du côté de l'auditorium (150 places), les questions de la religion, de l'islam politique et de la radicalisation ont nourri les débats. L'on a parlé également du rôle de l'art dans la fabrique de l'histoire et du commun avec l'intervention, entre autres, des deux artistes plasticiens, la Tunisienne Intissar Belaid et l'Algérien Massinissa Selmani. Mais, c'est la grande cour qui a réuni le plus de monde vu, d'abord, sa capacité (450 places) mais aussi son programme qui a allié humour avec les performances des deux humoristes : Samia Orosmane et Lotfi Abdelli, musique et débats politiques. En tenue africaine multicolore, la jeune femme d'origine tunisienne ouvre le bal avec un petit sketch qui parle d'altérité et du Maghreb. La dessinatrice Willis From Tunis nous a livré, tout au long de la soirée, ses croquis projetés sur un écran. «Ce qui se développe la nuit est plus prenant» Des idées autour de l'exercice du pouvoir échangées, par la suite, entre Ferid Memmiche, Foued Mbazaa, Bochra Ben Haj Hmida, Hamdi Ben Chaabane et le journaliste du magazine Paris-Tunis, Gerard Sebag en modérateur. L'on est revenu sur la gouvernance 14 janvier 2011. L'on a parlé, ensuite, de défis économiques et dans un registre plus social, l'on a abordé des sujets, tels que l'orientation sexuelle, l'identité du genre, les discriminations et la pluralité. La soirée a été marquée par un entretien assez particulier réunissant l'ambassadeur de France en Tunisie, l'écrivain et intellectuel Olivier Poivre d'Arvor et le philosophe tunisien Youssef Seddik. Un agréable échange philosophique à la lumière des bougies autour du thème de la nuit : la nuit à Tozeur comme décrite par M. Seddik «faite de bruits qui parlent, de frémissements des palmes... L'oasis nous parle et nous raconte des histoires...». Il nous a parlé, également, de la nuit grecque de Mahomet et son rapport à la nuit... L'on a cité, entre autres, Adonis, Hegel, Omar El Khayem et Louis Ferdinand Celine... Pour finir par chanter en chœur avec les présents Alaylou yé Layla. La soirée s'est poursuivie avec la performance de l'humoriste Lotfi Abdelli et le petit concert du duo franco-tunisien Dhamma (Trip hop oriental). Une belle découverte musicale, de quoi clôturer en beauté cette première édition tunisienne de «La nuit des idées».