Entreprise un peu compliquée pour les «petits» clubs qui veulent se placer sur le mercato. On fait comme on peut. A chacun son mercato. Les «prolétaires» du football s'en tiennent à la politique de leurs moyens, tentant de se placer sur un marché où le choix s'avère de plus en plus ardu et les prix de moins en moins accessibles. La crise économique aurait pourtant dû freiner la spirale inflationniste des salaires et des primes de signature, dites primes de rendement. Toutefois, les joueurs compétitifs et d'expérience ne courant pas les rues, y compris les moins huppés qui n'ont par exemple jamais appartenu à une sélection nationale, les petits clubs sont condamnés à faire leurs emplettes parmi cette catégorie. Et c'est à un petit jeu de chaises musicales que s'adonnent les dirigeants de ces clubs : Mourad Zahou quitte l'US Ben Guerdane pour aussitôt débarquer à... Métlaoui, dans son ancien club. Saddam Ben Aziza part de Métlaoui pour rejoindre l'Avenir Sportif de Gabès... Les renouvellements — ou prolongations — de contrats sont plus importants que de coutume, les nouveaux règlements imposant aux clubs de ne pas aller au-delà de huit recrutements par an, soit aux deux mercatos d'été et d'hiver. Des étrangers trop chers La date butoir du 30 juin modifie radicalement la donne. En effet, les règlements adoptés par l'Assemblée générale de la FTF spécifient qu'un renouvellement de contrat signé avant le 30 juin ne figure pas parmi les huit transactions tolérées. S'il est conclu après cette date-là, ce renouvellement compte dans ce quota, d'où un choix plus limité. Généralement, un club averti n'épuise pas la totalité de ses jokers, c'est-à-dire toutes les possibilités de transaction (huit) au mercato d'été, se réservant le droit d'en effectuer une ou deux au mercato d'hiver, dit celui de réparation. Le quota des joueurs étrangers (trois seniors et trois espoirs) offre par contre une plus grande marge pour ces clubs démunis et qui ne peuvent pas s'offrir de grosses pointures ivoiriennes, ghanéennes, camerounaises, maliennes... celles-là restent l'apanage du «Big four», lequel sait que ses ambitions africaines le condamnent à aller détecter les meilleurs produits des championnats subsahariens. Une carrière plus ou moins longue dans la Ligue 1 tunisienne constituant pour ces talents reconnus le tremplin idéal et le passage obligé vers le grand saut en Europe. Ainsi, les joueurs étrangers les plus confirmés s'avèrent trop cher et quasiment inaccessibles pour cette catégorie de clubs qui peuvent néanmoins révéler des talents inconnus qui rapportent d'intéressants dividendes (les Baha et Tala à l'ASM, Isaka ou mieux encore Diakité au CSHL, Besson à EGSG, Cissoko à l'ESM, Fousseini Coulibaly à l'USM, vendu à l'EST et qui ne décevra guère ses recruteurs sang et or...). S'il brille par sa discrétion à la limite de l'anonymat, le mercato des «sans-grade» n'en reflète pas moins un assèchement du talent, le vrai, au sein de clubs réputés pour être de véritables foyers de formation mais qui perdent de plus en plus cette vocation. Et qui préfèrent imiter les plus grands clubs en se rabattant sur le prêt-à-porter, un produit consommable de suite sans devoir passer pour le patient processus de la maturation et de l'éclosion.