La «dégradation» de l'école et de l'université publiques, la domination «sauvage» du sport civil et l'absence de complémentarité entre ces institutions au niveau de la détection font que l'on regrette les traditions du passé. Le vendredi après-midi pour les lycéens, le mercredi pour les étudiants, c'était un rendez-vous sacré pour ceux et celles qui ont vécu cette époque où les terrains des universités et des lycées se remplissaient pour suivre les matches organisés dans le cadre du défunt sport scolaire et universitaire. Qui, parmi nous, n'est pas passé par là ? c'était une époque d'or pour les sports collectifs surtout le hand, le basket et le volley et une ambiance conviviale et chaleureuse qu'on ne peut jamais oublier. La compétition n'était pas toujours de qualité certainement, les lycées, écoles ou universités n'avaient pas les mêmes moyens ni les mêmes joueurs, mais ce fut si motivant pour tout le monde. Enseignants d'éducation physique, entraîneurs détecteurs, parents, et bien sûrs les compétiteurs élèves et étudiants, ce fut l'âge d'or des sports universitaire et scolaire qui a vécu. En tout cas tout un monde entre cette époque et celle d'aujourd'hui où ce secteur a perdu de son efficacité et de ses traditions dans les milieux scolaire et universitaire. Ce n'est plus en tout cas le vivier dans lequel le sport civil puisait pour alimenter ses sections jeunes. Le football bien sûr, mais surtout le handball, le basket et le volley qui ont tiré énormément profit des universités et des lycées pour trouver des joueurs devenus plus tard célèbres et qui ont réussi leurs carrières. Nous ouvrons aujourd'hui le dossier du sport scolaire et civil en Tunisie et pourquoi il a si régressé pour ne plus fournir les joueurs au profit des clubs sportifs civils. Le monopole du sport civil En termes d'intérêt et de nombre de joueurs fournis pour le sport civil, on est certain que le sport scolaire et universitaire a beaucoup régressé. Les écoles et universités ont probablement d'autres chantiers et d'autres problèmes à traiter (nombre impressionnant d'élèves et étudiants, sécurité, rareté des enseignants, tensions politiques...). Il y a encore une compétition scolaire et universitaire, des matches qui se jouent encore mais c'est une compétition hachée, avec un niveau hétérogène selon les sports et les régions. Il y a des régions meilleures que d'autres, et ceci se comprend nettement. Il y a des régions où certains sports sont bien ancrés (le basket à Kairouan, le hand au Cap Bon et au Sahel, le volley à Sfax, etc.), alors que d'autres régions n'arrivent pas à fournir le service scolaire minimum. De plus, le sport civil, notamment les clubs, ont acquis le monopole de la formation et détection des jeunes joueurs. Ce n'est plus comme avant où le sport scolaire surtout les catégories minimes et cadets étaient l'antichambre du sport civil. Et même dans les universités, dans certaines disciplines individuelles, des champions pouvaient passer aux clubs pour réussir facilement. Aujourd'hui, et vu l'accroissement du nombre de clubs civils, et vu la concurrence des académies de foot et des autres sports, l'université et le lycée sont talonnés par le club qui détecte pour son compte et opère d'abord avec les académies. L'idée même n'intéresse plus les dirigeants contrairement au passé où les dirigeants avaient un lien avec le sport scolaire et universitaire. Les choses ont changé à l'image même de l'enseignement public qui souffre du peu de moyens et de l'anarchie qui y règne. Le sport vient aujourd'hui en second lieu. La race des détecteurs et des formateurs L'Etat, le ministère des Sports et la fédération accordent-ils les moyens et l'intérêt qu'il faut au sport scolaire et universitaire? Par rapport au rôle théorique qu'il peut jouer, et l'encadrement qu'il peut offrir à une jeunesse matraquée par les «hobbies» virtuels et extrasportifs, nous sommes encore loin du compte. Ceux qui organisent suivent les joueurs et les équipes scolaires et universitaires jouent-ils leur rôle ? Ils sont dans la plupart des cas submergés par leurs occupations dans les clubs, et n'ont pas aussi la qualité requise des joueurs pour une compétition de qualité. Ils sont aussi dépourvus d'une infrastructure adéquate pour un temps d'entraînement consistant. N'oublions pas également le temps accordé aux études et puis par la suite aux autres loisirs. Finalement, l'élève et l'étudiant n'ont plus le temps pour s'entraîner ou pour jouer une compétition officielle. Parfois, ils sont obligés de s'absenter pour pouvoir le faire. Ce dossier donne la parole à tous ceux qui sont concernés par ce sujet. L'objectif est de sauver le sport scolaire et universitaire et de permettre de redorer son blason. Cela nécessite surtout un plan ministériel qui mette enfin des moyens logistiques et humains nécessaires à une compétition crédible et épanouissante qui donne également la latitude au sport civil, dans certaines disciplines, d'élargir la base des pratiquants et d'améliorer ses performances.