Feu Hamadi Chérif était un grand galeriste, il avait lancé sa galerie Chérif Fine Art à Sidi Bou Saïd, ensuite le Centre international des Arts à Djerba, ouvert en 2010. Malheureusement, parti trop tôt avant d'avoir lancé sa fondation, ses amis proches ont créé l'association Aloès pour pérenniser son nom et son œuvre L'association Aloès, fondée en 2014 par les amis de feu Hamadi Chérif, a organisé jeudi soir, à l'Acropolium de Carthage, la remise du prix annuel Aloès d'or, en présence du ministre de la Culture, Mohamed Zine El Abidine. Le trophée a été attribué pour l'édition 2017 à la chanteuse lyrique Alia Sellami, pour son talent, son œuvre, mais aussi pour sa vison de la tolérance exprimée dans ses spectacles et notamment «Nafass». Cette création, autrement intitulée «Chants sacrés du monde», met à l'honneur la rencontre de toutes les religions et non uniquement monothéistes. Celle qui manie autant le chant d'opéra, le jazz que la chanson arabe a été longuement ovationnée par un public présent en force dans la belle cathédrale illuminée de mille feux. Le ministre a pour sa part accordé un hommage appuyé à un «emblème de la musique lyrique qui a formé de jeunes générations aux arts scénique et lyrique». Notre confrère de La Presse Hamma Hannachi, qui était lié avec le défunt «par un long parcours d'amitié», est président de l'association Aloès. A pied d'œuvre pour l'organisation de la cérémonie, il nous explique le choix du comité, séduit par la multidisciplinarité de Alia Sellami et par sa démarche prônant la tolérance, «la lauréate a plusieurs cordes à son arc ; elle est créatrice et interprète, elle a composé pour le théâtre, la danse, le cinéma et a séduit un public international. De plus, sa vision tolérante et inclusive des religions est le seul rempart fort pour lutter contre l'intolérance et la violence ici en Tunisie et dans le monde», a-t-il insisté. Dans son discours de bienvenue, le président de l'association déclare, pour honorer la mémoire de son ami défunt, «il me plaît de croire que celui pour qui on a fondé Aloès aurait aimé avoir deux vies, une vie terrestre et une seconde vie, pacifique, contemplative, céleste». Encourager les jeunes talents Feu Hamadi Chérif était un grand galeriste, il avait lancé sa galerie Chérif Fine Art à Sidi Bou-Saïd, ensuite le Centre international des Arts à Djerba, ouvert en 2010. Malheureusement, parti trop tôt avant d'avoir lancé sa fondation, ses amis proches ont créé l'association Aloès pour pérenniser son nom et son œuvre. «Il existe sur la place énormément de notoriétés dans le monde artistique et musical, mais pas de noms de galeriste. Hamadi Chérif était le premier à avoir eu cet honneur», analyse Hamma Hanachi, et de poursuivre: «le prix Aloès a été instauré pour encourager les jeunes talents de différentes disciplines artistiques». Doté de 10.000 dt, le prix est financé par l'un des amis du défunt, Dr Zaech, qui est suisse et habite à Djerba, dont l'épouse Edith Zaech, vice-présidente de l'association Aloès, a donné un discours en souvenir de «Hamadi Chérif, un homme charmant et fortement engagé qui a toujours accordé un soutien particulier aux jeunes talents. Son héritage, dont encourager de nouveaux projets représente la principale mission, nous essayons de le perpétuer», a-t-elle revendiqué. Le premier prix Aloès a été accordé en 2015 à Mehdi Ben Sheikh, créateur de Djerba Hood, la galerie de Street Art. En 2016, il a été décerné à Selma et Soufiane Ouissi, des artistes pluridisciplinaires qui ont créé Dream City. Dans une ambiance agréable que la magie des lieux a sublimée, le peintre Ali Zenaidi a offert à l'association un portrait de Hamadi Chérif qui aurait célébré, le 7 décembre 2017, son soixante-dixième anniversaire. Un intermède musical a été assuré par le quartet venu de Montpellier, Imed Alibi, Matia Levrero, Michel Marre et Emma Lamadji dans le chant. Un moment de pur bonheur dans lequel la voix forte de la cantatrice a empli les lieux. Plusieurs courants musicaux comme le gospel et la soul ont été visités face à un public conquis qui l'a fait savoir.