Conçu comme un rassemblement consensuel autour du président de la République en vue du sauvetage du pays, l'Accord de Carthage vit, en ce moment, un virage laborieux qui pourrait remettre totalement en question la philosophie qui le sous-tend Ennahdha et la direction officielle de Nida Tounès ont ainsi ressorti Slim Riahi, qui était dans le collimateur de la justice, pour ramener son parti, l'UPL, dans leur giron au sein des signataires du fameux Document-programme consensuel que le gouvernement Chahed est censé mettre en application. A ce jour, les concertations entre les multiples composantes signataires se faisaient lors de réunions de coordination convoquées à cette fin par le chef du gouvernement, qui en présidait les travaux. Mais des réunions récentes ont rompu, à deux niveaux, la tradition. D'abord, elles regroupent seulement trois signataires, et seulement des partis. Ensuite, elles écartent Youssef Chahed et entendent, selon des bruits persistants, lui «imposer» une loi de finances restructurée et un programme de gouvernement alternatif. Nouvelle Troïka Les désaccords au sujet de la loi de finances en projet sont présentés comme étant l'élément central de ce bras de fer que livre cette majorité parlementaire élargie à la grande majorité des signataires de l'Accord de Carthage. Mais les trois grandes organisations socioprofessionnelles ne sont nullement impliquées dans cette fronde partisane qui se place en position hégémonique. Les bruits les plus fantaisistes courent à propos des projets de cette alliance politique à trois que certains désignent déjà comme la nouvelle Troïka, mais l'habituel arbitrage du chef de l'Etat continue de sécuriser le tableau. Au moment même où le projet de Front parlementaire progressiste semble marquer un temps de réflexion.