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Taoufik Laâbidi «Farfat» (ancien milieu de terrain de l'EST) «Si tout le monde se comportait comme Nagy....» Dossier : Arbitre tunisien ou étranger pour la finale du championnat EST-ESS ?
Jusqu'à nos jours, lui et ses coéquipiers de l'époque continuent de soutenir qu'il y avait bel et bien but en leur faveur dans cette finale de légende de la Coupe de Tunisie 1975-76 qui a nécessité le recours à deux éditions, toutes deux officiées par l'Autrichien Erich Linemayr. Ce «but-fantôme», c'est Taoufik Laâbidi «Farfat» (ex-joueur de l'US Maghrébine de 1963 à 1968, et de l'EST de 1969 à 1976) qui l'a inscrit. Il s'en souvient comme si c'était hier. Taoufik Laâbidi, en 1976 contre le Club Africain, cela a été une véritable lutte interminable. Deux éditions, 240 minutes de jeu, et toujours pas de vainqueur. Il a fallu le recours aux tirs au but pour vous départager, le CA l'emportant 3-1. Le légendaire Attouga était dans les bois adverses... Nous jouions pour le doublé. L'Espérance Sportive de Tunis venait de rafler le championnat après deux matches barrages non moins intenses remportés contre l'Etoile Sportive du Sahel (1-0, et 1-1). En finale de coupe, le 13 juin 1976, le match se termine par un nul (1-1). Rebelote le 4 juillet pour un nul (0-0). Pourtant, l'arbitre Linemayr nous prive d'un but régulier qui aurait pu sceller le sort de ce derby. Lors de la deuxième édition, Temime intercepte au milieu, décale Gobantini, côté gauche, qui adresse un joli centrage repris au deuxième poteau par moi-même. Le ballon dépasse la ligne de but, mais Attouga, très rusé se jette sur le ballon et induit tout le monde en erreur. C'était un ballon facile à reprendre pour moi, je frappe de l'intérieur du pied droit, mon ballon heurte l'intérieur du poteau et traîne quelques secondes derrière la ligne de but. Le juge de ligne signale à l'arbitre central qu'il n' y avait pas but. Attouga est très fort dans ce genre de situation: il sait tromper tout son monde. Je crois que le referee autrichien ne pouvait pas voir d'aussi loin dans le cafouillage monstre que cette séquence provoquait que le ballon avait bel et franchi la ligne. Il était très loin encore, au centre du terrain. Comment un arbitre tunisien aurait-il agi ? Si c'était un arbitre tunisien, le stade d'El Menzah aurait été «incendié». Le public sportif sait respecter un referee étranger. Par contre, un homme en noir tunisien, tous les soupçons pèsent sur lui. Les joueurs aussi, dès la séance d'échauffement, ils sont respectueux d'un Français, un Allemand, un Portugais, un Espagnol.... Je ne crois pas que l'arbitre autrichien fût malintentionné. D'ailleurs, en quoi cela peut-il l'intéresser que le CA ou l'EST remporte la coupe ? Non, c'est le plongeon malicieux de Attouga qui l'a induit en erreur. Un arbitre tunisien peut-il se tirer d'affaire lors de la finale du championnat EST-ESS, jeudi prochain ? Pourquoi pas ! Au play-off, nos arbitres ont su se tirer d'affaire. Tout comme le joueur, un arbitre peut être un jour en forme, puis le lendemain dans un jour sans. C'est plutôt le banc de touche qui est la cause de tous les incidents. Trouvez-vous normal qu'au coup de sifflet final, l'arbitre soit escorté par une dizaine d'hommes de la sécurité, comme si on avait peur pour son intégrité physique, comme s'il était coupable d'un crime ? Laissez les autres l'agresser une fois. Ils seront gravement sanctionnés, et cela servira d'avertissement à tous les autres. Il n'en reste pas moins que la solution la plus simple au regard de beaucoup de gens consiste à recourir à un referee étranger. Sa seule désignation apaisera inévitablement beaucoup de tensions inhérentes aux sympathies et aux antécédents de tel arbitre tunisien ou tel autre. Etiez-vous du genre à contester les décisions arbitrales ? Non. D'ailleurs, qu'auraient pu changer mes contestations ? Avez-vous jamais entendu parler d'un arbitre changer de décision sous l'influence d'une contestation aussi véhémente soit-elle ? Je trouve que ce que font certains joueurs est tout à fait gratuit, puéril et insensé à la limite. Si tout le monde se comportait de manière aussi seigneuriale comme le faisait André Nagy, l'ancien entraîneur du Club Africain, l'arbitrage se porterait mieux, et ne subirait aucune pression. C'était un modèle pour tout le monde. Il ne bougeait jamais du banc de touche, n'esquissait jamais le moindre geste déplacé. Quelle classe ! Quelle leçon pour tout le monde ! Il a été mon entraîneur en sélection nationale. Je l'ai fréquenté, et je sais combien il insistait sur la discipline. Jeudi prochain, l'arbitre désigné, quel qu'il soit, risque d'hériter d'un cadeau empoisonné, non ? Pour lui faciliter la tâche, la discipline doit être à tout instant le mot d'ordre. Le match ne sera pas facile pour les deux clubs; ils doivent maîtriser leurs nerfs. Les arbitres tunisiens savent s'illustrer à l'étranger. Cela veut dire qu'ils ne sont pas manchots. Trouvez-vous quelques traits communs entre le choc de jeudi prochain à Radès et la finale de la coupe 1976 doublée d'un derby à El Menzah ? Ce sont pratiquement les mêmes caractéristiques: un niveau presque égal, une grande passion populaire, une pression psychologique terrible. Sauf qu'en notre temps, il n'y avait pas le folklore auquel on assiste maintenant sur le banc des remplaçants et dans la main courante. On peut raisonnablement exprimer sa joie. Mais s'insulter, s'invectiver, non, cela ne sied pas à un match de foot. On assiste à présent à une grave désaffection du public sportif. Les gens ont peur de la violence, des fumigènes... De plus, sur le terrain, il n'y a plus vraiment de grand spectacle. Toute la durée du match, on ne voit que des joueurs qui chutent, parfois pour simuler, d'autres qui se relèvent. Où était passé le vrai foot d'antan ?