Le Club Africain est en crise ! Oui, ce n'est pas nouveau, mais l'essentiel serait bien de savoir depuis quand et pourquoi. Un club, d'une façon générale, peut être en crise financière faute de moyens pour concrétiser ses projets (s'il en a vraiment), en crise administrative dans le cas où il ne se fait pas assister par des personnes expérimentées, rompues aux manœuvres des coulisses et des arcanes d'une administration obligée de composer avec des règlements flous à souhait et établie avec des arrière-pensées, toujours possibles, pour des raisons parfois inavouables ; ou enfin des crises de résultats en cas d'incompétence de l'encadrement technique ou tout simplement pour absence de joueurs réellement de niveau et ne répondant pas aux ambitions énoncées. Le nettoyage par le vide qui a été effectué à tous les niveaux, les mises à l'écart effectuées en dépit des déclarations de bonnes intentions et les polémiques gratuites engagées ont fini par saper les fondements de toute collaboration entre les différentes parties prenantes du club. Nous avons laissé la raison qui réunit en elle toutes ces composantes, celle relative à la présence d'un homme de poigne, rigoureux mais pédagogue, crédible et surtout bon meneur d'hommes. Il ne suffit pas de s'entourer d'un certain nombre de personnes qui se respectent presque tous, puisqu'on en trouve toujours de ces requins qui mangent à tous les râteliers et qui trouvent le moyen de s'introduire au sein d'un club malgré les casseroles qu'elles traînent. La présence de ces brebis galeuses dénature les projets, pollue l'ambiance et contribue malheureusement au manque de crédibilité de l'ensemble, alors que le club a besoin d'éléments intègres au-dessus de tout soupçon. Des hommes ayant connu le terrain, soit au niveau du pratiquant qui passe du champ de jeu qui a ses contraintes et ses obligations, son besoin de stabilité et de quiétude à l'administration, soit du statut de dirigeant de section à une tâche beaucoup plus importante, où il a appris à connaître et comprendre la psychologie du joueur et du personnel d'encadrement. Combien de clubs bénéficient-ils de l'apport de cette évolution logique et de ces critères pour la désignation du premier responsable ? Ce qui est certain, c'est que ce grand club de la capitale en a connu des crises. Certaines demeureront à jamais inconnues ou non ressenties par le commun des mortels. Seul un cercle réduit en aurait connu les tenants et les aboutissants et de par le charisme des hommes qui entourent le club, leur parfaite connaissance des questions sportives, ces crises ont été réglées sans dégâts et sans préjudices. Il n'y avait pas certes facebook et des clans qui s'entretuent, mais des fans prêts à tout pour que leur club garde son prestige et son rayonnement. Que voit le public sportif de nos jours ? Que lit-on sur les colonnes des différentes pages sportives ou sur les commentaires des différents moyens de communication : des hommes qui prétendent aimer leur club mais qui n'hésitent pas à descendre en feu ceux qui sont en place. Ils retirent leurs billes comme des gamins, qui coupent les vivres et qui iront sans vergogne, tout en clamant leur «clubisme», les donner à la boutique d'en face. Des propos et des agissements qui n'amènent que honte et stupeur ? Il faudrait quand même reconnaître que cela ne date pas d'aujourd'hui et que des comités directeurs ont été dissous sous la pression, sur une terrasse de café ou dans les salons ...feutrés. Dans tout cela où le club trouve–t-il ses intérêts et comment peut-il retrouver la voie du bon sens ? En l'absence de crédibilité (parole donnée, promesses non tenues, chèques sans provision ( ?!), projets figés à la pose de la première pierre elle-même disparue, ambitions démesurées et incompatibles avec la réalité qui règne sur la scène sportive nationale où domine une incroyable confusion, etc.), il est devenu réellement difficile de remettre le club sur la voie du redressement. Le Club Africain, pour sa chance, a connu des hommes providentiels qui ont accepté de prendre le club dans des conditions catastrophiques. Ils ont résisté aux assauts des adversaires potentiels qui ont tout fait pour que le Club Africain ne gagne rien. Tous les moyens ont été bons. Mais le club est resté debout, grâce à son aura, à son public fidèle et en accroissement continu, à la place qu'il occupe historiquement dans le cœur de bien des Tunisiens partout sur le territoire national. Ces hommes providentiels (ils l'ont payé de leur santé et même de leur vie) ont subi les manipulations de ceux qui étaient censés être des pourvoyeurs de fonds du club, mais qui, pour un nombre ou la nature des billets d'invitations envoyés, retenaient les chèques, pour ne les remettre que des mois après. Ces manipulateurs se reconnaîtront, mais ceux qui ont subi ces aléas ne devraient pas oublier ces agissements et éviter de rallier ceux qui, pour des raisons inavouées, s'adonnent à des manœuvres pas aussi claires que les promesses et déclarations énoncées à ceux qui voudraient les entendre... Ce genre de meneurs d'hommes n'est plus là, ou s'ils se tiennent en réserve, demeurent strictement silencieux, à l'écart des grenouillages, rumeurs, refusant toutes polémiques, jusqu'à ce que ceux qui ont essayé de prendre la direction d'un club aussi puissant, aussi populaire et donc surmédiatisé, comprennent que l'argent n'est pas tout. L'argent, et l'actuel bureau en a dépensé (comment, sous quelles conditions et pour quelles raisons, les rapports financiers sont les seuls à établir les véracités des actes), il faudrait en faire un levier pour agir dans l'intérêt du club, motiver le personnel d'encadrement administratif et technique, améliorer l'infrastructure, former et préparer les futures générations, dans l'attente et en prévision d'un retour sur investissement incontournable pour tout club professionnel. C'est ce qui apparemment manque le plus. Si nous n'avons pas cité de noms, c'est par respect du devoir de réserve et pour ne pas en rajouter à cette crise, que le Club Africain surmontera sans aucun doute. A courte ou à longue échéance ? La réponse est entre les mains de ceux qui ont les moyens de donner cette réponse.