La Tunisie a été appelée à participer avec des équipes européennes et du Nord de l'Afrique à la réalisation de simulations et d'exercices sur les tsunamis. Un tsunami peut-il un jour survenir en Méditerranée et inonder les côtes tunisiennes? Afin d'anticiper une telle possibilité, l'Institut National de la Météorologie (INM) a décidé de prendre les devants en s'équipant de moyens, de méthodes visant la réalisation conjointe, avec les pays de la rive nord de la Méditerranée ainsi que les voisins de la rive sud, d'études et de projets permettant de modéliser et de simuler les tsunamis qui peuvent survenir en Méditerranée et l'impact qu'ils pourraient avoir sur les côtes de ses rives nord et sud. Si l'INM a décidé de passer à l'action, c'est en raison de l'histoire de la Méditerranée qui n'a pas toujours été de calme. Celle-ci a connu depuis la nuit des temps des épisodes «tsunamiques» impressionnants à l'origine de l'engloutissement de cités comme Alexandrie ou Néapolis. Cette thèse vient, d'ailleurs, d'être confirmée par la découverte, cet été, réalisée par une équipe conjointe de l'Institut national du patrimoine (INP - Tunisie) et de l'Université de Sassari - Oristano (Italie), de vestiges romains s'étendant sur 20 hectares au large de Nabeul, capitale du Cap Bon. En 365 après J.C, un autre séisme survenu au large de la Crète aurait causé des dégâts considérables sur les côtes de la Grèce et, de la Turquie, d'Egypte et Libye et même sur les côtes tunisiennes. Des conséquences désastreuses Au cours du deuxième millénaire avant J.C, l'effondrement du volcan de l'île de Santorin a provoqué un tsunami tellement violent qu'il a causé des vagues géantes de vingt mètres qui ont déferlé sur quelque dizaines de kilomètres engloutissant des foyers et des habitations entières, ce qui serait à l'origine de la disparition de la civilisation Minoenne. Séparés par de longs intervalles de temps, les épisodes « tsunamiques » qui ont continué à se succéder se font aussi rares que violents. Lorsqu'ils surviennent, après de longues périodes de calme, ils sont d'une intensité extrême, à l'instar du séisme d'une magnétude de 5.9 survenue en 1583 à Messine (ville italienne située entre le Cap Bon et la Sicile) et qui a tué des milliers de personnes, et celui de Lisbonne survenu en 1755 qui a causé la mort de 30.000 personnes. En 2003, le séisme survenu dans la ville algérienne de Boumerdès a généré un tsunami qui a provoqué des dégâts dans les îles Baléares et la ville de Tabarka. Le phénomène des tsunamis reste rare et peu fréquent comparé aux fréquences des séismes. Cela s'explique par le fait que, comparée aux océans Atlantique et Pacifique ou Indien, la mer méditerranéenne est petite en superficie et n'est pas aussi profonde que les océans, selon l'Institut National de la Météorologie, d'où la fréquence peu élevée de ces phénomènes naturels. La seule crainte que nourrissent les spécialistes serait qu'un tsunami dévastateur pour les côtes tunisiennes et les pays voisins survienne potentiellement de la zone de subduction au niveau de la Grèce ou de la rupture sous-marine se trouvant à 200 kilomètres des côtes Est tunisiennes et qui connaît une activité sismique assez importante, mais qui reste, toutefois, sporadique. Mettre en place un système d'alerte efficace Afin de mettre en place un système d'alerte efficace au niveau de la Méditerranée, sept pays, à savoir le Portugal, la Tunisie, la Grèce, l'Espagne, l'Allemagne, la Norvège, la Turquie et le Maroc ont conjugué leurs efforts autour d'un projet en commun qui a pour principal coordinateur l'Institut National de Géophysique et de Volcanologie de Rome (Ingv) d'Italie. Ces pays se sont engagés à réaliser des études sur la probabilité de survenue de tsunamis au large des côtes de la Méditerranée pouvant être générés par des séismes de grande magnitude enregistrés dans des pays se trouvant dans le pourtour de la Méditerranée. Ces pays doivent fournir des données non seulement sur la probabilité de survenue de ces activités sismiques, mais également sur la hauteur moyenne des vagues que peuvent provoquer ces tsunamis, les zones susceptibles d'être le plus touchées et la nature ainsi que l'importance des dégâts matériels qu'ils peuvent provoquer. Ces informations devraient être communiquées à toutes les institutions concernées (le ministère de l'Intérieur, les gouverneurs, la marine nationale, le ministère de la Défense, la Protection civile...) afin qu'elles puissent mettre en place un système permettant la transmission de données et d'informations entre les pays du pourtour de la Méditerranée sur les risques liés aux séismes et aux tsunamis dans la zone. Mesurer l'élévation du niveau marin Grâce à ces informations, des stratégies de prévention pourront être élaborées afin de coordonner efficacement les opérations d'intervention en cas de catastrophe naturelle. Les résultats de ces études seront soumises vraisemblablement dans les prochains jours à la commission européenne qui devra évaluer la précision et l'exactitude scientifique de ces données. «Le dernier séminaire, qui a eu lieu sur les tsunamis intitulé Tsumaps, a abouti à plusieurs recommandations, dont celle de rechercher un nouveau point focal pour loger les instruments de mesure du niveau marin permettant de contribuer à détecter les tsunamis grâce à la mesure de l'élévation du niveau de la mer. La mise en place d'un système d'information particulièrement géographique, l'éducation et la sensibilisation grâce à la synergie des pays autour de nouveaux projets permettront une meilleure coordination des actions et une réponse efficace en cas de survenue d'une catastrophe naturelle», conclut le sous-directeur de la Géophysique à l'INM.