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« Il faut renégocier, d'égal à égal, nos relations avec l'UE »
Entretien avec: M. Ramy Salhi, directeur du bureau Maghreb EuroMed Droits, coordinateur du dialogue tripartite Tunisie-Société civile-UE
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 07 - 2017

Lancé il y a quatre ans, le dialogue tripartite Tunisie-société civile-Union européenne ne satisfait pas tout le monde. Entre Bruxelles et Tunis, les résultats des négociations-marathons sont jugés en deçà des ambitions, notamment par la société civile. M. Ramy Salhi, avec un collectif associatif, affiche tout de même de l'optimisme pour l'avenir des relations bilatérales. Pour ce chef de file à l'échelle du Maghreb, le partenariat nord-sud doit être équilibré, gagnant-gagnant. Désormais, un nouveau round du dialogue se profile à l'horizon. Entretien
Ce dialogue est à mi-parcours. Pourquoi cette session que vous avez organisée dernièrement à Hammamet est extraordinaire ?
Elle est extraordinaire parce qu'elle vient quatre ans après le lancement projet du dialogue tripartite entre la société civile tunisienne, les autorités européennes et celles tunisiennes. Nous l'avons commencé avec quatre groupes de travail : l'indépendance de la justice, les droits économiques et sociaux, l'égalité et les droits des femmes, ainsi que la migration et les droits des personnes réfugiées. Après quatre ans de travail séparé pour chaque groupe, nous avons constaté l'importance voire l'obligation de tenir une session extraordinaire durant laquelle les représentants de ces groupes échangent l'ensemble des recommandations issues des sessions précédentes. C'est pour cela qu'on l'a appelée extraordinaire parce qu'elle rassemble tous les groupes de travail, une centaine d'organisations nationales et régionales qui participent à ce projet.
Quelle différence par rapport aux sessions précédentes, en l'occurrence celle de février 2016, le débat de Bruxelles tenu quatre mois plus tard ?
La spécificité de cette session, c'est qu'elle a deux volets : un stratégique-politique qui consiste à développer une vision commune entre les quatre groupes de travail, on parle ici du rôle de la société civile dans l'ensemble du processus, et un deuxième volet technique et méthodologique : comment harmoniser la méthodologie d'intervention des groupes de travail. Cette fois-ci, le plus important est de partager une vision stratégique qui concerne principalement les relations entre la Tunisie et l'Union européenne dans les quinze à vingt prochaines années.
Peut-on dire que l'accord d'association Tunisie-UE, vieux de plus de 20 ans, a échoué ?
Echoué, c'est trop dit. Mais, il y a beaucoup de manques. Les attentes de la Tunisie par rapport à son grand voisin, l'Europe, sont énormes. La réponse européenne, hélas, est en deçà de ces attentes. Aujourd'hui, la Tunisie, qui est la seule démocratie naissante dans la rive sud de la Méditerranée, et malgré toutes les promesses de l'UE, n'a pas ressenti un engagement réel du côté européen. On vise, forcément, l'accord d'association, parce que la nouvelle politique européenne de voisinage dont on parle aujourd'hui n'a été adoptée qu'après la révolution, ou ce qu'on appelle le Printemps arabe.
La Tunisie, de son côté, perçoit toujours l'UE uniquement comme un bailleur de fonds, une vision très réductrice. Alors que l'UE est une opportunité pour la Tunisie. Donc, il faut savoir négocier et tisser des relations plutôt stratégiques que ponctuelles, basées sur des questions de financement.
La politique européenne à l'égard de la Tunisie a-t-elle, vraiment, changé?
Pas radicalement, en tout cas. Elle s'est adaptée avec les échéances et les événements politiques par lesquels la Tunisie est passée, mais, comme je vous l'ai dit, elle est toujours en deçà des attentes. L'UE considère, aujourd'hui, la Tunisie dans un package, c'est-à-dire dans son voisinage : la Libye, la Syrie, l'Algérie, le Maroc, l'Egypte. Il ne faut, quand même, pas dresser un bilan totalement négatif.
La société civile tunisienne a-t-elle un impact sur l'évolution de cette relation, surtout, post-révolution ?
Elle a un impact réel sur la transition politique et démocratique en Tunisie. C'est elle qui a, en quelque sorte, sauvé le processus de la transition. Lorsque le pays est passé par une crise politique profonde, c'est grâce à la société civile que nous avons dressé une feuille de route. Lorsqu'on dit quartette du dialogue national, c'est, derrière, une centaine d'organisations. Cette société civile était aussi vigilante en ce qui concerne les relations tuniso-européennes. Pourquoi ? Parce qu'il y a deux accords fondamentaux que je peux qualifier, à la fois, d'une opportunité et d'un danger pour la Tunisie : je parle de l'Aleca (accord de libre-échange complet et approfondi) et du « partenariat pour la mobilité ». La présence de la société civile nationale a fait que ces accords- là soient négociés d'une manière plus rationnelle et plus sage. Parce que sous la pression de la crise économique dont souffre le pays, on était, à un moment donné, prêt à céder à certains principes. Nous devons négocier, d'égal à égal, sans que nos intérêts ne soient touchés.
Engager pareilles négociations, certes asymétriques, où les rapports de force politiques et économiques sont inégaux, n'est-ce pas une aventure risquée ?
27 Etats membre de l'UE, avec 500 millions d'habitants, face à cette petite Tunisie de 11 millions d'âmes, sur un territoire limité, avec une économie et une situation sécuritaire précaires, dont 60 à 70% des échanges commerciaux se font avec l'UE, contre seulement 0,5% dans l'autre sens, cela on peut le qualifier de risque comme on peut le considérer comme un grand potentiel. Cette économie tunisienne a juste à côté un marché européen assez important, mais il y a aussi une proximité politique et un processus sociétal que nous devons négocier avec l'UE. Donc, pour nous, l'Europe n'est plus seulement une opportunité économique, il y a d'autres valeurs qu'on partage ensemble. A mon sens, si je projette la Tunisie dans 15 ou 20 ans, je la vois une démocratie solide, consolidée comme dans plusieurs pays européens.
Aleca, réforme judiciaire, égalité et droits de la femme, migration, la liste des recommandations est assez longue, avez-vous les garanties de leur succès ?
Pour certaines des recommandations, nous avons, déjà, eu des succès. Si je prends, aujourd'hui, le cas de réforme de la justice, on voit que l'ensemble, ou presque, des recommandations de la société civile a été adopté dans le cadre du Programme d'appui à la réforme de la justice (Parj II). De même, pour le « partenariat pour la mobilité ». Par la présence de l'Ugtt et du Réseau EuroMed des droits de l'hommes, la société civile est omniprésente dans le comité de pilotage du projet « Lemma » qui gère la question de la mobilité entre la Tunisie et l'UE. Nous sommes deux organisations représentées, à part entière, avec le droit de vote, ce qui est un acquis. Pour l'Accord de libre-échange (Aleca), il y a, aujourd'hui, 13 commissions qui structurent les négociations sur le sujet. On vient, tout récemment, de recevoir une correspondance officielle du chef du gouvernement pour désigner les représentants des groupes de travail concernés. Tout cela est, à mon sens, un grand acquis pour la société civile tunisienne.
En tant que société civile, partenaire à part entière dans ce dialogue tripartite avec l'UE, êtes-vous en mesure de pousser le débat plus loin ?
Il faut avouer que la société civile tunisienne était, à un certain moment, une grande force de contestation et de mobilisation, mais techniquement très faible au niveau des propositions. Le mérite de ces quatre groupes de travail, c'est que nous avons rassemblé les acteurs de la société civile autour, non pas des questions politiques et idéologiques, mais plutôt techniques et pratiques. Du coup, nous avons gagné en compétence et en expertise. Nous avons organisé, l'année passée, un grand symposium intitulé « l'ouverture de la société civile sur l'université ». Nous avions la conviction qu'il y a des experts et des universitaires tunisiens qui maîtrisent parfaitement le côté technique des relations tuniso-européennes. C'était l'occasion d'en découvrir quelques-uns qui participent, aujourd'hui, avec nous dans les groupes du travail. Notre objectif est de concevoir une vision politique.
Quatre ans ou presque après le démarrage de ce dialogue, quel est votre bilan ?
Au départ, il y avait réellement une crise de confiance entre les trois acteurs : le gouvernement tunisien, la société civile et l'UE. Aujourd'hui, nous avons un dialogue quasiment institutionnalisé, intégré dans des structures semi-officielles. On est attentivement écoutés par les deux parties (gouvernement tunisien, UE). Ce qui a, quelque part, impacté certains processus tels que l'Aleca, le partenariat pour la mobilité et bien d'autres. L'autre vis-à-vis dans ce dialogue est le ministère des Affaires étrangères. Il y a une grande interaction entre ce ministère et nous. Son absence lors de la session extraordinaire du dialogue, du 7 au 9 juillet à Hammamet, n'était pas politique, mais par défaut d'agenda. Cela dit, la Tunisie s'apprête à renégocier ses relations avec l'UE, vu qu'on a pris conscience du manque à gagner. Cette nouvelle étape de négociations fait suite aux recommandations de la société civile.
Vos projets ?
On va suivre attentivement le démarrage de ce nouveau round des négociations Tunisie-UE pour repenser le cadre des relations. Nous avons travaillé au départ sur quatre thématiques, nous espérons aborder d'autres bien que nos capacités humaines, techniques et financières soient limitées. On va essayer d'accompagner, dans la mesure du possible, d'autres thématiques qui intéressent les relations tuniso-européennes, comme la question de la sécurité et la jeunesse, une autre question qui nous tient à cœur.


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