Un programme d'activités étalé sur une semaine. Le chef du gouvernement convié à y prendre part. Souvenons-nous encore d'un certain 17 décembre-14 janvier 2011? La révolution qui ébranla toute la Tunisie et continue à changer le cours de l'histoire. Sept ans déjà, il n'en reste qu'une image un peu floue, parfois écornée, du fait d'un goût d'inachevé sous l'effet d'une transition en difficulté. Jusque-là, le triptyque emploi-liberté-dignité n'a pas abouti. Sauf que le festival international de la révolution, tenu chaque année à Sidi Bouzid, région reconnue comme son berceau local, vient lui redonner son éclat, à même de remettre en question « un crime d'oubli caractérisé ». Toutefois, cet oubli fait, dirait-on, partie du bon fonctionnement de la mémoire. La mémoire d'une nation, en quelque sorte. C'est dans cet esprit de reconnaissance de nos martyrs et blessés de la révolution et le droit des régions, dont Sidi Bouzid, à l'emploi et au développement que le comité dudit festival voudrait inscrire pareille tradition commémorative. Soit une 7e édition qui devrait s'organiser dans la continuité, avec un souffle novateur. Cela fait de sorte que la date du 17 décembre 2010-14 janvier 2011 soit l'étape référentielle, ce dont on tire les enseignements du passé. Lors d'une conférence de presse, au Snjt à Tunis, le porte-parole du comité d'organisation du festival, M. Youssef Jallali, a tenu à creuser dans les dimensions culturelles et historiques dont se prévaut ce rendez-vous annuel. «Qu'il devienne une fête nationale haute en couleur, largement significative, mais pas à caractère folklorique», espère-t-il, soulignant que la crise politique persistante et la foire d'empoigne partisane n'ont fait que détourner le débat public sur les mérites de la révolution et les impératifs du changement. En lieu et place de vraies actions constructives réellement porteuses de fruits. Hélas, argue-t-il, les gouvernements successifs n'ont pas réussi à tenir leurs promesses. Retour intermittent des forces contre-révolutionnaires et réveil, à ses dires, des démons des temps révolus. Ainsi, la date du 17 décembre a-t-elle perdu de son importance ?, se demande-t-il, sur un ton amer. C'est que, a-t-il encore déploré, les sondages effectués par Sigma Conseil ne sont pas rassurants : « 30% seulement avouent reconnaître cette révolution, 10 % la réduisent à un simple soulèvement, les autres n'y croient plus ». 13 projets bloqués De toute manière, se console M. Jallali, ce qui s'est passé ces dernières années ressemble, en quelque sorte, à tous les mouvements révolutionnaires survenus dans le pays. Il craint que ce festival s'érige, pour certains, en une fête folklorique, plutôt insignifiante. Non, défend-il, ce rendez-vous vaut bien la messe. Et partant, il y a souci de voir le chef du gouvernement, Youssef Chahed, y prendre part. Le comité du festival insiste fort qu'il soit le bienvenu à Sidi Bouzid. Il a déclaré lui avoir envoyé une invitation pour assister à l'ouverture des festivités qui se dérouleront du 16 au 24 de ce mois. Afin, entre autres, de s'enquérir de la situation dans la région, longtemps marginalisée. Selon M. Jallali, sa visite est de nature à lui donner une nouvelle dynamique économique, surtout que 13 projets estimés à des millions de dinars y sont encore bloqués. Quant à Mme Mbarka Aouinia, native de la région, présente à la conférence en sa qualité de députée à l'ARP, elle n'y voit pas grand intérêt. A moins qu'il (Youssef Chahed) fasse preuve de détermination à agir dans le bon sens, avec des objectifs socioéconomiques bien clairs. « Sinon, inutile d'y aller », martèle-t-elle. 17 coups de canon Par ailleurs, le porte-parole dudit comité est revenu sur les détails du programme des festivités, étalé sur toute une semaine. L'ouverture officielle aura lieu dimanche prochain à la grande place Mohamed-Bouazizi, le jeune marchand ambulant qui s'était immolé par le feu le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, cela fut la première étincelle de la révolution. Suivie par la récitation de la Fatiha à la mémoire de tous ses martyrs, le salut du drapeau et le chant de l'hymne national. Avec les 17 coups de canon habituels. Puis, démarrera l'animation. La veille, soit le 16 courant, un forum de réflexion sera organisé sur « l'évolution du discours médiatique pour l'édification de la démocratie » dans un hôtel de la place. De même, se tiendra, le 19, un deuxième séminaire international intitulé « La migration des jeunes dans un monde en mutation », et un troisième avec pour objet « L'économie post –révolution et le diktat du FMI ». Ainsi, se poursuivra le festival, sur fond d'activités culturelles et artistiques riches en enseignements. Le 24 décembre, la journée de clôture sera marquée par un semi-marathon international et un concert meublé par l'artiste Lotfi Bouchnak.