Il ne peut y avoir de grande équipe de Tunisie sans des joueurs capables de faire la différence à tout moment. Mais surtout sans l'implication à fond du sélectionneur... La sélection est mystérieuse. Elle est énigmatique. Des fois étrange même pour ceux qui la connaissent de près. Au-delà des attitudes des joueurs et des prises de position de son entraîneur, le plus souvent curieuses et pour le moins dénuées de sens et de réalisme, c'est l'incapacité d'enchaîner qui met en cause le parcours de l'équipe. Le goût d'inachevé et l'habitude de faire les choses à moitié. Ce sentiment se manifeste particulièrement lorsqu'un comportement anodin et sans conséquence compromet les acquis et le capital confiance d'une époque de plus en plus révolue. Cela prend des proportions incompréhensibles lorsque le contexte dans lequel elle travaille devient explosif. Cette figure typique d'équipe fragile finit par devenir une source de pessimisme et de doute. Nous osons aujourd'hui dire que Kasperczak est le principal responsable de ce qui arrive à la sélection. Ses choix, ses assortiments, ses agréments et ses prédilections ne font pas l'unanimité. Pire : ils éloignent peu à peu l'équipe de ses fondamentaux et des valeurs qui font sa raison d'être. Il faut dire que le choix de joueurs susceptibles de faire une bonne équipe a des critères bien précis. Des critères qui sont fortement liés au degré de forme des joueurs, à leur état d'esprit, à leur complémentarité, à leur qualité et à leur intelligence de jeu. Mais aussi aux objectifs tracés : c'est-à-dire obtenir des résultats ou essayer de construire. Avoir une place en sélection nécessite une vraie réflexion de la part du sélectionneur et de son staff. Il s'agit à n'en point douter d'une option décisive et déterminante dans le parcours de l'équipe. Le joueur sélectionnable a un profil bien spécifique. La première chose à laquelle doit s'intéresser le sélectionneur dans la liste des convoqués, c'est sa complémentarité entre les joueurs de chaque compartiment. Il y a ici le côté collectif au vrai sens du terme. Celui qui aspire à une place en sélection n'a qu'une seule alternative : s'engager là où il est sollicité: autrement dit, dans les duels, dans les contacts, dans la construction, voire la création du jeu. En un mot, dans toutes les phases où il est censé maîtriser le temps et l'espace. Le mental est important dans ce genre d'entreprise. Les qualités d'adaptation et d'épanouissement dans un esprit de groupe sont déterminantes. La complémentarité et la bonne répartition des rôles sont une composante essentielle de la solidité d'une sélection. Les critères de choix d'un joueur capable d'apporter le plus à une sélection tournent aussi autour des éléments de référence, tels que les aptitudes et les capacités de se donner à fond et sans la moindre retenue. Le comportement dans les situations difficiles est également un repère de choix pour connaître son degré d'utilité. Ils jouent leur avenir !... La mobilisation et l'adhésion sont dans tout cela deux critères exigés. Faire partie d'une sélection, c'est avant tout un état d'esprit. Une sérénité dans le jeu et dans le comportement. On en a vu de ces joueurs régresser, faiblir, décliner, accuser le pas, parce que tout simplement le mental ne répond plus. On dirait un profil complètement différent de celui dévoilé, ou encore de celui attendu. Dans ce genre de contexte, le tempérament de leader peut s'avérer tranchant, la capacité à communiquer avec les autres aussi. Un joueur de l'équipe nationale doit impérativement afficher la qualité de leadership. Aujourd'hui, les mentalités ont changé et les joueurs charismatiques dont a vraiment besoin la sélection n'existent plus, ou presque. Et bien que ce soient des exceptions, nous avons encore le souvenir des joueurs compétiteurs qui n'ont jamais cessé d'avoir envie de gagner toutes les épreuves dans lesquelles ils sont impliqués. Dans les matches amicaux ou officiels. Ceux qui détestent prendre des buts, encore moins perdre. Ces joueurs-là sont entrés dans l'histoire du football tunisien avec leur personnalité. Ils avaient une qualité particulière et qui était susceptible de rejaillir sur l'équipe. Le sentiment d'appartenance, qu'on est en train de perdre aujourd'hui, était le principal atout des sélections qui ont laissé leur empreinte dans le football tunisien Kasperczak n'a pas aujourd'hui le souci permanent du détail. Cela se reflète fortement sur le comportement et le rendement des joueurs sur lesquels son choix s'est porté. Un sélectionneur a besoin de joueurs qui prennent naturellement leurs responsabilités, qui font l'unanimité dans les vestiaires et sur le terrain. Qui ne se cachent pas quand l'équipe joue moins bien. Qui prennent des initiatives et montrent la voie à suivre. On se souvient de ces joueurs-cadres qui lorsqu'ils s'adressaient à leurs coéquipiers, tout le monde écoutait... Le joueur de l'équipe nationale est un joueur à part. Il sait que c'est dans la performance de joueur à tout faire sur le terrain qu'il sera encensé ou critiqué, sur le nombre de ballons récupérés également, ou encore les passes données. Mais il reste un joueur où qu'il joue. Evidemment, il évolue avec le temps, avec l'âge, tout en ayant l'aptitude nécessaire de s'adapter... Ce soir, face à la sélection marocaine au Marrakech, et pour le compte d'un deuxième match amical après celui perdu à domicile face au Cameroun, l'équipe de Tunisie, et tout particulièrement Kasperczak, n'ont plus le choix. L'avenir de beaucoup de joueurs, comme celui du sélectionneur, dépend du résultat de cette rencontre. Au fait, il ne peut y avoir de grande équipe de Tunisie sans des joueurs capables de faire la différence à tout moment. Mais surtout sans l'implication à fond du sélectionneur. Depuis la dernière édition de la CAN, les résultats de la sélection ne cessent d'interpeller sur fond d'inquiétude majeure. On se demande à quelle vision de performance fait-on encore référence quand tout ce qui est préconisé n'est pas réellement adapté aux exigences de haut niveau. On oublie souvent la dimension que dégage ce genre de confrontations amicales, alors que les épreuves de la Coupe du monde et celles de la CAN se préparent impérativement sur un cycle et à long terme...