Clubs, arbitres et instances : chaque intervenant doit apporter sa pierre à l'édifice d'un play-off (et par la suite d'un play-out) dépouillé des scories qui empoisonnent notre football Le play-off va prendre après-demain son envol dans le dénouement qui caractérise les budgets des clubs d'élite. Les petits n'arrivent plus à suivre le rythme, dépassés par les coûts de fonctionnement opposés à l'assèchement des sources de financement. Avant-hier, c'était le tour de l'Espérance Sportive de Zarzis de payer la note d'une telle «paupérisation» caractéristique du football post-révolution. L'effectif a boycotté la séance du mercredi dernier, à la grande surprise de l'entraîneur Mounir Rached. En effet, c'est bel et bien la bagatelle de quatre salaires qui n'ont toujours pas été versés. Ce qui suscite la grogne des joueurs lesquels, on le comprend parfaitement, ont contacté des engagements qu'ils ne sont plus en mesure d'honorer dans de telles conditions. Le club «sang et or» subit aujourd'hui une paralysie quasi-générale. Son président, Mouldi Abichou, n'est pas loin de rendre le tablier et de mettre la clé sous le paillasson. Un SOS désespéré a été lancé à l'adresse de l'imposante colonie zarzissienne, installée en Europe afin qu'elle vole au secours de son club favori, financièrement s'entend. La situation paraît actuellement sans issue, les fans les plus optimistes ne voyant pas le bout du tunnel. Et c'est dans l'urgence que l'on tente de préparer correctement les échéances les plus immédiates, à savoir l'entrée en lice au play-out qui se fera le 3 mars prochain avec l'accueil de l'Avenir Sportif de La Marsa. Les soucis financiers prennent le dessus Naturellement, au niveau de la Ligue 2, les choses ne vont guère mieux. A deux journées de la fin de la première phase, les joueurs du Football Club de Hammamet en sont réduits à observer une grève de l'entraînement pour protester contre les retards de paiement des salaires, de l'ordre de deux à trois mois. Les hommes d'Anis Boujelbane, eux aussi, en appellent à une salutaire campagne de soutien de la part des nombreux établissements hôteliers et de restauration établis dans la cité touristique. Le club capbonais est également sous pression. Il court derrière un ticket au play-off, et doit s'y investir à fond, la concurrence étant rude. Comme on le constate, les soucis financiers supplantent ceux d'ordre technique. Les courbes, indices et taux font loi au lieu des systèmes de jeu, choix stratégiques et équilibres collectifs. C'est donc sur fond de tensions financières que va démarrer la phase la plus importante de la saison, celle qui va déterminer le champion de Tunisie et les clubs qui viendront rejoindre l'Etoile Olympique de Sidi Bouzid et l'Olympique de Béja au purgatoire. Veto contre tout chambardement du programme Dimanche prochain, la course au titre de champion de Tunisie 2017 va démarrer sur les chapeaux de roues avec une triple affiche : le classico Club Africain-Club Sportif Sfaxien et deux duels inédits à ce niveau, en ce sens où personne n'attendait de voir les deux clubs sudistes aller aussi loin : Etoile Sportive du Sahel-Union Sportive de Ben Guerdane et Etoile Sportive de Métlaoui-Espérance Sportive de Tunis. La Ligue nationale de football professionnel a mis tout le monde sur un pied d'égalité en rejetant l'idée d'avancer tel ou tel match de 24 heures, y compris dans le cas d'un accord entre les deux clubs concernés. En effet, le CA et le CSS d'un côté, l'ESM et l'EST de l'autre ont demandé à jouer demain au lieu de dimanche pour bénéficier de 24 heures de récupération supplémentaire dans la perspective de la deuxième journée qui survient trois jours plus tard, soit mercredi prochain. Le football doit, en effet, compter avec les impératifs de la retransmission télévisée dont le programme est fixé d'avance. Déjà, lors de la première phase, les chamboulements intempestifs du programme ont provoqué la colère de la chaîne détentrice des droits TV, à savoir Al Watanya. Celle-ci a été du reste tout près de résilier son contrat tant les remaniements de calendrier ont fini par lui donner la nausée. Cela aurait été le comble pour un football privé de ses sources de financement habituelles. Ambiance de corrida C'est un véritable tournant de la saison que vont négocier les acteurs et du play-off et du play-out. La contestation, la violence sur et en dehors du rectangle vert et le refus catégorique de la défaite qui fait pourtant partie des règles du jeu rendent depuis de nombreuses saisons déjà l'atmosphère des stades infecte. Pour ne pas ajouter à un tel décor déprimant, il est vraiment fastidieux, voire écœurant que les arbitres mettent du leur et marquent de leur empreinte ces petites batailles du dimanche, une corrida digne des films de Far-West. Il n'est pas vraiment malin de rouler pour tel ou tel club. Il serait même injuste de se croire tenu de favoriser la bande des quatre grands au prétexte que l'Etoile de Métlaoui et l'Union de Ben Guerdane sont déjà tout heureuses d'être conviées à la table des seigneurs. Rendre à César ce qui lui appartient ajouterait en effet au charme d'un play-off très ouvert et épargnerait à la famille du football les chamailleries qui ajoutent aux divisions et aux relents régionalistes de l'heure. Bref, un play-off «clean» dépendra en grande partie d'un arbitrage au-dessus de tout soupçon. Afin de pouvoir savourer le jeu, le spectacle et vibrer au rythme de la rivalité légendaire entre toutes ces grosses écuries. Toujours est-il que les clubs doivent coopérer et raison garder. Le foot, y compris et surtout de haut niveau, est un spectacle, pas la guerre.