Le marché financier tunisien ne couvre que 5 à 10 % des besoins de l'économie, contre 30 % dans des pays comparables et jusqu'à 60 % dans les économies développées, a alerté Bilel Sahnoun, directeur général de la Bourse de Tunis. Il s'exprimait lors de la Conférence nationale « Tunisie 2.0 : Réinventer l'attractivité économique et l'environnement des affaires », organisée récemment par la CONECT. Aujourd'hui, les banques assurent près de 95 % du financement, mais elles montrent des signes d'essoufflement. La Bourse, elle, ne compte que 75 sociétés cotées, essentiellement du secteur financier ,alors que des piliers économiques comme le tourisme, l'agriculture ou l'énergie en sont absents. Résultat : une capitalisation boursière qui plafonne à 20 % du PIB, très loin de la moyenne de 50 % observée ailleurs. Pour inverser cette tendance, Sahnoun appelle à réformer le cadre réglementaire, diversifier les instruments financiers (produits dérivés, marchés de commodités, IT) et instaurer une introduction en Bourse obligatoire pour certaines grandes entreprises, à l'image des pratiques américaines ou indiennes. Selon lui, cette mesure stimulerait la transparence, la gouvernance et la capitalisation. La Tunisie dispose de secteurs porteurs capables de rayonner régionalement. Mais sans simplification administrative, modernisation des financements et amélioration de la gouvernance, le pays restera enfermé dans un cycle de survie, incapable de transformer son potentiel en croissance durable.