Par Kamel Ghattas Revenant prévenu et assez intelligent pour comprendre ce qui l'attendait, le sélectionneur de l'équipe nationale de football a bien trouvé la phrase imagée avec laquelle il a résumé en quelques mots ce qu'il était venu faire dans cette galère : c'est une opération commando ! Et il avait bien raison. En effet, ce qui le sépare de la première épreuve à laquelle il sera confronté n'est pas bien loin. N'était son caractère de fonceur et de gagneur qui avaient fait de lui un des meilleurs joueurs de sa génération, le nouveau coach, n'aurait sans doute pas accepté ce défi. Mais il voulait coûte que coûte revenir à la tête de cette équipe, tout en portant en lui ce désir de revanche qu'il saura sans doute transmettre à ses joueurs. Connaissant parfaitement l'ambiance de cette équipe, il a, a priori, gardé à ses côtés un fin technicien et théoricien, l'adjoint du précédent entraîneur, pour éviter de briser la chaîne. Ce duo, saura à notre sens motiver et trouver les mots justes pour mobiliser les troupes et mettre chaque joueur au-devant de ses responsabilités. C'est que pour cette phase extrêmement importante, il ne s'agit nullement de faire des essais et de multiplier les éprouvettes et les alambics. On doit rapidement aller droit au but et les éléments qui seront choisis seront ceux qui éprouvent ce sentiment d'abnégation qui font les grandes équipes, du moins celles qui sont constituées de joueurs qui ne trichent pas et ne font aucun calcul. Nullement dépaysé, le nouveau sélectionneur, qui en principe n'a jamais quitté sentimentalement la sélection, connaît parfaitement ceux qui seront prêts à être à la pointe du combat. Ceux qui ne fuient jamais leurs responsabilités et ne prennent pas la « précaution » de se « blesser » avant une convocation, et de connivence avec leurs dirigeants, pour éviter de rejoindre le reste de l'équipe. Comme il y a une coupe du monde qui est promise à ceux qui réussiront cette gageure, il y aura moins de problèmes de ce côté-là, mais, seul l'avenir nous dira ce que chaque convoqué aura éprouvé une fois la mission terminée. Il n'y aura donc pas de place au sentimentalisme, et le sélectionneur ne fera appel qu'à de véritables combattants qui ont déjà fait leurs preuves, soit au sein de leurs équipes respectives à l'étranger, soit au sein des formations tunisiennes encore qualifiées en compétitions africaines des clubs. Dans ces équipes, figurent d'ailleurs des éléments, dont le rendement est aussi régulier que de très bon niveau. Un rendement et un niveau bien plus supérieurs à ces joueurs que l'on convoque au terme d'un tour du monde pour soi-disant les observer avec leurs équipes. C'est dire qu'il y aura des surprises et qu'il faudra apprendre à composer avec une toute autre façon de penser. Ceux qui se sont expatriés, ne sont en rien, à quelques exceptions quand même, supérieurs à ceux qui sont restés en compétitions nationales, et la détermination du choix se fera au niveau de la combativité et de la disponibilité. Cette opération commando peut réussir. Le seul fait d'en être conscient est déjà un motif de mobilisation qui devrait mettre toutes les parties prenantes au-devant de leurs responsabilités. Les joueurs tout comme le personnel d'encadrement qui les entoure, seront motivés par cette façon de penser, à l'effet de se préparer psychologiquement et mentalement, et de se mettre dans la peau de ceux qui sont condamnés à réussir.