«L'un des vecteurs majeurs de l'inclusivité sera la création d'emplois de qualité. Viennent ensuite toute la dimension régionale et celle relative au genre...» «Le progrès économique ne se fait jamais par les dons et la valeur ajoutée, les gens doivent le fabriquer», c'est ce qu'a lancé, sur un ton peu commun, le gouverneur de la Banque centrale en conclusion d'un exposé sur l'inclusion, qu'il a donné hier à Tunis. M. Chedly Ayari s'exprimait à l'ouverture d'un séminaire conjointement organisé par l'Organisation de la coopération et du développement économique (Ocde) et le ministère du Développement et de la Coopération internationale, dans la phase préparatoire d'une étude sur le développement inclusif en Tunisie. D'après Mme Isabelle Joumard, économiste principale de l'Ocde, l'idée est «de faire le point sur les politiques macroéconomiques et les réformes structurelles, soutenir la croissance en Tunisie et la rendre plus juste et plus inclusive». L'étude comprendra une vision d'ensemble sur l'économie tunisienne en plus d'une focalisation sur deux grands chapitres. «Il s'agit en premier de l'investissement et de la productivité...». Ensuite, l'étude portera sur toutes les questions d'inégalité. «L'un des vecteurs majeurs de l'inclusivité, ce sera la création d'emplois de qualité. Viennent ensuite toute la dimension régionale et celle relative au genre...». Pour réaliser cette étude, l'Ocde envisage de dialoguer avec le gouvernement, les partenaires sociaux et la société civile, et ce, dans le cadre d'un processus qui devrait durer une année. Développement régional Certes, la question de développement inclusif est un concept relativement nouveau, aussi bien en Tunisie qu'à l'international. La question des inégalités entre les régions a commencé à être évoquée en Tunisie à la fin des années 2000. Mais, en réalité, elle a été prise en considération depuis l'indépendance. A ce propos, M. Chedly Ayari a rappelé que la démocratisation de l'éducation et de la santé a commencé à être consacrée depuis 1956. Et tout juste après, la Tunisie s'est dotée du Code du statut personnel pour lutter contre la discrimination basée sur le genre. Au niveau économique, la Tunisie a toujours focalisé sur la croissance, la modernité et l'ouverture. Mais la dimension régionale a été relativement négligée. D'où le déclenchement des événements de 2010-2011 et qui ont fini par réclamer le changement du modèle de développement ayant conduit à cette situation. M. Ayari, en tant qu'économiste, a développé toute une théorie à ce propos, précisant qu'un modèle de développement ne peut être remplacé comme une pièce de rechange et insistant sur l'importance de prendre en considération les disparités entre les régions tout comme les atouts que présente chaque région. «Toutes les régions n'ont pas les mêmes priorités. Et la discrimination positive ne peut être du même degré pour toutes les régions», a-t-il expliqué. «Dans chaque région, le climat des affaires pourrait être différent (...) d'autant plus qu'il est important de consacrer le principe du Partenariat public privé (PPP) afin de désenclaver les régions (...), car, au fait, aucune partie ne pourrait réussir toute seule». Une note spéciale a été également adressée aux hommes d'affaires ayant une aversion aux risques (sécuritaires, financiers, sociaux, etc.), rappelant que sans prise de risque on ne peut avancer et qu'une économie ne pourrait être construite sur la base de dons. Car «il y a toujours un prix à payer même lorsqu'il s'agit de dons».