Un pouvoir d'achat en baisse, des prix qui grimpent en flèche... Les Tunisiens ont du mal à faire face à la cherté de la vie. Les plus pauvres luttent aujourd'hui pour survivre et satisfaire leurs besoins vitaux Si les citoyens appartenant à la classe «moyenne», qui ont le privilège de bénéficier d'un salaire plus ou moins fixe, peinent à s'en sortir, que dire alors des autres, ayant un salaire qui ne dépasse pas le smig et qui galèrent vraiment pour survivre... La prise de trois repas par jour est devenue un luxe pour eux ! Le moindre millime est compté et ils continuent à se battre pourtant. Après les dépenses «excessives» de l'été, les festivités des fêtes sacrées, voilà les charges de la rentrée scolaire et universitaire qui s'ajoutent au budget serré du citoyen. Ce dernier, déjà à bout de souffle, se doit d'être astucieux afin d'affronter toutes ces dépenses qui s'avèrent nécessaires pour répondre à ses besoins. Mais comment réussir ce challenge en dépit des charges et des prix qui ne cessent de grimper ? Le Tunisien devrait-il jouer le rôle d'un magicien ayant plus d'un tour dans son sac pour se sortir de l'impasse ? Légumes, fruits, vêtements, frais de logement, factures d'électricité, d'eau, abonnements aux moyens de transport... sont des besoins vitaux dont le citoyen ne peut se passer. Ce fardeau à porter pousse plusieurs citoyens appartenant à une classe sociale moyenne à chercher des alternatives qui les aident à mener un train de vie plus ou moins stable afin de subvenir à leurs besoins les plus nécessaires ! Le challenge de la survie Le cas de Soumaya et Walid en est très révélateur. En effet, ce couple qui a deux enfants, dont l'un est inscrit dans une école privée, doit payer chaque mois au moins 150 dinars, sans compter les dépenses pour le goûter et autres tentations. En ce qui concerne leur second enfant qui a déjà 4 ans, il a été privé d'une année à la maternelle pour que son frère aîné puisse suivre ses études dans le privé. Ce couple en a décidé ainsi pour fuir d'autres dépenses supplémentaires. Pour cette année scolaire, le couple a opté pour une autre stratégie, il a d'ailleurs décidé d'inscrire son fils aîné dans une école étatique afin que son frère commence sa scolarisation. «Il faut être astucieux et avoir un regard aussi lucide pour pouvoir gérer toutes les dépenses de la vie qui deviennent de plus en plus pénibles et lourdes. Avec seulement 600 dinars comme salaire, alors que je suis femme au foyer, il est très difficile de vivre aisément. Je me bats pour ma petite famille composée de quatre personnes et tous les moyens sont permis dans mon combat pour vivre dignement, d'ailleurs, j'ai impliqué ma belle-mère dans la prise en charge de mes deux enfants quant à leur alimentation et parfois habillement », confie Soumaya. Elle a ajouté à la fin que pour pouvoir payer les frais d'inscription et les fournitures scolaires pour les deux gosses, son mari et elle se sont arrangés avec l'école pour les payer par tranches. Système D Pour le cas de Najet, quinquagénaire et dont le mari est à la retraite, elle n'a ni enfants à scolariser ni un crédit bancaire à payer et pourtant, elle n'arrive pas à subvenir aisément à ses besoins vitaux. Sa seule issue de secours, c'est l'aide qu'elle reçoit chaque mois de ses deux fils qui travaillent et qui partagent avec leurs parents le loyer du logement estimé à 500 dinars par mois et les frais de soins médicaux de la maman. Morale de l'histoire, avec un seul salaire, on ne parvient pas à vivre dignement et la vie devient une lutte sans fin. Ces femmes qui n'ont jamais travaillé pour des raisons de santé ou pour pouvoir s'occuper de leurs enfants se sont retrouvées obligées de se contenter uniquement du salaire de leur conjoint. Elles ne s'en sortent pas mieux que celles qui ont la chance d'avoir un travail. D'ailleurs, Noura, ainsi que son mari, tous deux fonctionnaires, doivent se débrouiller et rechercher des astuces afin d'assurer un minimum de stabilité côté finances et affronter les dépenses basiques. La famille est composée de trois enfants, dont l'un est inscrit à la faculté alors que le deuxième est bachelier et le dernier intègrera cette année l'école. « Affronter toutes ces dépenses de scolarisation s'avère une mission très difficile à réussir d'autant plus que mon salaire de professeur ne me permet pas de tout assurer. L'alternative ? Assurer des cours en langues dans les centres de formation pendant la saison estivale. Idem pour mon fils qui, lui aussi a sacrifié son été pour travailler en tant que plongeur dans un restaurant pour prendre en charge les frais de l'année universitaire. Ces sources de revenus supplémentaires viennent à notre secours, surtout que le quart du salaire de mon mari est directement viré vers la banque pour payer un crédit qui s'achèvera dans quelques années », précise la professeur. Les familles nombreuses qui ont plusieurs bouches à nourrir et vivent dans des conditions déplorables se limitent au strict minimum. On parle de toutes ces femmes combattantes, mais aussi des hommes, qui n'épargnent aucun effort pour gagner leur vie dignement, en accumulant les petits boulots, à l'instar des femmes de ménage qui travaillent jour et nuit. Leur journée commence dès l'aube pour ne s'achever qu'en début de soirée en jonglant d'une maison à une autre afin d'offrir leurs services pour collecter à peine 25 dinars par jour. Un pouvoir d'achat en baisse et des prix qui grimpent en flèche... C'est toute une structure économique en chute libre et la vie ressemble à un ring sur lequel le citoyen livre un combat quotidien pour s'en sortir.