Filmé avec une justesse remarquable, le spectateur est aussitôt séduit par cette mélancolie saisissante et par une musique jeune et fraîche qui l'accompagne tout au long du film Toujours dans la même lignée des sorties ciné-tunisiennes attendues, un autre film est en salle depuis quelques jours : il s'agit de Demain dès l'aube, premier long-métrage de Lotfi Achour, coécrit avec Anissa Daoued et Natasha de Pontcharra. Une œuvre qui a été présentée pour la première fois à un parterre de journalistes venus le découvrir lors des dernières Journées cinématographiques de Carthage. L'intrigue principale de cette fiction, d'une durée de 83 minutes, se déroule en pleine révolte du peuple. L'œuvre replonge le spectateur dans l'atmosphère chaotique d'une rébellion, qui a atteint Tunis et ses environs, et brosse le portrait de trois jeunes personnages tunisiens, 2 jeunes femmes et un adolescent, issus de milieux différents qui, au gré des circonstances tragiques ont fini par se rencontrer, la nuit du 14 janvier 2011. Commence alors un chassé-croisé amical, qui a émergé des suites d'un vécu sanglant lors de cette nuit d'horreur, profondément marquée par une altercation policière entre les trois jeunes gens et un policier. Quelques années plus tard, les jeunes se font rattraper par leur passé. Les conséquences de cet accident auront des répercussions sur les destins de chacun. Le long-métrage met l'accent sur les désillusions d'une jeunesse qui avait foi en la révolution, et qui n'a goûté que temporairement à une liberté aussitôt réduite aux répressions policières, à la corruption d'un système étouffant, à la misère, au chômage, au régionalisme, mais aussi à l'injustice. Filmé avec une justesse remarquable, le spectateur est aussitôt séduit par cette mélancolie saisissante et par une musique jeune et fraîche qui l'accompagne tout au long du film (Pony Hoax, Anouar Brahem, Machrou3 Leïla...). D'après Lotfi Achour et son équipe, «le film rend hommage, avant tout, à une jeunesse désemparée, déçue et violemment réprimée peu de temps après le 14 janvier, la justice transitionnelle n'a pas suivi son cours. Plusieurs exactions sont restées en suspens. Cette première œuvre est dédiée à nos enfants». Lotfi Achour a dirigé Anissa Daoued, mais aussi Doria Achour, sa propre fille. L'œuvre nous permet de découvrir une actrice, mais aussi une jeune réalisatrice, plus connue en France qu'en Tunisie et qui a déjà plus de dix films à son actif. Le long-métrage est également porté par l'interprétation remarquable d'un jeune acteur tunisien «Achraf Ben Youssef». Pour son tout premier, ce dernier partage l'affiche du film.