L'agence américaine de notation prévoit une accélération de la croissance du PIB à 2,2% en 2017 contre 1% en 2016. Toutefois, elle avertit que la détérioration de la sécurité et de la situation politique reste le principal risque qui pourrait faire baisser les perspectives de la notation du pays. Fitch Ratings a confirmé les notes de défaut émetteur à long terme en devises étrangères de la Tunisie à «B+» avec perspective stable, indique un communiqué de l'agence américaine de notation, publié vendredi soir. L'agence évoque «une amélioration de la sécurité et de la situation économique depuis 2016, ce qui devrait contribuer à réduire les déficits jumeaux dans les années à venir». Elle prévoit une accélération de la croissance du PIB à 2,2%, en 2017, contre 1% en 2016. «L'amélioration des conditions de sécurité, après les attentats terroristes de 2015 ont permis la reprise du tourisme (les recettes touristiques ont augmenté de 19%, en glissement annuel, jusqu'à septembre 2017) et des investissements directs étrangers (+13%)», souligne-t-elle. Les prévisions de Fitch Ratings tablent également sur une croissance de 2,8% en 2018 et de 3% en 2019, grâce à un regain de confiance en la Tunisie, ce qui permettrait un rétablissement progressif de l'économie. Toutefois, elle avertit que la détérioration de la sécurité et de la situation politique reste le principal risque qui pourrait faire baisser les perspectives de la notation du pays. Fitch Ratings prévoit aussi que le déficit public diminuera progressivement, à 5,8% en 2018 et 5,3% en 2019 contre 6,4% en 2017. La réduction sera principalement attribuable au redressement de l'économie et à ses effets sur les revenus. L'agence de notation s'attend à ce que la dette publique atteigne 70% du PIB à la fin de 2017, contre 62% en 2016. Cette augmentation reflète l'impact du déficit public et la dégradation du taux de change (-18% contre l'euro et -10% contre le dollar depuis le début de l'année), sur la dette en devises (65% du total de la dette, à fin 2016). Compte tenu des déficits élevés persistants, Fitch s'attend à ce que la dette continue d'augmenter et culmine à 76% du PIB en 2024. Un déficit courant de 9% Toujours selon Fitch Ratings, le déficit courant atteindra 9% du PIB en 2017, et restera élevé à 8% d'ici 2019. La Tunisie dépend fortement de la communauté internationale pour financer son déficit courant. Fitch s'attend à ce que ce soutien se poursuive. Cependant, des retards potentiels dans les décaissements, par exemple en raison de l'incapacité à achever des réformes dans le cadre du programme du FMI, ou d'un affaiblissement du soutien international, à l'avenir, risquent de réduire l'accès au financement extérieur. L'Agence de notation relève, également, la faiblesse du secteur bancaire, en particulier des banques publiques, en raison de décennies de mauvaise gestion et des difficultés du secteur touristique. Les créances carbonisées supportées par les banques publiques s'élevaient à 15,1% au 2ème trimestre de 2017. Et de rappeler que «la restructuration des banques est un objectif clé du programme actuel du FMI en Tunisie» tout en affirmant que sur le plan intérieur, les épisodes de troubles sociaux persisteront probablement en raison du niveau élevé du chômage (15,2% au 2T de 2017). Rappelons qu'en février 2017, Fitch Ratings avait abaissé d'un point la notation tunisienne de «BB-» à «B+» avec perspective stable, suite à la baisse de l'activité du secteur touristique et du ralentissement de l'investissement. La Tunisie est classée 110e à l'échelle mondiale sur un total de 201 pays par le rapport publié, récemment, par Fitch Ratings sur «Tunisie: les risques opérationnels». Au niveau de la région Mena (18 pays), notre pays est classé 9ème, avec un score de 47,8/100, alors que le score moyen de toute la région Mena est de 47,4/100. Selon l'agence de notation, la Tunisie présente un grand nombre d'avantages, dont l'ouverture sur l'investissement étranger, la proximité de l'Europe et des marchés africains, et son adhésion à une multitude d'accords de libre-échange. «La Tunisie s'est investie en créant plusieurs zones de libre-échange en dehors de la capitale, ce qui reflète son engagement à attirer de nouveaux investisseurs dans des activités prometteuses, en l'occurrence les télécommunications», a encore noté Fitch Ratings. Toutefois, l'économie du pays fait face à plusieurs risques relatifs notamment au marché du travail (manque de main-d'œuvre qualifiée, faible niveau de participation de la femme au marché de l'emploi...), aux conditions logistiques et à la sécurité du climat des affaires. Au niveau du risque du marché du travail, la Tunisie est classée 15ème dans la région Mena avec un score de 43,6. Fitch a pointé du doigt, à ce niveau, l'inadéquation entre les compétences humaines et les besoins du marché du travail, le niveau élevé des impôts appliqués au contribuable et l'importante contribution qu'il assure au profit des caisses sociales, outre la prédominance des syndicats de base dans les secteurs public et privé, ce qui constitue un grand risque pour les investisseurs. Par ailleurs, l'agence a critiqué la hausse continue du nombre de mouvements sociaux observés dans les différents secteurs depuis 2015. Faiblesse des infrastructures Pour ce qui est du risque en matière de logistique (le score tunisien est de 46,9 alors que le score de la région Mena se situe au niveau de 48,4/100), Fitch a fait remarquer que les entreprises sont confrontées à des risques élevés de survenue de grèves, affectant les réseaux de transport. A cela s'ajoute la qualité modeste des routes et du réseau ferroviaire et le problème de congestion dans les principaux ports du pays. En revanche, l'agence a valorisé les efforts déployés par le pays, en vue de réduire le niveau de la bureaucratie dans l'activité commerciale, et d'améliorer la qualité des services publics. S'agissant du risque de sécurité et de cybercriminalité (score de 46,7 par rapport au score régional de 43,9/ 100), le rapport a fait état de la détérioration de la sécurité dans le pays, en raison de la proximité de la Libye qui présente un risque élevé d'attaques terroristes et d'intrusions sur les frontières nationales, et aussi, la proximité de l'Algérie, avec les risques accrus de la contrebande. Fitch a noté, en outre, que la Tunisie fait face, également, à la hausse des risques de délits financiers, car la Tunisie ne respecte pas les normes internationales d'information financière. En ce qui concerne le risque dans les domaines du commerce et de l'investissement (un score de 53,8 par rapport à un score régional de 47,4/100), l'agence de notation a révélé que ce risque est le moins pesant pour la Tunisie, au vu que cette dernière offre un environnement d'investissement ouvert et des incitations fiscales importantes dans les secteurs industriels clés.