Constatant que la confiance commence à s'effriter dans les rangs du CA, Chiheb Ellili doit opérer un changement de management de ses troupes. Depuis quelque temps, le CA n'a plus le même état d'esprit. En cause, une certaine fatalité propre à un groupe qui se retrouve quelque peu frustré par les fautes d'appréciation d'un corps arbitral qui l'a énormément lésé, tout comme une belle brochette d'équipes d'ailleurs. Un arbitrage tantôt à la carte, de temps à autre conciliant, voire tendancieux, a fini par exaspérer un CA qui s'est par la suite détaché de son objectif principal, le jeu. Fermons cette parenthèse et revenons au rectangle vert. Depuis l'avènement de Chiheb Ellili, le jeu clubiste a gagné en densité et en profondeur. Sauf que le système de ce dernier exige une forte capacité de sacrifice (implication totale, jeu sans ballon...). L'orientation d'Ellili se base sur l'effort continu, sur la course, sur la projection rapide vers l'avant, sur le pressing incessant, sur le repli défensif éclair. Pas difficile à assimiler, pas évident à appliquer. Cela demande des ressources, de l'endurance et des qualités collectives de prime abord encore embryonnaires au sein du groupe clubiste. En clair, l'équipe doit être en supériorité défensive quand le rival attaque, et mettre au minimum quatre ou cinq joueurs dans la surface adverse, dans le paquet, à chaque centre. A défaut, c'est peut-être ce qui explique les cycles courts d'un CA qui peine à enchaîner et aligner les succès de rang. Hypothèses, évidences et certitudes Certains s'avancent même à dire que le staff technique doit reconnaître qu'il a trop tiré sur la corde et que cette dernière a fini par lâcher. D'autres orientent leur regard vers la source, les joueurs. Ces derniers étant dans l'obligation de remettre le bleu de chauffe et de réagir. Mais un troisième «courant de pensées» voit les choses différemment. Sans doute par protection, plus d'un observateur rejettent l'idée d'un manque d'implication des joueurs. Et, au contraire, vantent le «cœur» des hommes à Ellili. Il faut admettre ce qui coule de source parfois. Au sein du groupe, le problème est plus profond. Certains n'ont pas d'ailleurs manqué de faire passer le message: l'équipe manque de choix, de jokers et d'alternatives. Volet animation, quand Darragi marque le pas ou reprend son souffle, la dynamique offensive est défaillante. C'est à n'en point douter la principale préoccupation de ces derniers temps. Bref, la finalisation des attaques n'est pas bonne quand ça piétine au cœur du jeu. Un CA qui réussit à élaborer, mais pas à finaliser. C'est forcément frustrant à terme. Alors, Ellili cherche, teste, mais il ne peut le faire constamment, même si c'est un homme de répétition et d'automatismes. Et, certainement pas d'improvisation. Il a son onze depuis quelque temps, sa stratégie (en 4-2-3-1) et ses plans de changement en cas de blessure ou d'évolution du score. Manoubi Hadded dans un couloir ? Cela n'a pas marché. Cela revient à se priver des qualités naturelles d'un joueur qui affectionne les petits espaces. Et, surtout, ça ne fait qu'empirer l'animation offensive. Reste au coach quelques options par défaut comme Abdi qui prend du galon et Kchok qui doit remettre les pieds sur terre. Bref, nous ne sommes plus dans le cadre des hypothèses. Il s'agit ici d'évidences et de certitudes même. Après quelques ratés et des tensions internes, le CA ne peut plus voir venir. Sinon, d'ici la fin de la compétition, il pourrait se retrouver à portée de fusil de ses concurrents. Des concurrents dans le rétroviseur, des adversaires qui ne pensent qu'à couper le passage à la corde... Pour éviter ce scénario du pire, Ellili doit forcément travailler aussi bien les aspects psychologiques que tactiques. A titre d'exemple, constatant que la confiance commence à s'effriter dans les rangs de l'effectif, il doit opérer un changement de management de ses troupes. Il doit changer sa façon de fonctionner et se rapprocher plus d'eux. Il ne doit pas se limiter à les blâmer pour insuffisance de résultats. D'ailleurs, quelques semaines auparavant, cette volonté de se montrer plus paternaliste s'est déjà traduite dans les faits. Et la méthode a fonctionné. Croire beaucoup plus dans le pardon que dans le châtiment peut avoir des vertus incommensurables. Et à cet effet, une main tendue montrerait que l'apôtre Ellili relativise l'ampleur des derniers événements. Une main de fer dans un gant de velours, ça peut déteindre positivement. Ça ne compromettrait pas l'union de l'équipe et ça favoriserait la stabilité de la convivialité. Par contre, quand l'union du groupe sera menacée, alors une intervention radicale sera indispensable pour remettre de l'ordre. Dans le cas présent, ce n'est pas encore envisageable pour un onze encore en lice sur deux tableaux (Coupe et CAF).