L'armée protègera les sites de production Les élections présidentielle et législatives se dérouleront dans les délais prévus Annonce de la restructuration du ministère de l'Intérieur Non à un dialogue en dehors des pouvoirs législatif et exécutif «Le processus démocratique est face à un danger réel qui pourrait nous faire revenir à la dictature et à la répression», «ne comptez pas sur moi pour chambarder la donne politique issue des législatives et de la présidentielle de fin 2014», «l'armée aura à sécuriser les sites de production là où les sit-inneurs empêchent les gens de travailler». Voilà les quatre grandes idées sur lesquelles le président Béji Caïd Essebsi a axé, hier, son discours à l'adresse de la nation prononcé au Palais des congrès de l'avenue Mohamed-V à Tunis. Que retenir d'un discours de près d'une heure et dont les Tunisiens attendaient beaucoup ? D'abord et comme à son accoutumée, le président a choisi le langage de la vérité pour nous dire que la «situation est difficile malgré les réussites réalisées jusqu'ici et que s'il y a une solution à mettre en œuvre, elle doit être trouvée par tous les Tunisiens, y compris ceux qui appellent à des élections présidentielle et législatives anticipées, tout simplement parce qu'ils font partie du paysage politique national et même s'ils s'opposent aux choix du gouvernement d'union nationale, leur présence au sein de la vie politique nationale est incontournable, sauf qu'ils doivent comprendre que dans les régimes démocratiques, la politique s'exerce au sein des institutions constitutionnelles, principalement au Parlement et non dans la rue». «Quant à nos enfants de Tataouine, ajoute-t-il, ils doivent saisir que leurs revendications sont légitimes, que le gouvernement fait tout son possible pour les satisfaire et aussi qu'il existe un temps où la violation de la loi, l'atteinte à la liberté du travail et la menace des sites de production doivent impérativement cesser et l'Etat se devant aussi d'assumer ses responsabilités et d'imposer son autorité et c'est la raison pour laquelle il a été décidé, après consultation du Conseil de sécurité nationale, que l'armée assurera la sécurisation des sites de production pétrolière. Les sit-inneurs de Kamour pourront poursuivre leur sit-in mais sous la supervision de l'armée». Ensuite, le président a fourni à ses auditeurs la réponse que tous les Tunisiens attendaient : Youssef Chahed poursuivra la présidence du gouvernement d'union nationale et la présidentielle ainsi que les législatives se tiendront en 2019, comme le veut la Constitution. Il faut respecter les règles du jeu démocratique «Les impatients et les déçus des élections de fin 2019 n'ont pas à compter sur moi pour que je chambarde le paysage politique actuel. Ils doivent attendre les rendez-vous électoraux prévus fin 2019. Ils peuvent continuer à critiquer le gouvernement, la présidence de la République, mais au sein de l'hémicycle du Bardo où leurs députés ont droit à la parole, à la proposition et aux critiques, même les plus virulentes. Dans la rue, ils peuvent manifester, mais pacifiquement. Sauf quand il y a débordement et atteinte à l'ordre et à la sécurité du citoyen, l'Etat assumera ses responsabilités, c'est-à-dire qu'il imposera la loi», assure-t-il. Quant à ceux qui appellent à un nouveau dialogue national pour sauver le pays, le président de la République leur oppose la réponse suivante : «Nous n'accepterons jamais un dialogue en dehors des pouvoirs législatif et exécutif et c'est au sein du Parlement que ceux qui refusent mon initiative sur la réconciliation économique et financière peuvent s'exprimer. Mais ils doivent prendre en considération que sans une administration libérée de la crainte de voir ses hauts cadres croupir en prison, il n'y aura ni investissement ni retour de la machine économique». Nous demandons un peu de compréhension et de patience «Je ne suis pas versé dans l'économie et les chiffres, mais je peux quand même comprendre les grands chiffres», souligne en conclusion le chef de l'Etat. «Aujourd'hui, fait-il remarquer, le phosphate a enregistré une augmentation de 75% (prochainement on atteindra le niveau de production de 2010), les investissements directs étrangers ont grimpé de 21%, les rentrées touristiques se sont accrues de 34% et les intentions d'investissement dans l'industrie ont augmenté de 56%». «Nous demandons un peu de compréhension et un peu de patience pour qu'on puisse matérialiser les promesses que nous avons reçues lors de la conférence Tunisie 2020». Dernier volet du discours présidentiel : la situation sécuritaire et la guerre contre le terrorisme. «Il n'est plus acceptable que l'on mette en cause les réussites réalisées par nos forces de sécurité contre le terrorisme. Et il n'est plus admissible que nos forces de sécurité soient harcelées, un peu partout, dans les stades, les rues et les sit-in qui n'en finissent pas. Il a été décidé de procéder à la restructuration du ministère de l'Intérieur», annonce le président de la République.