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Le flambeau passe
Entretien croisé «Hichem ben Ammar-Mohamed Challouf»

Il s'agit de la première action publique de la cinémathèque tunisienne. Un séminaire de formation du 27 au 29 juillet ayant pour thème «Sensibilisation à la sauvegarde des images en mouvement» au Cnenaffe. Une affluence inattendue pour cette formation qui rassure les organisateurs quant à l'avenir de nos archives filmiques. A l'occasion, nous avons eu cet entretien avec Hichem Ben Ammar et Mohamed Challouf, respectivement directeur artistique et conseiller technique de la cinémathèque tunisienne.
Ce séminaire de formation est votre première action publique...
HBA : C'est la première étape d'un cycle de trois sessions. D'ici la fin de l'année, il va y avoir trois rencontres où on fera appel à des experts pour développer les compétences en matière de bibliothéconomie, d'archivistique et de cinéma. C'est notre première action publique en tant que cinémathèque qui a eu un retentissement très positif, puisque on a eu plusieurs demandes pour cette formation ; on ne s'attendait pas à ce que notre appel à candidature recueille autant de suffrages. On découvre pendant ce séminaire que le niveau de motivation est extraordinaire, surtout chez les jeunes concernant le travail sur les archives. Personnellement, j'ai confiance en l'avenir. Il y a une flamme inextinguible qui se transmet. Je suis optimiste parce que le flambeau passe. Les générations montantes sont parfaitement conscientes de l'enjeu des archives. On a choisi les participants parmi des historiens de l'art, des gens qui ont des masters professionnels de cinéma, des monteurs, des documentalistes bibliothécaires archivistes et des informaticiens. Des profils différents et complémentaires dont la cinémathèque aura besoin.
L'expérience algérienne est très sollicitée dans cette formation...
MC : Ce séminaire est très important pour la cinémathèque. A mon sens, pour travailler dans une cinémathèque, il ne s'agit pas d'être un mathématicien ou un génie, il faut juste avoir de la passion pour ce métier. De la passion et une grande sensibilité j'ai envie de dire. Ce séminaire est aussi une rencontre avec des amis de la cinémathèque algérienne, ce qui est très significatif. La cinémathèque d'Alger est une cinémathèque phare. Il n'y a pas eu beaucoup d'exemples de ce genre dans le monde arabe. Dans tout le continent africain, il n'y a que quelques cinémathèques. Il y a celle de Ouagadougou qui porte le nom de cinémathèque, mais ce n'est pas une cinémathèque. Pour nous, l'histoire et le vécu de la cinémathèque algérienne sont très importants. Avec nous, on a un des plus importants directeurs de cette cinémathèque, Boujemâa Karrèche, pour nous raconter l'expérience de la cinémathèque voulue par la politique algérienne après l'Indépendance. C'est une institution qui est devenue presque unique parce qu'elle a travaillé pour diffuser la cinéphilie dans toute l'Algérie, entre autres. C'est pour cela qu'on a voulu que ces cycles de formation commencent par une rencontre avec deux personnalités de la cinémathèque algérienne : Boujemâa Karrèche et Hechmi Zertal qui était son collaborateur et directeur de la cinémathèque de Constantine.
Pourquoi avoir commencé par la sensibilisation ?
MC : C'est avant tout un travail de sensibilisation. Quand on a un photogramme dans la main, il faut savoir sentir qu'on est en face d'une parcelle du patrimoine d'un pays. Parmi le public d'aujourd'hui, on va sélectionner une vingtaine de personnes qui iront au festival «Cinéma au Musée» à Sousse pour commencer vraiment à mettre la main dans des sujets, comme la restauration, la pellicule, et entrer dans la technique en quelque sorte dans les préoccupations d'une cinémathèque, à savoir la conservation d'un patrimoine. A mon sens, la cinémathèque tunisienne doit programmer durant l'année au moins 60% de ce qu'elle possède comme trésors.
Votre intervention parle d'un retard de 60 ans...
HBA : Il s'agit de définir certains concepts pour remettre les gens au niveau afin que le lexique devienne au moins familier. A travers cet exposé historique, un panorama de ces soixante ans par rapport à la question de la cinémathèque, on a essayé de comprendre ce qui a fait l'émergence du projet et son échec. Des conditions politiques et économiques et qui ont eu un impact sur l'absence de volonté de créer des textes.
Ces textes sont-ils prêts aujourd'hui ?
HBA : Ils ne le sont pas encore, c'est-à-dire que la cinémathèque possède sa place à la cité de la culture, c'est une place prestigieuse qui lui garantit la visibilité et l'honneur. Cependant, elle a besoin de ces textes pour entrer à Fiaf (Fédération internationale des archives du film), elle a besoin aussi de montrer qu'elle a des prérogatives très claires régies par des textes et qu'elle entreprend des actions qui engagent la pérennité du projet. Si on réussit ce défi, on peut entrer dans un réseau d'entraide internationale où il y a d'énormes moyens, des formations très intéressantes et des dons de copies. Un réseau dirigé par l'Unesco.
Qu'est-ce qui a empêché la Tunisie d'y entrer jusqu'à ce jour ?
HBA : Le manque de vision et l'absence de volonté...! Aujourd'hui, on a cette volonté. On a l'écoute du ministère des affaires culturelles qui est déterminé à mener ce projet jusqu'au bout. La pierre d'achoppement jusque-là est très simple et pas coûteuse. Il faut avoir les moyens d'acquérir les films, ce qui est difficile. On est obligé de passer par un dépôt légal des films distribués en salle. C'est-à-dire ce qui nous a manqué c'est de n'avoir pas déclaré que les films exploités commercialement en Tunisie, à l'expiration de leurs contrats d'exploitation, devenaient biens culturels au lieu d'être détruits à coup de hache. Parce que à la fin du contrat d'exploitation, un huissier notaire était chargé de détruire ces copies à la hache. C'est une manne qui ne coûtait rien. C'est révoltant de constater que sur soixante ans, nous avons eu une mauvaise volonté de gérer cela. Ce qu'on demande, c'est que le film revienne à la cinémathèque après son exploitation. Pour les films indépendants tunisiens, il faut donner des garanties aux producteurs pour qu'ils deviennent les mécènes de la cinémathèque. Et encore une fois ces garanties ne peuvent être données que par des textes. Et la cinémathèque avec ces garanties aux ayants-droit devient aussi fiable qu'une banque. Préserver les films, les indexer, les répertorier entre autres constituent le bas de l'iceberg de notre travail, le haut de l'iceberg consistant en la diffusion des films, en la présentation des choses de manière cohérente selon des cycles, des rétrospectives, des thématiques, des hommages, des expositions non seulement d'affiches, mais aussi des objets «non-film» qui sont relatifs au cinéma.
Que représente pour vous cette cinémathèque ?
MC : On est très en retard, mais on est plein d'enthousiasme. Il y a une volonté politique pour faire éclore ce projet. L'administration doit être très ouverte pour cela. Il ne s'agit pas d'une cinémathèque qui va prendre de la place à la cité de la culture, mais d'une cinémathèque qui travaille sur la mémoire et sur la redécouverte des images de la Tunisie.C'est très important qu'une cinémathèque fasse des recherches et des échanges avec les autres centres d'archives à Moscou, à Lisbonne, en France, etc. Chaque fois on découvre des images de la Tunisie inédites. Il faut restituer à la Tunisie ses images et son patrimoine. Nous sommes très enthousiastes et on ne veut pas être seulement une vitrine.
Il y a tout un nouveau public à conquérir...
MC : Evidement.Mais il faut également beaucoup travailler avec les enfants. Un des projets de la cinémathèque tunisienne doit être l'éducation à l'image. Sans cette éducation, on ne peut rien faire. Il faut préparer le public du futur et initier les jeunes. Dans les cinémathèques européennes, les très jeunes enfants, parfois en maternelle, étaient familiarisés à l'image et aux objets qui font le cinéma. Il est très important également que la cinémathèque, le ministère des Affaires culturelles fassent des conventions avec le ministère de l'Education nationale pour encourager cette initiative. Avec Hichem Ben Ammar, on a même eu l'idée de consacrer une salle pour les enfants, pour les nouvelles générations où on les invitera au monde de l'image et du patrimoine de manière très ludique.


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