Abdellatif El Mekki fait dire au gouverneur de Jendouba ce qu'il n'a pas dit et s'excuse pour sa faute. En parallèle, le bureau exécutif publie une déclaration dans laquelle il fait prendre à l'Ugtt des positions que les syndicalistes récusent catégoriquement Quand Samia Abbou, la députée vedette du palais du Bardo, est partie en vacances le 31 juillet dernier, beaucoup se sont demandé : «Qui va maintenant nous occuper avec ses déclarations tonitruantes ? Qui va faire fonctionner les réseaux sociaux et permettre aux férus de Facebook de meubler leurs longues et chaudes soirées d'un mois d'août qui a battu tous les records en matière de chaleur suffocante ? Enfin, qui va jouer le rôle d'agitateur de la scène politique et sociale avec des réparties qui auront au moins le mérite de nous faire oublier pour une journée ou deux que les sardines se vendent en plein août à 4 dinars 500 millimes le kg à Mahdia et que la pastèque est à 400 millimes le kg ? Heureusement, Samia Abbou a trouvé un remplaçant digne d'un poste de titulaire à part entière. Il s'agit de Abdellatif El Mekki, le député nahdhaoui, membre du Conseil de la choura d'Ennahdha, ancien ministre de la Santé du temps des Troïka I et II et chef de file de la bande des trois (El Mekki, Mohamed Ben Salem et Samir Dilou) qui considèrent que Rached Ghannouchi ne fait, ces derniers jours, qu'accumuler les fautes médiatiques. Le pompier au seau en plastique accouru éteindre le feu à Jendouba sous la caméra d'un accompagnant immortalisant la scène nous produit quotidiennement une déclaration, nous livre une information qui fait l'actualité et nous invite à la réflexion. Sur Mosaïque FM, il a indiqué, vendredi dernier, qu'un député montait les citoyens à Jendouba contre l'Etat et que c'est le gouveneur de la région qui lui a donné l'information. El Mekki, l'exemple ou le disciple indiscipliné Malheureusement pour El Mekki qui se déplace de plateau en plateau pour remplir son mois de vacances, le gouverneur de Jendouba a aussitôt démenti les propos du député nahdhaoui. Et pour une fois, El Mekki a reconnu son erreur, précisant qu'il tire son information d'une autre source et présentant ses excuses au gouverneur. Toutefois, il n'a pas précisé si le député en question dont il a refusé de révéler l'identité a effectivement harangué les foules contre les autorités ou si l'information est fausse. L'affaire El Mekki, l'homme politique qui fait une fausse déclaration et reconnaît immédiatement son erreur et en prime s'excuse auprès de qui de droit (ce qui n'est pas courant dans nos mœurs post-révolution), pousse à poser la question suivante : faut-il le considérer comme l'exemple à suivre à l'avenir ou comme le disciple indiscipliné du parti Ennahdha dont les leaders n'ont jamais reconnu une faute commise et se mobilisent le plus souvent pour expliquer l'inexplicable et justifier l'injustifiable ? La question s'impose quand on parcourt la déclaration publiée par l'Ugtt apportant un démenti cinglant à ce qu'Ennahdha a publié à la suite de la rencontre Ghannouchi-Noureddine Taboubi, jeudi 10 août, au siège de l'Union syndicale des travailleurs du Maghreb arabe (Ustma). En effet, dans le communiqué publié par Ennahdha, on lit : «Les deux parties ont affirmé leur soutien au gouvernement d'union nationale et leur attachement au dialogue direct et à la concertation sur les questions nationales et aussi sur les différends qui pourraient surgir entre l'Ugtt et Ennahdha». Sauf que l'Ugtt n'est pas d'accord avec le contenu de la déclaration répercutée par Ennahdha. Vendredi 11 août, un communiqué de l'Ugtt précise : «L'Ugtt est indépendante dans ses décisions et positions et n'attend les ordres de personne. Sa seule référence est bien les décisions de ses structures». Les propos de l'Ugtt sont on ne peut plus clairs et incisifs : les syndicalistes n'admettent pas que quiconque parle en leur nom et leur fasse dire ce qu'ils n'ont pas dit. Et s'ils veulent réaffirmer leur soutien à Youssef Chahed, ils peuvent le faire par eux-mêmes et directement au chef du gouvernement. Maintenant, on attend comment les nahdhaouis vont réagir, à moins qu'ils préfèrent dépenser leur énergie à dresser les listes de leurs candidats aux municipales et à sélectionner «les indépendants» qui auront les faveurs de Rached Ghannouchi.