Exposition collective des artistes Abelmajid El Bekri, Adel Akremy, Semia Achour, Salma Ben Salah Omri, Alia Kateb à la galerie Samia-Achour à La Soukra. Les œuvres ornant les cimaises de la galerie, depuis fin décembre, témoignent de la peinture solidement construite des artistes exposants. On y découvre une sensibilité raffinée et intelligente. Les couleurs, comme les sujets, enchantent le visiteur par la richesse chromatique qu'elles contiennent. Equilibrées dans une composition et un assemblage parfaits, les œuvres des artistes ne laissent pas indifférent. Le graphisme est original et le choix des sujets incite à la rêverie. Dans ces toiles, tout y est : beauté, vibration de couleurs, de formes... On sent un souffle parcourir la toile, de part en part, animant une scène, un paysage ou un personnage réel ou fantasmé, d'un esprit vivifiant et tonique. En contemplant ces œuvres, nous sommes envahis par la lumière, les parfums et les sons. D'une œuvre à l'autre, on découvre plusieurs formes d'expression, plusieurs récits et un pluriel d'émotions, de réflexions, qui nous en disent long sur la vie et sur nous-mêmes. Les univers qui sont représentés ne sont pas nécessairement réalistes, mais sont plutôt la représentation sensible et subjective du monde qui nous entoure. Il s'agit de traduire des impressions et de construire un univers pictural en abordant le thème de la femme. Un sujet de prédilection pour la majorité des peintres évoquant à chaque fois une sensation, un souvenir, toujours une réalité qui se transcende à travers des formes et des couleurs chaudes et riches. Plutôt abstraite, la peinture d'Alia Kateb est comme une note de musique suggérée mais jamais jouée. Elle invente dans ce vide ce qui lui plaît et nous laisse la place pour le voyage. On peut entrer dans le tableau, y circuler et y vivre plein d'aventures en mélangeant ce que l'on est et ce que l'on voit. On recherche un paysage dont les couleurs et la matière se laissent à peine entrevoir. Rien n'est défini ni définitif. Tout est évolution et mouvement dans l'instant fragile et éphémère. La peinture d'Abdelmajid El Bekri, elle, faite de signes, de dessins et de calligraphies, semble parfois liée à la narration. Celle d'une histoire de femme, d'une civilisation. Elle est fascinante, pourrait-on dire, pour la trace, le souvenir, le fait de graver quelque chose pour l'éternité. Ses œuvres enchantent l'esprit. Quant aux toiles de Salma Ben Salah, elles nous font voyager dans des lieux connus dont on se souvient ou dans des contrées inconnues dont on rêve. Dans ses paysages colorés, jaillit la lumière, et on distingue le contour vaporeux de maisons lumineuses, des passants dans la rue, ou autres représentations à la limite du figuratif et de l'abstrait. Sa peinture se regarde comme un film. Un film à plusieurs entrées et différents parcours. Au départ, on voit l'ensemble. Cela paraît de la peinture abstraite, masses, couleurs, traits. Puis il suffit que l'on reste quelques secondes à regarder, pour que l'œil soit attiré par un élément plus important que l'on peut reconnaître, comme une maison, une mosquée dans un quartier de la Médina, un café, un souk, etc. Ce n'est plus abstrait. Partant de cet élément, on va instinctivement construire un parcours ; induit par la peinture, fabriqué par son propre imaginaire. Mais les «entrées», éléments qui attirent l'œil, étant multiples, les parcours le sont également. Alors, c'est votre regard qui, au gré des lumières et de vos humeurs, va raconter le film de l'instant. Cette exposition est aussi une occasion d'apprendre et d'apprécier davantage la philosophie et le charme au féminin. Les artistes nous offrent une vision passionnée de la femme. Ils la peignent avec ardeur alanguie, pudique, attirante. Mais au-delà de la simple représentation de l'image, c'est toute la symbolique du comportement humain qu'ils dépeignent. Chaque attitude de ces muses est, en réalité, l'expression des multiples visages de l'âme humaine. Les couleurs vives, éclatantes, sont autant de vibrations qui éveillent nos émotions. Par leurs regards incisifs, les peintres savent instinctivement instaurer des rapports harmonieux entre les formes et les volumes, en captant, au-delà de l'apparence première, l'essentiel d'une pause, l'intensité d'un regard, la courbure d'une forme, élargissant ainsi notre champ de perception. Comme dans la calligraphie, le trait anime la toile y inscrivant des lignes et des contours d'une vitalité remarquable. Dans quelques-unes des œuvres, les lignes s'entrelacent, se fondent en elles-mêmes, s'unissent, se marient tout en restant dans le doublement, chaque forme préservant ses propres points distinctifs. Et l'on est vite fasciné par la rigueur du trait et l'intensité du dessin et de ses suggestions. Une énergie de vie, à l'origine de chaque toile, contribuant à la naissance d'une œuvre unique et sensible. L'exposition est visible jusqu'au 13 janvier prochain.