«Le jour où l'humanité sera libérée de ses complexes, quel ennui sur la terre!» Au cours de la semaine écoulée, sur une des pages de nos confrères, la parole a été donnée à d'anciens arbitres qui ont exprimé leurs avis à propos de la direction, du tour ultime : nous avons été surpris de constater que de toute la liste des referees proposés, seuls deux pourraient répondre à des critères objectifs et auraient été capables d'assurer cette mission. Très peu, mais aussi une réponse éloquente qui veut tout dire. Même les «spécialistes» hésitent au vu de ce qui s'est passé cette saison : le site «star africa» a révélé que des erreurs d'arbitrage ont réellement lésé les quatre équipes intéressées par le titre. On y pointe du doigt, au moins dix-huit fautes graves ayant influencé le résultat dans un sens ou dans un autre. C'en est trop. C'est grave. Cela nous est complètement égal de savoir à qui ont profité ces fautes, mais le fait y est. Les hommes en noir n'ont pas été à la hauteur et ont influencé les résultats. L'ont-ils fait en connaissance de cause ou étaient-ce des «erreurs» que pourrait commettre n'importe quel arbitre ? Seules leurs consciences (s'ils en ont !) le leur dira un jour. Mais entretemps, ce que l'on peut, sans risque d'amplifier les choses, assimiler à des émeutes à répétition, a mis le pays en émoi. Nous avons assisté à des scènes cauchemardesques au point de ne plus accepter d'entendre le mot «football». Toutes les valeurs ont été bafouées et ce scénario s'est renouvelé toutes les semaines du nord au sud du pays. La fédération a certes «sanctionné», mais la répétition était devenue une habitude et le mal était fait avec un doigt accusateur qui s'est résolument pointé sur... la fédération, nom à l'appui. Certaines victimes n'ont pas réagi sur le terrain, mais d'autres, au milieu d'une incroyable confusion, ont transformé ces «rencontres de football» en pugilat en règle. Sur les gradins et au dehors, cela a été une véritable démonstration de force qui a opposé les «supporters» à la police, qui n'était théoriquement là que pour éviter les débordements et qui se trouve mêlée à des luttes partisanes, qui n'ont rien de sportif. Cela dit, et encore une fois, pourrions-nous concevoir de nouveaux dépassements, alors que nous savons que tous ces attroupements sont exploitables par ceux qui ne cherchent qu'à jeter de l'huile sur le feu et pour agiter les esprits, provoquer des troubles et donner la preuve que la Tunisie est un pays peu sûr ? Avec la libéralisation des médias, on n'est plus aux temps où lorsque les gradins étaient gagnés par une quelconque agitation, les caméras étaient orientées automatiquement vers le ciel bleu et les vols d'oiseaux. Tout est vu et à travers le monde, l'image d'un sport en pleine ébullition, ne sert en rien cette image que l'on s'efforce de réinstaurer. La question qui se pose et qui agite l'opinion publique est importante : au vu des conditions que vit le pays et après la dernière intervention télévisée du Chef de l'Etat où il a insisté sur le nécessaire retour à l'ordre, dans tous les domaines, peut-on aller au-devant de l'aventure en confiant ces tours ultimes à des arbitres tunisiens? Attention ! L'expérience a donné que même en présence d'arbitres étrangers, il peut y avoir des problèmes. Cela revient à dire que le risque zéro n'existe pas et de précédentes compétitions au plus haut niveau international ont enregistré des fautes qui ont gravement lésé une des équipes, parfois favorite pour un titre olympique ou mondial. Le ciel ne s'est pas écroulé et les arbitres ont été sanctionnés et la Terre n'a pas cessé de tourner. Dans le cas tunisien, c'est au niveau de la conviction profonde qui s'est incrustée dans les esprits, au fur et à mesure que des arbitres ont fauté que les choses se passent. Depuis fin 2007, le football tunisien n'a pas fait appel à des arbitres étrangers. Sera-t-il obligé de le faire cette année, pour mettre un terme à ce doute et à cette méfiance qui rongent toutes les parties prenantes (à l'exception de la FTF et LNF) et qui empoisonnent l'atmosphère ? C'est sans complexe que l'on doit se poser la question, tout en mettant en évidence que les clubs ont énormément aidé les instances dirigeantes en s'abstenant de réclamer des arbitres étrangers pour les rencontres sensibles. Ils ont fait confiance aux arbitres tunisiens, mais se sont heurtés, ces dernières années, à des agissements qui semblent beaucoup plus tenir des guets-apens que des rencontres de football, avec des referees attachés à leur perte. La compétition de cette année a dépassé toute attente et notre championnat est devenu une nouvelle preuve pour tous ceux qui cherchent à nuire à l'image du sport tunisien. Ils ont été bien servis, grâce aux manipulations évidentes, décriées en vain et qui ont empoisonné une atmosphère devenue lourde, insupportable, indigne d'une rencontre de football. Ce qui nous surprend dans toute cette affaire, c'est qu'il n'y a aucun arbitre qui dénonce cette atmosphère qui souille toute une corporation. La peur ne justifie en aucun cas la couardise. A l'heure où, dans le monde du football, le vrai, on s'attache à considérer le supporter comme un «client» venu assister à un spectacle, le football tunisien continue sa descente aux enfers. On se frotte les mains, sans vergogne, pour saluer une énième nomination d'un membre fédéral, au sein d'un organisme régional ou continental et on pose pour les photos, alors que sur le plan national, la chape de plomb est de plus en plus épaisse. Ce n'est nullement de gaité de cœur que nous soutiendrons un éventuel appel à des arbitres étrangers. Ils commettront peut-être autant de fautes que leurs collègues tunisiens, mais les deux antagonistes s'en iront sans se poser de questions. La bonne foi sera indiscutable et, au moins, personne ne soutiendra qu'ils avaient eu la consigne de bloquer l'un ou l'autre des prétendants.