Même un gamin de dix ans est capable de vous parler de l'épopée 1978. C'est que l'âge d'or du football tunisien, tout le monde s'en souvient et dès qu'un enfant commence à se passionner pour le football, on lui parle de la première qualification de l'équipe de Tunisie à une phase finale de la Coupe du monde. Pendant vingt ans, on se rabâchait sur le sujet à chaque fois que l'équipe nationale ratait sa qualification. Heureusement que la génération des joueurs des années 1990 a redoré son blason au football tunisien en atteignant la finale de la CAN en 1996 et en se qualifiant à la phase finale du Mondial en 1998. Et même si pendant vingt ans, le peuple tunisien a vécu la frustration de ne pas revivre l'émotion de l'épopée 1978, le championnat national continuait à attirer les convoitises, bien qu'il fût amateur. C'est que des talents, il y en a toujours eu à grande échelle jusqu'aux années 1990. Des footballeurs amateurs, mais passionnés et, de surcroît, ayant un talent fou. Dans chaque équipe, il y avait de grands noms qui chaviraient les cœurs des fans de leurs équipes. Les joueurs talentueux ne se limitaient pas aux quatre grosses cylindrées du championnat. Et même si les joueurs de l'époque étaient des amateurs, les présidents des clubs d'antan étaient aussi d'une autre trempe. Ils s'arrangeaient pour faire embaucher les joueurs dans des banques ou dans des entreprises opérant dans d'autres secteurs d'activité. Travailleurs durant la semaine, joueurs de football le week-end, ils s'arrangeaient pour allier vie professionnelle et passion pour le football. Le résultat était stupéfiant : des dimanches après-midi où les gens prenaient un plaisir fou à aller assister à un match de football. Amateur ou professionnel ? Il faut choisir A notre humble avis, la professionnalisation mal faite au milieu des années 1990 a fait plus de tort que de bien à notre football. Des clubs de football qui ont gardé le statut amateur et dont les responsables, bénévoles, sont appelés à gérer des joueurs professionnels, qu'ils payent à coup de milliers de dinars, alors que les clubs n'ont pas de ressources fixes. Le problème est qu'on ne peut pas continuer à gérer un football professionnel en restant à la merci des subventions de l'Etat et de la générosité des sponsors. Amateur ou professionnel ? Il faut choisir. Car s'il fut un temps où on appréciait le football spectaculaire, même s'il était amateur, aujourd'hui, les temps ont changé. Pour assurer le spectacle, il faut avoir les moyens pour s'offrir les grands joueurs. Si bon nombre d'observateurs et de passionnés apprécient notre football du temps où il était amateur, c'est que les footballeurs de l'époque étaient d'une autre trempe et pas seulement. Les dirigeants de l'époque avaient également une stature qu'on ne trouve plus. Quand on sait que des présidents comme Hassen Bekhodja et Abdelaziz Lasram étaient appréciés de tous, outre qu'ils soient des modèles à suivre en matière de gestion, il y a de quoi méditer sur le comportement de certains dirigeants actuels.