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Les bons comptes font les bons amis
Chronique du temps qui passe
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 10 - 2010


Par Hmida BEN ROMDHANE
Les Etats ont toutes les caractéristiques d'Harpagon, le fameux avare de Molière, quand il s'agit de sous. On ne parle pas ici de l'Etat collecteur, mais de l'Etat créancier. On ne parle pas de l'argent de l'impôt que l'Etat a le devoir d'exiger et le citoyen l'obligation de s'en acquitter, ni du montant des amendes ou des contraventions que les contrevenants doivent aux autorités publiques, mais plutôt de gros sous que les membres de la communauté internationales prêtent et empruntent les uns aux autres.
Un Etat créancier, l'histoire pullule de preuves, ne peut pas avoir de trous de mémoire, ne devient jamais amnésique et ne connaît pas le sens du mot amnistie. Un Etat créancier peut vous poursuivre un Etat débiteur pendant des années, des décennies, et même un siècle, pour se faire rembourser une dette accordée deux, trois ou quatre générations avant.
Même si, après avoir mené des guerres destructrices, l'Etat créancier et l'Etat endetté deviennent des amis intimes, entrent dans une alliance indéfectible et entretiennent des relations d'une cordialité exemplaire, cela ne change rien à la nature de la dette et n'influe nullement sur le taux d'intérêt de son service. L'Etat créancier gardera toujours la main tendue pour récupérer la dette, même si ceux qui ont prêté et ceux qui ont emprunté, au nom de l'Etat il est vrai, sont morts depuis longtemps.
L'un des exemples les plus étonnants est celui des Etats-Unis d'Amérique et de la Grande-Bretagne. Pendant le deuxième conflit mondial, l'Etat britannique avait besoin de beaucoup d'argent pour acheter les armes et résister à Hitler. Qui d'autre pouvait le lui prêter sinon les Etats-Unis d'Amérique ? On aurait pu naïvement penser que, compte tenu de la «relation spéciale» qui lie les deux pays, même si leur histoire était un peu tumultueuse au temps de la jeune république américaine, Washington aurait pu faire passer la dette britannique par pertes et profits, ou l'intégrer dans le chapitre «dépenses de guerre», surtout que les deux pays avaient combattu les troupes nazies côte à côte pendant trois ans au moins, avant de triompher et imposer ensemble leurs conditions draconiennes de puissances victorieuses aux vaincus.
Visiblement, les Américains ont appliqué textuellement et jusqu'au bout l'adage «les bons comptes font les bons amis», puisque Londres a continué à payer sa dette de la Deuxième Guerre mondiale (principal et intérêts), jusqu'en 2006, c'est-à-dire plus de 60 ans après la fin de la catastrophe provoquée par Hitler. Ni l'amitié euphorique entre Winston Churchill et Franklin Roosevelt, ni la relation presque amoureuse entre Margaret Thatcher et Ronald Reagan, ni la participation de Tony Blair à la guerre d'Irak aux côtés de son ami Bush, ni l'envoi de troupes britanniques en Afghanistan n'ont constitué de motifs sérieux aux yeux de Washington qui justifieraient l'annulation du reliquat.
L'autre exemple est plus étonnant encore. C'est aujourd'hui, dimanche 3 octobre, que l'Allemagne paie le dernier chèque relatif à sa dette en rapport avec les péripéties de la Première Guerre mondiale qui s'est terminée il y a près d'un siècle. L'histoire de cette dette est abracadabrante. Elle remonte au traité de Versailles qui, en 1919, imposa aux vaincus des réparations d'un montant faramineux : 132 milliards de marks-or, beaucoup d'argent, ce que l'Allemagne, ruinée à l'époque, ne pouvait pas payer. Le recours à l'emprunt était donc nécessaire pour payer les sommes prévues dans la liste des sanctions du Traité de Versailles.
La Deuxième Guerre mondiale et la division de l'Allemagne qui s'en était suivie avaient perturbé le remboursement pendant quelques décennies, mais n'avaient pas annulé la dette. En 1953, un accord signé à Londres entre la République fédérale d'Allemagne et les pays créanciers ajournait le remboursement de la dette à l'«après-réunification» du pays, divisé entre RFA, dans le camp occidental, et RDA (République démocratique d'Allemagne), dans le camp soviétique.
Il faut dire qu'au moment de la signature de l'accord de Londres, le monde était entré dans une période où les incertitudes étaient telles que personne n'était prêt à payer un kopek pour parier sur la réunification de l'Allemagne ou sur la reprise des remboursements de la dette de la première guerre par les Allemands.
Aujourd'hui, le peuple allemand célèbre deux événements. Des festivités sont organisées un peu partout en Allemagne pour fêter le 20e anniversaire de la réunification intervenue le 3 octobre 1990. Un événement d'autant plus marquant que cette réunification avait la caractéristique d'une divine surprise dans la mesure où, seulement quelques mois plus tôt, nul ne savait avec certitude si l'Allemagne sera réunifiée un jour.
Le second événement, célébré aussi ce dimanche 3 octobre, n'est pas aussi important, mais a une valeur hautement symbolique. En payant la dernière tranche d'une dette vieille de 92 ans, l'Allemagne tourne définitivement l'une des pages les plus douloureuses de son histoire et se débarrasse définitivement du fardeau humiliant du Traité de Versailles dont les conditions étouffantes, visant à réparer les conséquences d'une catastrophe, avaient largement contribué à déclencher, 20 ans plus tard, une catastrophe plus grande encore.


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