Par Jalel Mestiri Les entraîneurs que la DTN forme savent mettre en place les exercices, mais ne réfléchissent que trop rarement en termes d'objectifs. Au cœur d'un système délicat, parfois même obscur, entre l'obligation de l'immédiat et la projection sur long terme, l'entraîneur doit être à la fois un technicien à la formation théorique et technique confirmée, un débatteur convaincant. Mais surtout un gagneur et un visionnaire. Cependant, avant de parler de résultat, principal critère d'évaluation de toute une carrière, l'entraîneur aurait tout le temps besoin de formation et de recyclage. S'il n'avance pas, il recule. S'il n'est pas à la page, il sera dépassé. Le métier évolue et ne cesse de s'ouvrir sur de nouvelles approches, de nouvelles stratégies de jeu, d'accomplissement, de communication. Le profil du technicien n'est plus, aujourd'hui, le même. Ses connaissances encore davantage. On ne parle plus seulement de football, mais on va bien au-delà. L'acquisition de nouvelles techniques et la formation continuelle sont des facteurs très importants pour la réussite. L'entraîneur n'est plus seulement l'homme qui dirige l'équipe sur le banc, qui conduit les séances d'entraînement tout au long de la semaine, mais celui qui sera même capable de modifier la façon de jouer de toute une équipe, de la mettre en condition de gagner. Dans un métier qui ne cesse pas, et ne cessera jamais, d'évoluer, on a aujourd'hui de plus en plus conscience de l'importance accordée au travail de base et à l'acquisition de l'aspect technique de jeu. Il faudrait pour cela être plus qu'un entraîneur. C'est une question d'inclusion et jamais d'exclusion. C'est, d'ailleurs, dans ce domaine- là que les progrès accomplis sont les plus nets. Et ce n'est pas tout. Il y en a justement de ces entraîneurs qui n'hésitent pas, par la force des choses, à se reconvertir en véritables stratèges et qui sont capables d'insuffler à leurs hommes une énergie débordante, à la fois physique et mentale. L'entraîneur qui analyse rivalise aujourd'hui de plus en plus avec l'entraîneur qui galvanise. Les endroits difficiles à pénétrer sont devenus accessibles. Vaste programme qui exige de la volonté, l'initiative personnelle, la passion, l'énergie, le dynamisme mais aussi les moyens humains et financiers. Le rôle de l'entraîneur est tellement en évolution, voire en transformation, qu'il confère de nouvelles prérogatives, de nouvelles attributions. Dans l'ensemble, les entraîneurs que la Direction technique forme au sein de la fédération savent mettre en place les exercices, mais ne réfléchissent que trop rarement en termes d'objectifs. Ils ne savent pas dans quel but ils abordent tel ou tel domaine, ni encore avec quel impact sur les joueurs. Visiblement, il manque sur place des formateurs. La plupart de ceux qui y sont déjà sont mal outillés en ce qui concerne les nouvelles méthodes d'entraînement. La Direction technique a aussi intérêt à donner leur chance aux jeunes, et cesser de privilégier les sentiments qui rejettent le football en arrière. Ceux qui ont déjà servi devraient comprendre que l'on cherche des techniciens en pleine possession de leurs moyens et non pas des candidats à des planques dorées. Découragés dans un milieu pas vraiment favorable, beaucoup ont préféré s'expatrier sous d'autres cieux où ils sont à des exploits de plusieurs équipes. Il faudrait non seulement encourager ces jeunes entraîneurs, mais aussi les soutenir et leur donner les moyens de se former. Surtout ne pas brider leur enthousiasme. La carrière a certes son importance, mais le savoir-faire ne dépend pas seulement du nombre des années passées sur le banc. Franz Beckenbauer n'était pas un grand entraîneur. Cela ne l'a pas empêché d'être un excellent sélectionneur. Il s'imposait par sa seule présence et son charisme. Le 8 juillet 1990, dans les vestiaires du stade olympique de Rome, avant la finale contre l'Argentine de Maradona, il avait lancé une phrase très significative : «Et maintenant, allez sur le terrain et jouez au football !» Quelques mots d'une banalité confondante, comme pour dédramatiser l'instant, mais des mots qui peuvent toucher au cœur lorsque c'est une légende qui les dit.