L'économiste souligne que la hausse de la note dépend surtout de facteurs externes et appelle à des réformes structurelles en urgence. L'agence de notation financière Fitch Ratings a annoncé ce vendredi 12 septembre 2024 la relève de la note souveraine de la Tunisie de « CCC+ » à « B- », tout en maintenant ses perspectives à « Stables ». Cette décision, saluée par les autorités, reste néanmoins conditionnée à la poursuite des réformes structurelles, notamment celle des subventions et de la masse salariale publique. Une amélioration portée par le secteur extérieur Cette révision positive repose principalement sur l'amélioration des équilibres extérieurs du pays. Le déficit du compte courant s'est résorbé, soutenu par la baisse des prix internationaux des hydrocarbures et des denrées alimentaires, ainsi que par la hausse des transferts des Tunisiens résidant à l'étranger et la reprise du secteur touristique. Ces éléments ont permis de renforcer les réserves de change et d'assurer une liquidité externe suffisante. Les financements des partenaires multilatéraux et bilatéraux ont également joué un rôle stabilisateur en maintenant un accès aux liquidités indispensables malgré la fermeture des marchés financiers internationaux à la Tunisie. Des faiblesses structurelles qui persistent Malgré cette embellie, Fitch met en garde contre les vulnérabilités structurelles qui continuent de brider la notation tunisienne. L'accès très limité aux marchés financiers internationaux, la fragilité des finances publiques et la dépendance aux chocs externes sur les prix des matières premières restent des points préoccupants. L'agence souligne que l'absence de réforme profonde du système de subventions et de la masse salariale publique expose le pays à un risque de dégradation rapide en cas de retournement de la conjoncture internationale. Les réformes : une nécessité impérative pour consolider l'acquis L'économiste Ridha Chkandali, interrogé sur la question, a salué cette décision tout en appelant à la plus grande prudence. « Cette amélioration est davantage liée à des facteurs externes conjoncturels qu'à une réforme en profondeur de l'économie. Si la Tunisie ne engage pas résolument les réformes attendues sur les subventions et les salaires publics, cette note pourrait être remise en cause dès le prochain choc économique », a-t-il expliqué lors de son passage sur Express Fm. Il a également insisté sur la nécessité de clarifier le discours économique et d'harmoniser les messages entre les différentes institutions pour rassurer à la fois les marchés et la population. Une marge de manœuvre réduite Bien que la note se soit améliorée, la Tunisie reste dans la catégorie « spéculative », avec un risque de défaut jugé « substantiel ». Le pays devra donc poursuivre ses efforts pour retrouver la confiance des investisseurs internationaux et sécuriser un financement pérenne de son économie, que ce soit via un accord avec le FMI ou par l'émission de dette sur les marchés internationaux. La prochaine notation de Fitch, attendue dans les mois à venir, sera déterminante et dépendra largement de la capacité du gouvernement à transformer l'essai en engageant les réformes structurelles qui s'imposent.