«Diaspora», avec une forte structure descriptive et figurative, distille une narration intelligente qui raconte la confiscation de la révolution et le retour des «anciennes têtes». Une soirée à la belle étoile, concoctée par Le Goethe-Institut au grand plaisir des cinéphiles. Sous l'intitulé «Kurzkino: Soirée des courts du monde», l'événement a drainé un bon nombre de jeunes, venus profiter de l'une des dernières soirées estivales abritées par les jardins de l'institut. Dans une ambiance très décontractée, des étoiles plein le ciel, les spectateurs bien installés sur leurs poufs ont pu savourer un programme de courts métrages tunisiens et internationaux. Onze films de différents genres signés par des réalisateurs tunisiens, allemands, turcs, belges et suisses de quoi bien clôturer la saison estivale de l'institut qui nous a proposé des rendez-vous culturels variés avec des soirées musicales, du cinéma et autres ciné-concerts. Coup de cœur pour «Bende sira», une fiction turquo-allemande, signée par Ismet Ergun. Le film, en 10 minutes, nous parle de cinéphilie enfantine et plus encore... Dans un quartier populaire turc, un groupe de petits garçons a inventé un jeu : Chacun vide ses petites poches, une caisse commune permet à l'un d'entre eux désigné par le coup du hasard d'aller au cinéma, car l'argent collecté ne paye qu'un seul ticket. Bien entendu, une fois sorti de la salle et attendu par toute la bande, le chanceux doit raconter le film à ses copains qui l'attendent impatients. Une petite fille est toujours témoin de ce jeu mais n'y est jamais convenue (même en contribuant à la collecte). Un jour, un adulte propose de les inviter tous à aller voir le même film. L'on se rend compte vite que les avis sont mitigés, que chacun avait une manière très singulière de voir le film, un «débat» très bruyant s'ensuit. La petite fille, toujours exclue, finit par trouver celui (visiblement son frère) qui va lui raconter le film (Qui trouve en elle une bonne auditrice). D'une manière toute simple, le film parvient à nous parler de la passion du cinéma, de la magie des histoires et des échanges qui se font autour. D'une cinéphilie pure et innée... Encore une histoire d'enfance, pas très heureuse celle-là, celle de Wally racontée dans « Par mauvais temps », un film d'animation suisse, signé par Remo Scherrer. La vie de Wally est perturbée par l'alcoolisme de sa mère. Un film sombre en noir et blanc, traite en demi-figuration (des figures et autres formes oscillant se confondant parfois pour faire dans une sorte de confusions) suivant la perturbation vécue (et racontée) par Wally et ses frères et sœurs. Deuxième coup de cœur pour le film d'animation allemand «Eine villa mit pinien» de Jan Koester. Une ambiance très particulière, une esthétique et des tableaux saisissants pour nous raconter l'étrange aventure de Lion et oiseau. Entrés par effraction dans une villa abandonnée, ils tombent sous l'emprise d'une force redoutable et tentent de résister pour ne pas rester prisonniers. Le public a pu aussi voir ou revoir «Diaspora» du Tuniso-Egyptien Alaeddine Abou Taleb. Du type stop motion et animation en papier découpé 2D, le film a reçu plusieurs prix dont le Tanit d'or lors de l'édition 2015 des JCC pour le meilleur court métrage. C'est l'histoire d'une tête qui vivait seule, pendant de longues années, dans un fauteuil roulant dans un appartement au centre-ville de Tunis. Elle tombe dans la routine en subsistant grâce aux médias, jusqu'au jour où elle reçoit l'annonce d'un emploi. Elle finit par abandonner son fauteuil et quitter son isolement. Un excellent film avec une grande subtilité du propos (images et son). «Diaspora» avec une forte structure descriptive et figurative distille une narration intelligente qui raconte la confiscation de la révolution et le retour des «anciennes têtes».