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La parité, toute la parité et rien que la parité! Conférence internationale sur la participation de la femme à la vie publique, politique et à la prise de décision
Le ministère des Affaires de la femme et de la famille organise, depuis hier, les travaux d'une conférence internationale sur la participation de la femme à la vie publique, politique et à la prise de décision; un évènement ayant pour slogan «Jamais sans les femmes», auquel concourent certaines organisations internationales impliquées dans la cause féministe, à savoir l'Unfpa, le Pnud et ONU femme et qui réunit bon nombre de hauts responsables représentant la femme dans divers pays de la région. L'objectif étant de promouvoir la participation de la femme arabe, en général, et tunisienne, en particulier, dans le projet de la transition démocratique et lui assurer le climat favorable à une contribution plus importante et plus efficiente dans la vie publique et celle politique plus précisément. Il faut dire que la femme tunisienne a tenu, depuis l'Indépendance, à participer au développement socioéconomique, politique et culturel d'une Tunisie qui se veut moderne tout en étant authentique, ouverte aux autres civilisations, respectueuse des us et coutumes et aspirant, sans relâche, à prospérer. Fidèle à ses convictions et à sa patrie, la femme a également participé à la révolution populaire; une contribution massive qui témoigne de la volonté confirmée de soulager la patrie des maux de la dictature qui l'accablaient. Aujourd'hui, la place de la femme tunisienne dans la vie publique et politique demeure, hélas, bien en deçà des attentes d'une femme active, cultivée et libre. Pourtant, les élections du 23 octobre 2011 ont permis de démontrer, une fois de plus, les compétences de la femme dans un domaine quasi réservé à la gent masculine. La gestation démocratique dans un pays considéré comme étant pionnier en matière de libération de la femme doit impérativement poser les jalons d'une implication plus prononcée et plus fondée de la participation de la femme dans la vie publique et politique. Plus qu'une logique, il s'agit d'une volonté signifiée à l'unanimité non seulement par les femmes tunisiennes et arabes mais aussi par les représentants des organisations internationales ainsi que les pays occidentaux les plus développés. Aussi, M. Mohamed Bel Houssine, représentant du Pnud à Tunis, a indiqué, lors de son intervention, que le développement ne peut avoir un effet durable que lorsque les décisions politiques seront prises et par les hommes et par les femmes. Il a rappelé que la Tunisie a toujours été pionnière en matière de promotion de l'égalité entre les genres. En effet, la femme a décroché son droit au vote depuis 1957, soit une année après l'Indépendance. En mai 2011, la législation a exigé le principe de la parité entre les genres, notamment dans les élections. «La participation de la femme aux élections du 23 octobre 2011 a été supérieure à la moyenne internationale de 7%», souligne l'orateur. Il n'a pas manqué de rappeler que le Pnud se penche sur le renforcement de la participation de la femme aux élections; un renforcement qui passe également par la formation et le suivi. L'orateur souligne, également, que le renforcement de la contribution féminine à la vie politique et publique nécessite inéluctablement un arrêt sur les obstacles qui entravent l'égalité entre les genres. La rencontre a permis, par ailleurs, aux hauts représentants des pays arabes de donner, chacun — ou chacune — un aperçu représentatif du parcours féminin dans leurs pays respectifs. Le parcours de la combattante Prenant la parole, Mme Maryam Mojtahezadeh Larijani, présidente du Centre des affaires de la femme et de la famille en Iran, a indiqué que la femme iranienne a réussi à décrocher une place honorable dans la société iranienne et ce, via le principe de la méritocratie. Sa contribution dans 14 domaines lui a valu le statut d'une véritable concurrente de l'homme. Aujourd'hui, la place de la femme iranienne est à promouvoir afin que cette dernière puisse aller plus de l'avant. Il importe, en effet, de tabler désormais sur la promotion d'une législation plus équitable entre les genres afin de permettre à la femme d'accéder davantage aux postes de décision. L'amélioration de la recherche juridique pro-féministe ne peut se passer de la contribution de la société civile. Elle n'a pas manqué d'avancer des chiffres phares, traduisant le développement de la participation de la femme iranienne à la vie politique. Ainsi, et au bout de huit cycles électoraux, le taux de sièges occupés par les femmes au Parlement a augmenté de 300% ; celui de la participation féminine aux éléctions a augmenté de 365%. Plus encore: l'accès des femmes aux postes de décision n'était que de 0,525% en 1986. En 2007, il a atteint 3,36%, soit une augmentation de 29%. Mme Larijani souligne, toutefois, l'impératif d'asseoir une infrastructure favorable à la présence féminine dont des centres de formation pour femmes dans les provinces et le développement du principe du réseautage entre les sociétés. Toujours lors de la cérémonie d'ouverture des travaux de la conférence internationale sur la participation de la femme à la vie politique, publique et à la prise de décision, l'expérience marocaine a été mise en exergue par Mme Bassima Hakkaoui, ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social au Maroc. Mme Hakkaoui s'est félicitée de la nouvelle opportunité dont bénéficie la région arabe et qui consiste en la cohabitation de différents mouvements et de différentes idéologies, loin de toute forme de marginalisation et d'exclusion. Elle a indiqué que la région arabe doit saisir cette occasion pour fonder la démocratie sur des bases solides. «Il faut sacrifier l'égoïsme politique et affrimer la primauté du patriotisme», propose-t-elle. Elle a, par ailleurs, salué le développement qu'a connu la femme arabe ; un développement qui demeure en deçà des ambitions. «Nous avons besoin d'un climat favroable à l'élaboration d'une législation pro-féministe et égalitaire. La femme a besoin d'avoir plus confiance en elle-même afin d'aller de l'avant. Or, dans nos sociétés, la femme est souvent en butte à une critique sexiste», note-t-elle. Prenant la parole à son tour, Mme Rabiha Diab, ministre des Affaires de la femme en Palestine, a indiqué que la Tunisie a besoin d'un coup de pouce pour que la femme puisse préserver ses acquis, voire les renforcer, et pour que le printemps arabe ne se métamorphose pas en un automne arabe. En dépit de la situation politique épineuse qu'endure le peuple palestinien depuis des décennies, la femme palestinienne a réussi, un tant soit peu, à s'intégrer dans la vie politique et publique. En effet, elle représente 12,5% du Parlement. «Nous avons même eu, à un moment donné de l'Histoire, à voter pour feu Yasser Arafet ou pour la militante Samiha Khalil. Certes, elle savait qu'elle ne pourrait jamais concurrencer le leader de la cause palestinienne. Toutefois, sa candidature avait l'effet d'un message pro-féministe à retenir», explique Mme Diab. De son côté, Mme Wadouda Badran, présidente de l'OFA, a indiqué que la présente conférence s'avère une occasion précieuse pour examiner la participation de la femme arabe à la vie politique et publique. Si le contexte socioéconomique est souvent placé sous le signe des mutations, celui politique s'avère être le plus représentatif. Transition démocratique et expérience de l'alternance La séance plénière a été axée sur le thème des expériences arabes après la révolutions en tant que leçons à retenir. La Tunisie comme la Libye ont connu des expériences intéressantes en matière d'alternance. Pour ce qui est de l'expérience tunisienne en la matière, elle a permis de cerner les points positifs et les lacunes qu'il faut combler. Dr Dorra Mahfoudh, sociologue et experte du genre, a démontré, lors de son intervention, la contribution de la femme tunisienne aux évènements du 14-Janvier, mais aussi aux premières élections démocratiques de l'histoire de la Tunisie. Sa participation massive aux manifestations et aux sit-in ainsi que sa contribution au nouveau paysage politique ne lui ont tout de même pas épargné des lacunes socio-culturelles à combler. Mme Mahfoudh note le contrôle excessif de la vie des femmes politiques, les pratiques sexistes dans le leadership politique, ou encore l'absence de socialisation politique de la gent féminine, y compris dans les institutions universitaires. De son côté, Mme Lobna Jribi, politicienne et membre de l'ANC représentant Ettakatol, a traité, lors de son intervention, du thème de l'égalité entre les genres en tant que problématique qui ne peut être résolue qu'en considérant et en imposant le principe de la parité et de l'alternance. Mme Jribi a proposé de recourir à l'encouragement financier de la gent féminine — un procédé opérationnel à l'échelle internationale — ainsi que la création au sein de l'ANC d'un groupe parlementaire féminin ou une délégation parlementaire féminine, comme c'est le cas dans maints pays occidentaux et démocratiques. De telles mesures sont à même de booster la participation féminine à la vie politique afin que la femme puisse compter 50% du gouvernement et concrétiser ainsi le principe de l'égalité entre les genres.