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Assez de populisme et d'irresponsabilité !
Opinion
Publié dans La Presse de Tunisie le 17 - 05 - 2017


Par le colonel (R) Boubaker BENKRAIEM*
Messieurs les politiques de toutes obédiences, de gauche, du centre, de droite, islamistes, conservateurs et nationalistes
Vous pouvez dire et même dénoncer que, durant les soixante et un ans d'indépendance de notre pays, deux hommes et deux seuls, et quoique le premier (le grand Bourguiba) ait marqué l'histoire de la Tunisie par sa lutte contre le colonialisme, par la création d'un Etat moderne, par la promulgation du Code du statut personnel, unique dans le monde musulman, ont, eux deux, accaparé le pouvoir durant toute cette période. Personne ne vous le reprochera. Tous nos compatriotes souhaitent, comme vous, servir leur pays et toute la classe politique ne fait de la politique que pour arriver au pouvoir, dans le but, avoué, de bien le servir. Mais de grâce, soyons sérieux : moins négatifs et plus constructifs pour ne pas lancer des critiques à l'emporte-pièces, sans fondement, sans preuve et sans objectivité. La démocratie nous permet de crier haut et fort notre opposition aux gouvernants, quand nous jugeons que la chose publique est mal gouvernée, mal gérée et mal conduite ou quand le citoyen est insatisfait ou malheureux. Cependant, reconnaissons, pour être honnêtes, que nous sommes tous, partis politiques de tous bords, organisations nationales et associations de la société civile, et à des degrés divers, entièrement responsables de l'état dans lequel se trouve, aujourd'hui, notre pays.
Vous avez raison de vous plaindre des six années post-révolution qui n'ont eu de positif que deux choses :1- la Constitution qui n'a été ‘‘enfantée'' qu'après trois longues années et que bien que qualifiée, aussitôt, d'être l'une des meilleures du monde, commence à démontrer ses faiblesses (un système de gouvernement tricéphale, assez lourd et ne permettant pas des décisions faciles et rapides, un pouvoir régional assez confus et incomplet) ; 2- la liberté d'expression, un peu trop excessive, permettant aux citoyens de dire tout et n'importe quoi.
Je ne citerai du négatif de cette période que ce qui touche, le plus, aux besoins du citoyen qui n'arrive plus à joindre les deux bouts et essentiellement au couffin de la ménagère dont le coût a, en six ans, pratiquement,doublé. Que dire du reste ! Comment expliquer que même les cigarettes tunisiennes que la régie fournit régulièrement aux buralistes, chargés de les vendre aux consommateurs, ne sont revendues au public que par d'autres intermédiaires et qu'au marché noir puisque le paquet est cédé beaucoup plus cher que son prix officiel. Quant au marché parallèle, à la contrebande, etc. j'en passe.
Une pléthore de gouvernements a été aux affaires durant ces six dernières années et chacun d'eux a promis monts et merveilles. Tous ont, lamentablement, échoué avec des dégâts, assez pesants, écrasants... désespérants même mais jamais avoués et dont certains peuvent être rappelés :
- Qui a eu l'idée de gonfler la fonction publique en y injectant près de deux cent mille personnels sans tenir compte des besoins de ce corps, jadis notre fierté, et des capacités financières du pays ?Nos difficultés budgétaires actuelles dureront aussi longtemps qu'on n'a pas soulagé les effectifs de la fonction publique de ce ‘‘trop-plein'' de personnels,
- Qui a dédommagé des milliers de prisonniers en utilisant les finances réservées aux générations futures ?
Notre pays n'ayant pas des ressources minérales importantes telles que le pétrole et le gaz, nous ne pouvons, et sans être sorti de Harvard pour le savoir, sans garantir l'équilibre, entre les dépenses et les recettes, porter le budget de l'Etat de 19 mille milliards en 2010 à 29 mille milliards en 2012. Tous nos problèmes découlent de cette mesure dont la responsabilité de leurs auteurs est historique car notre pays, avec une croissance proche de zéro et un pour cent depuis la révolution, ne peut supporter un budget pareil sans l'apport de ces importants endettements extérieurs, lesquels ne serviront, en aucune manière, au développement des régions défavorisées de l'intérieur. Voilà les véritables raisons de nos problèmes que les politiciens ne veulent pas soulever et n'en parlent guère.
La deuxième qualité qui a manqué aux gouvernants était, essentiellement, le manque total d'autorité, de courage, d'audace et de détermination pour appliquer la loi avec toute sa rigueur pour protéger la richesse nationale du pays représentée par le phosphate. En effet, les gouvernants n'ont pas eu le courage d'interdire, dès 2011, et quitte à utiliser la force publique, l'arrêt de la production et l'empêchement de circulation des trains transportant le phosphate ; même les hommes politiques, n'ont jamais, par populisme, bougé le petit doigt pour critiquer ces mouvements et les dénoncer fermement. Le résultat de ce manque de détermination et de courage, nous sommes en train de le payer et de le supporter durant des décennies. Et pourtant, combien de fois d'anciens responsables expérimentés, par esprit patriotique, ayant leur avenir derrière eux et n'ayant, donc, aucune autre ambition que d'éviter à notre beau pays, de nouvelles difficultés, et forts de leur attachement à la patrie qui leur a tant donné ont, par des articles parus sur les journaux, attiré, à plusieurs reprises, l'attention des gouvernants, quoique novices mais responsables quand même,sur ce sujet important et capital. Ceux-ci, sans expérience et maladroits, et dans un esprit de vanité, d'orgueil et de complexe, n'ont pas tenu compte de ces conseils et ont laissé la Compagnie des phosphates de Gafsa décliner pour ne pas dire péricliter et perdre ses clients séculaires. Le résultat, tout le monde ne peut l'ignorer.
Aussi, lorsque Monsieur le président de la République a pris la décision salutaire de charger l'Armée nationale de protéger les champs de prospection pétrolière et de phosphate de nombreux partis politiques ont crié au scandale et au sacrilège, arguant du fait que cela ‘‘n'est pas du ressort de l'Armée'', celle-ci devant s'occuper de la protection des frontières. Pour ma part, je regrette que ces instructions n'aient pas été données, dès le 15 janvier 2011, pour que les règles du jeu soient claires et comprises par tous, dès le premier jour, et pour que tout le monde sache que l'intérêt national qui est indiscutable, prime sur tout autre calcul. Si cela avait été fait, la CPG n'aurait jamais arrêté sa production, n'aurait jamais perdu ses clients, et aurait continué à participer, annuellement, par le versement, au budget de l'Etat, de cinq mille milliards comme elle le faisait depuis des décennies. En fait, et parce que nos gouvernants ont, sérieusement, manqué de courage, nous avons perdu, six ans après le 14 janvier et pour toute cette période, l'équivalent d'un peu plus d'un budget annuel de l'Etat. Quant aux partis politiques qui n'ont jamais voulu critiquer ces mouvements de jeunes, et parfois composés par des non chômeurs qui étaient, souvent manipulés, leur comportement n'était pas anodin : tout en essayant d'attirer des partisans, ils cherchaient à créer des problèmes au gouvernement en place, dans l'unique but d'entraîner les causes d'ôte-toi que je m'y mette''. Bravo, messieurs, de montrer, ainsi, vos craintes quant à cette nouvelle mission assignée à l'Armée. Pourquoi vous n'avez pas réagi de la sorte quand l'armée a protégé la révolution ? Pourquoi vous n'avez rien dit quand l'armée a convoyé les examens du Bac ou quand elle a été placée devant les banques et les institutions de l'Etat ? En voyant l'armée chargée de cette mission, que craignez-vous ? Que le militaire va tirer sur tout ce qui bouge ? Que le militaire n'a pas de règles de comportement et d'engagement ? Que le soldat ne fait pas la différence entre un citoyen et un ennemi ? Ou qu'il ne partage pas le même nationalisme, la même citoyenneté que ses voisins, que les membres de sa famille, que les Tunisiens du nord comme du sud ? Dommage pour vous, messieurs les politiques qui n'avaient pas eu la chance d'accomplir votre devoir du service national ; vous aurez eu une idée précise sur le niveau et la compétence des chefs de ces militaires, en commençant, d'abord, par les très jeunes officiers, fraîchement, sortis de l'académie qui, grâce à leur remarquable formation, à leur discipline et à la rigueur acquises leur permettant d'être à la hauteur de toutes les tâches qu'ils reçoivent, ont accompli des missions plus complexes que celles-ci.
Messieurs les politiques, notre armée nationale est, grâce au Président Bourguiba qui nous a permis, nous les officiers des premières promotions, de nous former dans les prestigieuses écoles militaires occidentales où nous avons puisé, appris et compris l'esprit républicain et la primauté du politique sur le militaire, notre armée est républicaine, dévouée à la Nation et fidèle à la République. Nous, les anciens qui avions créé et encadré notre académie militaire et assuré la formation des premières promotions d'officiers de cette prestigieuse Ecole, nous leur avons légué ces grandes valeurs que les promotions successives ont le devoir de se les transmettre. Ce sont ces officiers et leurs soldats qui ont veillé à la protection de la révolution de la liberté et de la dignité. Et ce sont eux qui combattent, partout dans le pays, jours et nuits, hiver comme été, qu'il vente ou qu'il pleuve, et avec nos vaillantes forces de sécurité intérieure, le terrorisme.
Notre pays n'a pas les moyens de perdre encore du temps. Sa force et sa richesse résident uniquement dans sa jeunesse avec son intelligence, avec sa volonté de réussir, avec son abnégation à la patrie et avec cette union sacrée qui la caractérise lorsque la nation est en danger. Alors assez de populisme, assez de démagogie, assez de critiques destructives, assez de suspicions, assez de scepticisme, assez de négativisme et de doute et soyons plus positifs, plus coopératifs, plus responsables et ne croyez pas, aveuglément, tout ce que disent les réseaux sociaux qui, souvent, racontent du n'importe quoi.
De même, la communication est, de nos jours, une arme puissante pour convaincre les masses populaires. Le grand Bourguiba en a fait l'un des outils de sa réussite. C'est pourquoi, durant les premières années de l'indépendance, il en usa d'une manière très régulière. MM. le président de la République et le chef du gouvernement ont intérêt à garder, davantage,et grâce à la magie de la télé, le contact avec le peuple pour l'informer de la situation du pays, des problèmes et des difficultés que nous rencontrons et des programmes de développement à réaliser dans telle ou telle région.
Notre pays, malgré les six années perdues, peut se relever très rapidement pour peu que les politiques jouent le jeu de la démocratie, de la tolérance, soient patients, renforcent leurs partis en donnant à leurs partisans une formation politique solide leur permettant d'avoir une assise populaire fiable engendrant une mobilisation des masses et surtout des jeunes lors des rendez-vous électoraux. C'est en gagnant les élections qu'on peut arriver, démocratiquement, au pouvoir. Et c'est ainsi que nous pouvons prouver et démontrer, au monde, que notre révolution n'a pas été un accident de l'histoire et que nous la méritons bien. Et que vive la Tunisie éternelle, l'héritière de Carthage.
*Ancien sous-chef d'état-major armée de terre, ancien gouverneur


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