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Le rapport de causalité qui laisse perplexe
Golfe de Gabès — Pollution par les hydrocarbures, échouage des poissons et mortalité des éponges
Publié dans La Presse de Tunisie le 31 - 12 - 2017

Le communiqué de l'Anpe n'a pas clairement établi la relation de cause à effet entre la pollution aux hydrocarbures, l'échouement de poissons sur les rivages de l'archipel et la mortalité des éponges observés dans l'archipel de Kerkennah.
Mardi 26 décembre 2017, l'Agence nationale de protection de l'environnement (Anpe) a publié un communiqué dans lequel elle annonçait avoir identifié la source des fuites d'hydrocarbures dont l'alerte avait été donnée le 17 novembre 2017. Sans désigner nommément la compagnie pétrolière responsable de cette fuite, l'agence a indiqué avoir pris toutes les mesures nécessaires à l'encontre de la compagnie incriminée, sommée de procéder à la dépollution des sites touchés.
Il a fallu une quarantaine de jours pour publier les résultats des analyses effectuées et émettre ses conclusions. Le communiqué de l'agence n'a pas clairement précisé l'absence ou non d'une relation de cause à effet entre d'une part la pollution aux hydrocarbures et d'autre part l'échouement de poissons sur les rivages de l'archipel et la mortalité des éponges observés particulièrement à Kraten, se contentant de donner des explications scientifiques à ce phénomène, alors qu'elle devait trancher afin de calmer les esprits et d'atténuer au moins la polémique.
Flaques de pétrole sur les côtes de l'archipel de Kerkennah
En effet, c'est la levée légitime de boucliers à Kerkennah, depuis la découverte de traces de pollution aux hydrocarbures au mois de novembre dernier, d'autant plus qu'il y avait eu déjà deux incidents similaires, d'une certaine gravité, en 2010 et 2016. C'est ainsi que plusieurs associations ont manifesté leur solidarité avec les marins-pêcheurs et pris fait et cause pour la protection de l'environnement dans l'archipel dont la principale source de revenus provient de la pêche.
Il faut dire que la virulence de la réaction dans les milieux des marins-pêcheurs, des écologistes et de l'opinion publique en général, particulièrement à Kerkennah, trouve son explication dans l'apparition de deux phénomènes préoccupants, d'une part l'apparition de flaques de pétrole sur les côtes de l'archipel et, d'autre part, la dégradation au niveau de la faune, sous forme d'échouage de poissons et de mort des éponges, un produit destiné à l'exportation qui assure à la population d'importants revenus.
Une pétition pour dénoncer les dommages de la pollution
D'ailleurs, le retentissement du mécontentement général est tel que Greenpeace Méditerranée a clairement pris parti pour la société civile, publiant sur son site officiel une pétition dans laquelle elle rejoint l'Union locale pour l'agriculture et la pêche (Ulap), l'Association Kraten pour le développement durable, la culture et le divertissement, pour adresser un certain nombre de demandes aux autorités concernées, à savoir le gouverneur de Sfax, Adel Al Khabthani, le ministre des Affaires locales et de l'Environnement, Riadh Mouakher, et le chef du gouvernement, Youssef Chahed.
La pétition, qui a recueilli environ 1.600 signatures jusqu'au jeudi 28 décembre, appelle les autorités à «identifier l'ampleur de la pollution et des dommages causés par les fuites récurrentes et intervenir urgemment pour nettoyer les sites pollués, en plus du lancement d'un traitement à long terme des organismes marins affectés comme les éponges», à «identifier les parties responsables de ces fuites de pétrole et assurer une indemnisation aux communautés affectées, mettre en place une surveillance périodique des activités d'exploration des compagnies pétrolières et garantir leur conformité avec les normes internationales en matière de sécurité environnementale» et à «garantir l'allocation d'une part des profits des compagnies de pétrole et de gaz au développement économique de Kerkennah». Il est même demandé aux pouvoirs publics de «préparer une feuille de route visant à la fin progressive de toute activité d'exploration et d'exploitation d'hydrocarbures à Kerkennah».
Climat de panique sur l'archipel de Kerkennah
Il serait nécessaire de préciser cependant qu'un climat de panique s'est installé à Kerkennah, mais aussi ailleurs, particulièrement dans les milieux des professionnels de la pêche. En effet, le phénomène d'échouage de poissons et la nouvelle coloration rougeâtre de l'eau de mer ont été observés dans des zones assez proches des rivages de l'archipel et plus précisément sur les côtes de Sidi Mansour, Louata, Ellouza et Boutria relevant de la délégation de Jébéniana, mais également ailleurs, à Zarzis, gouvernorat de Médenine, et à la Chebba, gouvernorat de Mahdia.
Une étendue géographique qui, logiquement, met en cause le rapport de causalité entre la pollution aux hydrocarbures et le phénomène de la mortalité des poissons et des éponges. Ce qui ne signifie nullement le blanchiment de ce genre d'atteintes à l'environnement qui doit être combattu avec l'énergie et la persévérance requises.
En effet, selon les scientifiques, le bon sens nous dicte de ne pas mêler les choses et de faire la nette distinction entre des phénomènes qui ont des causes spécifiques, comme d'ailleurs indiqué dans les rapports publiés dans des revues internationales par des chercheurs de l'Institut national des sciences et technologies de la mer, ainsi que par des chercheurs d'autres pays du bassin méditerranéen.
Concernant les poissons trouvés morts ou moribonds sur nos côtes, de Zarzis à Mahdia, le phénomène remonte, d'après les études menées par des scientifiques, à plusieurs années, dans certains pays du bassin méditerranéen. Il s'était d'ailleurs produit sur les côtes du golfe de Gabès en 1994, provoquant une panique à Sfax et à Jerba où une station d'aquaculture avait déploré la perte de 600 t de sa production. Le même phénomène a été observé, à Zarzis et à Kerkennah, en juillet 2017 par le réseau de veille et de contrôle relevant de l'Institut national des sciences et technologies de la mer qui prélève des échantillons d'eau de mer de façon hebdomadaire pour analyses.
Un phytoplancton à l'origine de la mort des poissons
A la lumière des résultats obtenus, les scientifiques ont prédit une mortalité exceptionnelle de poissons en connaissance de cause, étant donné que le phénomène a pour origine une micro-algue ou phytoplancton qui prolifère dans des conditions particulières, sécrétant une toxine responsable de la destruction des cellules sanguines des poissons et de l'hémorragie qui s'ensuit.
Or, comme le phytoplancton est une colonne d'eau, il a la faculté de se propager et de se déplacer d'une zone à une autre.
D'après les études scientifiques, le phytoplancton prolifère dans deux conditions favorables, à savoir les températures élevées et le haut degré de salinité, deux phénomènes réunis dans le golfe de Gabès où une grande concentration de sel de l'eau de mer a été provoquée par les importantes précipitations enregistrées au mois d'octobre 2017.
Explication : les chutes considérables de pluies sur les salines de la région caractérisées par une concentration exceptionnelle de sel, provenant de l'évaporation conséquente à la hausse des températures aux mois d'été, ont lessivé le sel, l'entraînant vers les côtes. Et comme le phytoplancton a la propriété de tolérer cette salinité exceptionnelle, contrairement aux autres espèces, il commence ainsi à proliférer et à gagner de l'espace d'autant plus facilement que la zone contient des nutriments provenant des activités des industries chimiques qui y sont implantées, sachant que pour gagner de l'espace, il produit des toxines mortelles pour les autres espèces.
Concernant les îles Kerkennah, la pollution par les hydrocarbures a été localisée à proximité des installations off-shore d'une compagnie pétrolière. L'Anpe a pointé du doigt cette compagnie, la déclarant responsable de la contamination de l'environnement dans certains sites côtiers de l'archipel. Mais de là à lier le phénomène d'échouage de poissons et de mortalité des éponges à cette pollution, les chercheurs, pour les raisons précédemment citées, se gardent de franchir allègrement le pas.
En effet, il est scientifiquement établi, selon les chercheurs, que la mort des éponges est scientifiquement due à une épidémie détectée depuis 1984 en Méditerranée et qui réapparaît de façon cyclique tous les quatre ans. Cette épidémie résulte d'une bactérie qui se loge dans les spécules (squelettes) des éponges, provoquant leur détérioration et l'effritement de tout leur corps. Le phénomène a été observé au golfe de Gabès, à Zarzis et à Kerkennah, depuis le mois de juillet 2017, sachant qu'il affecte aussi plusieurs côtes du bassin méditerranéen. C'est un phénomène qui s'accentue à la faveur des chaleurs caniculaires, comme cela a été le cas l'été dernier, caractérisé par des températures exceptionnelles. De la sorte, il n'y a pas lieu de conclure à un quelconque rapport de causalité entre , d'une part, l'échouage de poissons, la coloration rougeâtre de l'eau de mer et la mortalité des éponges et, d'autre part, la pollution observée sur les rivages de Kerkennah, car il ne s'agit que d'une simple concomitance.


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