Aujourd'hui, à 17h30, l'Association Vigilance pour la démocratie et l'Etat civil organise un débat sur le thème : «Le sacré et nous : quelles répercussions sur la liberté d'expression et de création?» L'Association Vigilance pour la démocratie et l'Etat civil est née il y a quatre ans en plein climat de bipolarisation politique et identitaire. Et aussi d'insécurité par rapport au contenu d'une Constitution en voie de rédaction. Si les membres de l'association, un groupe de journalistes indépendants et d'enseignants à l'IPSI, continuent à suivre de près et à régir par rapport aux tribulations sociales, culturelles et politiques de la transition démocratique, ils semblent aujourd'hui focaliser une plus grande attention sur les médias. En lançant, notamment depuis le début de cette année, un cycle de débats mensuels intitulés « Les cercles de la liberté d'expression ». Ces cercles sont présentés par les membres de l'Association Vigilance, présidée par Kamel Laâbidi, ancien président de l'Instance nationale indépendante de réforme de l'information et de la communication (Inric), comme une opportunité de réflexion sur le métier de journaliste en particulier, sur les médias en général et, plus encore, sur une valeur fondatrice de toute démocratie : la liberté d'expression. Cette liberté qui intéresse nombreuses autres disciplines notamment dans une phase trouble de transition : les académiciens, les militants de la société civile et des droits de l'homme, les artistes... D'où le thème du prochain cercle, qui sera organisé demain, au cinéma le Rio sur «Le sacré et nous : quelles répercussions sur la liberté d'expression et de création?». Car après les années 2011 et 2012, fertiles en procès mettant en corrélation liberté d'expression et sacré, dont l'affaire Persépolis en octobre 2011 et les événements du Printemps des arts d'El Abdalliya en juin 2012, voilà que la polémique autour du titre de la chorégraphie du Théâtre national, « Alhakom attakathor » (Fausse couche), remet, il y a quelques semaines, sur le tapis le sujet des limites de la liberté d'expression face au religieux. Mais quelle définition de ce sacré que la Constitution tunisienne nomme dans son article 6 ? La notion de «protection du sacré » ne contredit-elle pas celle de la liberté de conscience, traitée dans ce même article 6 ? La révolution tunisienne, en libérant l'islam politique, a-t-elle engendré un autre type de censure lié au religieux ? L'artiste peut-il aller jusqu'au bout de sa créativité alors que cette épée de Damoclès est continuellement suspendue au-dessus de sa tête ? Pour décrypter les enjeux culturels et socio-politiques planant autour de ce sujet, l'Association Vigilance a invité quatre intervenants, la juriste et écrivaine Kehna Abbès, la plasticienne et universitaire Nadia Jelassi, le chorégraphe et auteur de Fausse couche Néjib Khalfallah et le philosophe Mounir Kchaou. Le débat, ouvert aux réactions du public, s'annonce intéressant.